Ali al-Sistani (g.) et Ahmad al-Tayyeb pourraient se rencontrer | © DR/Aude May-Cochand
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Vers une rencontre entre le chiite al-Sistani et le sunnite al-Tayyeb?

Une rencontre serait en préparation entre les leaders chiite irakien Ali al-Sistani et sunnite égyptien Ahmed al-Tayyeb. Si cela se concrétisait, il s’agirait d’un événement historique, alors que les tensions sont toujours vives entre les deux grands courants de l’islam.

Après le rapprochement progressif et timide entre l’Irak et l’Arabie Saoudite et la rencontre historique à Nadjaf (Irak), début mars 2021, entre le pape François et Ali al-Sistani, de nouveaux développements semblent se profiler au sein du monde islamique.

Jawad Al-Khoei, Secrétaire général de l’Institut Al-Khoei (Irak), l’une des institutions les plus influentes du monde chiite, a révélé dans une interview au média arabiya.net, qu’une rencontre était en préparation entre Ahmed al-Tayyeb et Ali al-Sistani, relaye le 10 mai 2021 le site italien Il Sismografo. Le premier est le grand imam de l’Université al-Azhar, au Caire, l’une des institutions phares de l’islam sunnite. Le second est l’un des ayatollahs les plus respectés du chiisme, résidant à Nadjaf, à 150 km au sud de Bagdad. Selon Jawad Al-Khoei, la rencontre doit se dérouler à Nadjaf. C’est également dans cette ville que le pape François avait rencontré le leader chiite, lors de son voyage en Irak, du 5 au 8 mars.

Figures islamiques de premier plan

Jawad Al-Khoei a joué un rôle clé dans l’entrevue historique entre le pontife et le chef religieux irakien. «L’islam vole avec les ailes des sunnites et des chiites, affirme le responsable islamique dans l’interview à arabiya.net. Nos contributions sont nombreuses et visent à promouvoir des valeurs telles que la justice, la coexistence et la citoyenneté». Il assure également avoir rencontré à plusieurs reprises l’imam d’Al-Azhar et avoir eu avec lui «des discussions franches et amicales.»

Bien qu’hostile à l’ingérence du religieux dans la sphère politique, Ali Al-Sistani a joué un rôle de premier plan en Irak au cours des dernières décennies. Chaque gouvernement depuis l’invasion américaine de 2003 a cherché sa bénédiction. En période de crise, le grand ayatollah a toujours appelé à l’unité nationale, au compromis et à ce que les représentants élus écoutent la volonté du peuple. Son rôle a été déterminant en 2014, lorsqu’il a appelé tous les chiites à lutter contre DAECH, inversant ainsi la dynamique du conflit au Levant.

Le pape a-t-il ouvert une brèche?

Le cheikh al-Tayyeb dirige, lui, l’Université al-Azhar, qui bénéficie d’une grande aura dans le monde sunnite. Il a, depuis des années, choisi une orientation plus progressiste, en se distanciant du fondamentalisme et en exhortant au dialogue avec les autres religions. Il a à plusieurs reprises rencontré le pape François, avec lequel il a signé en février 2019, à Abou Dhabi (Emirats), le Document sur la fraternité humaine.

Bien que l’on ne puisse pas établir avec certitude de rapport entre la visite papale à Nadjaf et le rapprochement entre les autorités sunnites et chiites, il est possible que celle-ci ait «ouvert une brèche» dans les cloisons jusqu’ici étanches séparant les grands ensembles religieux. La rencontre al-Sistani-al-Tayyeb aurait en tout cas une portée historique, puisque les autorités du chiisme et du sunnisme n’entretiennent pratiquement plus de relations bilatérales depuis des siècles. Les tensions sont toujours vives entre le principal pays chiite, l’Iran, et le monde sunnite, notamment l’Arabie saoudite. (cath.ch/ilsismografo/arch/rz)

Ali al-Sistani (g.) et Ahmad al-Tayyeb pourraient se rencontrer | © DR/Aude May-Cochand
10 mai 2021 | 17:49
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Ahmed al-Tayeb (24), Al-Azhar (83), al-Sistani (4), Chiites (22), Irak (322), Islam (393)
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