Virage conservateur de la Conférence des évêques des Etats-Unis

Au cours des quelque quatre semaines qui se sont écoulées depuis l’élection, le 15 novembre 2022, Mgr Timothy Broglio, archevêque aux armées, comme président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), les pires craintes de nombreux «gens d’Eglise» se sont confirmées. C’est ce qu’estime Massimo Faggioli, professeur au département de théologie et d’études religieuses à l’Université Villanova, à Philadelphie  (États-Unis) dans une contribution au site «La Croix international».

Au départ, le choix de l’archevêque Timothy Broglio, à la tête de l’Ordinariat militaire depuis 2008, comme président de la Conférence épiscopale américaine suscitait des inquiétudes, écrit le théologien italien dans «La Croix international» du 15 décembre. Ces inquiétudes découlaient des positions controversées de l’ancien diplomate du Vatican – il fut nonce apostolique en République dominicaine et délégué apostolique à Porto Rico de 2001 à 2008 –  sur diverses questions, qu’il s’agisse d’imputer la crise des abus sexuels aux homosexuels ou de soutenir ceux qui s’opposent au vaccin Covid.

L’Institut Napa, une boîte à idée conservatrice

Mais il est apparu que Mgr Broglio, qui aura bientôt 71 ans et ne pourra pas être réélu, a récemment dîné à Washington avec les dirigeants de l’Institut Napa. Il s’agit d’une organisation catholique conservatrice qui dispose de beaucoup d’argent et qui a toujours défendu un programme ecclésio-politique opposé en presque tous points à la vision du pape François pour l’Église et la société.

Parmi les personnes présentes à la table se trouvaient le fondateur de l’institut, Timothy Busch, et le coprésident de la Federalist Society, Leonard Leo. Trois jours plus tard, Busch a organisé un autre dîner en Californie, cette fois avec l’archevêque Paul Coakley d’Oklahoma City. C’est l’homme qui a battu le cardinal Joe Tobin, archevêque de Newark,  par une marge de 130-104, pour devenir le secrétaire de l’USCCB. L’Institut Napa a indiqué sur Twitter que Mgr Coakley avait parlé de «l’évolution du transgendérisme, un sujet qui devrait tous nous préoccuper».

Soutien à Mgr Carlo Maria Viganò

Mgr Coakley est le conseiller ecclésiastique du Napa Institute et, en août 2018, il faisait partie des évêques américains qui se sont portés garants de l’intégrité de Mgr Carlo Maria Viganò, juste après que l’ancien nonce du Vatican a appelé le pape François à démissionner.

Par les fréquentations qu’ils entretiennent, Massimo Faggioli considère le fait que de tels hommes puissent être élus au plus haut poste de direction de l’USCCB dit déjà quelque chose sur la situation au sein de la Conférence épiscopale américaine. Mais les fréquentations de ses nouveaux dirigeants devraient également inquiéter tous ceux qui se soucient de l’avenir de l’Église catholique aux États-Unis, poursuit-il.

Timothy Busch est un avocat catholique, un riche philanthrope et un membre actif de Legatus, une organisation pour les PDG catholiques et leurs conjoints. Il est non seulement le fondateur de l’Institut Napa, mais il siège également au conseil d’administration de l’Université catholique d’Amérique (qui abrite la Busch School of Business). Tout en essayant de garder des relations diplomatiques cordiales avec le pape actuel, M. Busch n’a pas caché ses désaccords sur la direction prise par ce pontificat. Il suffit de regarder les noms des orateurs les plus en vue lors des conférences d’été de l’Institut Napa ces dernières années.

Le pape François ne plaît guère à ces groupes

«L’institut, qui organise chaque année des convocations haut de gamme où l’on trouve des vins fins et des cigares coûteux, a élargi sa mission au cours de ce pontificat».  L’Institut Napa est connu pour ses conférences à prix élevé et ses événements de réseautage avec des évêques, des politiciens républicains et des chefs d’entreprise. (cath.ch/lacroixinternational/be)