Voyage du pape en RDC reporté: à Goma, on cultive l'espérance
«La joie n’a pas disparu, nous croyons qu’il viendra bientôt», assure Aline Minani, membre de la communauté Sant’Egidio à Goma République démocratique du Congo (RDC). Elle s’exprime après le report du voyage du pape François annoncé le 10 juin 2022
«On veut le voir en bonne santé», assure celle qui explique qu’après le «choc» de l’annonce, tout son entourage, catholique, musulman ou autre, a prié pour la guérison rapide du pontife. La Congolaise explique que la venue du pape devait donner «une raison de plus d’espérer» à tous les habitants de sa région du Nord-Kivu. «Depuis ma naissance, je ne vois que des gens qui fuient, qu’on déplace», confie-t-elle.
Un conflit qui dure
Elle-même s’occupe depuis dix ans du centre de Sant’Egidio à Goma. Au quotidien, la jeune femme vient en aide aux quelque 200 enfants sans logement ou sans parents qui errent dans Goma, «première victimes» de la terrible guerre civile qui frappe cette partie du pays depuis 2007.
Ce conflit n’appartient pas au passé, admet Aline Minani, soulignant la reprise des violences entre le mouvement rebelle M23 et l’armée congolaise ces dernières semaines. Elle note notamment que des échanges de tirs ont eu lieu le 12 juin «à une trentaine de kilomètres» de la capitale régionale.
Aujourd’hui, assure celle qui est professeur dans l’école locale, les violences se concentrent dans la région forestière, le parc national des Virunga, au nord de Goma. C’est là, explique-t-elle, qu’avait été tué son «ami» l’ambassadeur d’Italie Luca Attanasio le 22 février 2021.
Couvre-feu à Goma
Mais la tension gagne aussi la ville de Goma, lieu d’accueil pour les populations qui fuient les conflits. La Congolaise raconte que plusieurs quartiers de Goma ont été inspectés ces derniers jours par la police et qu’un couvre-feu a été imposé récemment pour tous les véhicules à partir de 21h le soir. À partir de 21h30, il est désormais interdit de circuler sans carte d’identité.
Malgré ce contexte délicat, Aline Minani assure ne pas croire à la possibilité d’une attaque terroriste ou d’un attentat lors de la venue du pape, parce que celui-ci est vu comme une aide venue les «réconforter et apporter la paix». Cependant, elle reconnaît que toutes les personnes organisant l’accueil du pontife ont «partagé cette peur», et estime qu’il y avait «un risque de 30% que quelque chose arrive» contre 70% «que les choses se passent bien».
Outre ces considérations, la Congolaise estime que le report du voyage devrait permettre de mieux le préparer. Elle évoque notamment toutes les installations et les aménagements prévus qui n’étaient pas encore terminés. (cath.ch/imedia/cd/bh)