Yémen: Aucune nouvelle du prêtre salésien enlevé à Aden, selon Mgr Paul Hinder
L’Eglise catholique est toujours sans aucune nouvelle du Père Thomas Uzhunnalil, le prêtre salésien indien enlevé à Aden, au Yémen, le 4 mars dernier par des djihadistes, selon Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique pour l’Arabie méridionale.
Le capucin d’origine suisse a indiqué le 1er avril à l’agence d’information vaticane Fides que «les jours passent et nous ne savons pas où il se trouve. Nous ne pouvons ni confirmer ni démentir quoi que ce soit».
De leur côté, les responsables de la province salésienne de Bangalore, au sud de l’Inde, et les autorités catholiques locales ont affirmé ne pas être informés de l’existence d’une vidéo montrant le Père Thomas assis et demandant de l’aide avec un homme debout derrière lui. Les terroristes islamistes exigeraient des millions de dollars de rançon pour sa liberté.
Des rumeurs démenties
Selon des rumeurs circulant en Inde, le gouvernement indien aurait reçu, il y a quelques jours, une vidéo des ravisseurs avec une demande de rançon pour libérer le prêtre âgé de 56 ans. Les responsables religieux locaux relèvent que si le gouvernement indien avait reçu une telle vidéo, il ne le confirmerait pas afin de ne pas gêner les efforts qu’il fait en vue d’assurer la libération du prêtre.
Saluant les efforts du gouvernement central pour obtenir la libération du Père Thomas, enlevé lors de l’attaque par les terroristes islamiques d’une clinique d’Aden, l’Eglise indienne demande à toutes les parties de ne pas «politiser» ni «communaliser» ce tragique événement.
L’attaque sanglante du 4 mars dernier, qui a causé la mort de quatre religieuses indiennes des Missionnaires de la Charité ainsi que de 12 autres personnes, a été revendiquée par un groupe se réclamant de Daech, le prétendu «Etat islamique», qui a enlevé le prêtre se trouvant sur place.
Bientôt plus aucun chrétien au Yémen
Ces jours derniers, des rumeurs avaient circulé sur internet, accréditant, sans aucune preuve, l’assassinat par crucifixion du prêtre salésien au cours de la journée du Vendredi Saint. Mgr Hinder, en soulignant que les sources de ces allégations n’étaient pas fiables, avait averti que toute annonce se basant sur des rumeurs était susceptible de mettre la vie de l’otage en danger.
«Nous demeurons dans l’attente de nouvelles, dont nous espérons qu’elles puissent être positives, de la part de ceux qui suivent de près cette affaire: le gouvernement indien, le Vicariat apostolique pour l’Arabie méridionale et l’Inspecteur salésien de Bangalore», peut-on lire dans le communiqué diffusé par le Père Filiberto Gonzalez Plasencia, conseiller général pour la communication de la Société salésienne de Saint Jean Bosco.
Le Père Uzhunnalil est l’un des deux seuls prêtres catholiques à travailler au Yémen. Le home pour personnes âgées attaqué par les terroristes, qui ont assassiné quatre religieuses et douze autres personnes – dont onze musulmans ! – était dirigé par les Sœurs de Mère Teresa. C’était un acte contre les chrétiens, mais aussi contre tous ceux qui veulent que le Yémen retrouve une vie plus ou moins normale, estime Mgr Paul Hinder.
Au Yémen, la vie religieuse de l’Eglise est réduite au point mort
Dans une interview accordée aux journaux diocésains autrichiens, Mgr Hinder souligne que les chrétiens qui restent au Yémen pourront bientôt «se compter sur les doigts d’une main». Après l’attaque du home de la ville portuaire d’Aden, la vie religieuse de l’Eglise est réduite au point mort. Par contre, dans les Emirats arabes unis et à Oman, la situation est différente. Le dimanche de Pâques, dans la cathédrale St-Joseph d’Abu Dhabi, vingt messes ont été célébrées dans diverses langues de la communauté immigrée. Des milliers de fidèles ont pu assister aux célébrations de Pâques dans les huit paroisses des Emirats.
Le prélat capucin, qui a en charge le vicariat apostolique d’Arabie méridionale comprenant le Yémen, les Emirats arabes unis et Oman, a salué la mise en place d’une nouvelle législation anti-discrimination dans les Emirats arabes unis, qui protège mieux les chrétiens des brimades. La situation est semblable à Oman, bien qu’on y trouve moins de chrétiens.
De la Suisse à la Péninsule arabique
Mgr Paul Hinder est né le 22 avril 1942 à Lanterswil-Stehrenberg, dans le canton de Thurgovie. Frère capucin, il a été ordonné prêtre le 4 juillet 1967. Ancien évêque auxiliaire d’Arabie, il a été nommé vicaire apostolique d’Arabie le 21 mars 2005, succédant à Mgr Giovanni Bernardo Gremoli, également capucin, qui avait démissionné pour raison d’âge. Lors du partage de la Péninsule en deux vicariats, Mgr Hinder est devenu vicaire apostolique d’Arabie du Sud le 31 mai 2011, avec pour siège la cathédrale St-Joseph, à Abou Dhabi.
C’est à cette date que le Saint-Siège redessine ses deux vicariats apostoliques dans la Péninsule arabique, pour mieux prendre en charge la pastorale d’une population catholique – essentiellement des travailleurs immigrés – en pleine croissance. Il crée les vicariats apostoliques d’Arabie méridionale et d’Arabie septentrionale.
2,5 millions de fidèles catholiques dans la Péninsule arabique
Le vicariat apostolique d’Arabie septentrionale, comprenant le Koweït, l’Arabie saoudite, Bahreïn et le Qatar, est confié à Mgr Camillo Ballin, un missionnaire combonien d’origine italienne, qui a le titre de vicaire apostolique d’Arabie du Nord, et qui réside à Manama, la capitale du Bahreïn. Le vicariat apostolique d’Arabie du Sud, qui comprend les Emirats Arabes Unis, Oman et le Yémen, est confié au capucin suisse Paul Hinder, qui réside à Abou Dhabi. La superficie des deux vicariats est de plus de 3 millions de km2.
La population catholique de la Péninsule arabique est actuellement estimée à quelque 2,5 millions de fidèles sur près de 80 millions d’habitants. Le Koweït et le Qatar abritent entre 350’000 et 400’000 catholiques. Aux Emirats arabes unis, les catholiques représentent 7% de la population. En Arabie saoudite résident 1,5 million de catholiques, parmi 28 millions d’habitants. Au Bahreïn, le nombre de catholiques se situe entre 100’000 et 140’000 fidèles.
La foi chrétienne était largement répandue au sein des tribus arabes
Dans les premiers siècles du christianisme, dans la Péninsule arabique, la foi chrétienne était largement répandue au sein des tribus arabes. Avec le développement de l’islam, la chrétienté locale, avec toutes ses structures – églises, monastères, diocèses – a cependant graduellement disparu de la région. Les chrétiens présents dans la Péninsule arabique sont des immigrés, et l’abandon de l’islam pour une autre religion (apostasie) est passible de la peine de mort en Arabie saoudite. (cath.ch-apic/fides/kathpress/be)