Schisme vient du grec "fendre" une matière en deux, du bois par exemple | © Pixabay
Vatican

Vous avez dit «schisme»?

Dans l’avion qui le ramenait de Madagscar, le 10 septembre 2019, le pape affirmait prier pour qu’il n’y ait pas de nouveaux schismes, tout en affirmant qu’ils existent depuis les débuts de l’Eglise. Mais qu’est-ce qu’un schisme en réalité? Et constitue-t-il un réel danger encore aujourd’hui?

Schisme vient du mot grec skhismos, qui signifie fendre un matière en deux. Un morceau de bois, par exemple. C’est un mot que le Nouveau Testament s’approprie pour exprimer une division dans la communauté (cf. 1 Co 1, 10). Un schisme est une rupture d’un groupe de croyants en désaccord avec l’autorité spirituelle d’une Eglise. Le schisme ne se confond pas avec l’hérésie. Les Pères de l’Eglise ont d’ailleurs conceptualisé la distinction: le schisme créé une division en terme de communion. L’hérésie, quant à elle, est une rupture sur un point de doctrine. 

Si le pape affirme ne pas avoir peur des schismes, il ajoute prier pour qu’il n’y en ait pas. Car, selon lui, un schisme a des répercussions sur «la santé spirituelle de beaucoup de gens».

Vers une Eglise américaine schismatique? 

Dans l’avion qui le ramenait à Rome, le pape rappelait que le schisme est aussi vieux que le christianisme. Dans son histoire millénaire, l’Eglise catholique a connu deux schismes majeurs. Le schisme d’Orient au XIe siècle, qui sépare l’Eglise orthodoxe de la communion romaine. Et le grand schisme d’Occident qui opposa plusieurs papes au sein de l’Eglise catholique de 1378 à 1417. Les uns séjournèrent à Rome et les autres à Avignon. Les divergences ne portaient pas essentiellement sur des points de doctrines, mais plutôt sur une rivalité entre personnes et entre puissances.

Plus proche de nous, la rupture de Mgr Lefebvre et ses fidèles constitue davantage un schisme qu’une hérésie. Mais l’histoire montre que tous les schismes ont conduit à des hérésies. Une fois que le communion à Rome est rompue, la doctrine diverge irrémédiablement. 

Le propos du pape s’inscrit dans un contexte particulier. Celui de la publication de «Comment l’Amérique veut changer de pape» du journaliste français Nicolas Sénèze. Est-ce à dire qu’un schisme se prépare de l’autre côté de l’Atlantique? Des divergences politiques, culturelles, morales, théologiques existent et continueront d’exister. Vont-elles aboutir à une rupture de communion avec Rome et la création d’une Eglise parallèle?

En 1988, l’ordination d’évêques à Ecône sans l’accord de Rome avait consommé une rupture dont les fissures originelles remontaient à Vatican II. Certes, certains membres de l’épiscopat américain critiquent ouvertement le pape argentin et quelques unes de ses décisions. De là à fomenter un schisme, il y a encore de nombreux pas qui n’ont pas été franchis. (cath.ch/pp)

Schisme vient du grec «fendre» une matière en deux, du bois par exemple | © Pixabay
13 septembre 2019 | 11:35
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 2  min.
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