Vers le prolongement de l'accord Chine – Vatican
La République populaire de Chine et le Vatican «poursuivront le travail correspondant conformément à l’agenda convenu» concernant l’accord provisoire sur la nomination des évêques, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian lors d’un point-presse organisé le 6 juillet 2022 à Pékin.
L’officiel a estimé que, depuis sa mise en place, l’accord a été «mis en œuvre avec succès grâce aux efforts des deux parties». Le représentant chinois n’a en revanche apporté aucune précision sur la date ou les termes exacts de l’accord, pour l’heure secret. Cet accord valable pour deux ans, signé pour la première fois en 2018 et renouvelé en 2020, a permis la nomination de six évêques en quatre ans. Il arrive à échéance à la fin du mois de septembre prochain.
Le 5 juillet, l’agence de presse Reuters a publié un extrait d’un grand entretien avec le pape François dans lequel le pontife dit espérer que l’accord soit renouvelé d’ici octobre. Tout en reconnaissant la lenteur du processus de nomination, il a défendu la ligne de sa diplomatie avec la Chine: «Lorsque vous faites face à une situation bloquée, vous devez trouver la voie possible, et non la voie idéale, pour en sortir».
Le contre-temps du cardinal Zen
Le 11 mai dernier, l’arrestation du cardinal Joseph Zen à Hong Kong avait pu paraître mettre en péril la coopération établie par les deux États, qui n’ont pas de relations diplomatiques formelles. L’ancien évêque de l’enclave, défenseur de la démocratie, est en effet un des plus féroces adversaires de l’accord. Il le considère comme une compromission de la part du Vatican, qu’il accuse d’abandonner l’Église dite clandestine – la communauté catholique qui refuse d’adhérer à l’association patriotique des catholiques chinois contrôlée par les autorités communistes.
Après une rapide réaction dans laquelle le Saint-Siège a dit son «inquiétude» puis la libération sous caution de l’évêque émérite, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a tenté d’apaiser la situation, se félicitant de la libération du cardinal Zen et soulignant qu’il avait été «bien traité». Le cardinal s’est aussi empressé de souligner que cette affaire ne devait pas être lue comme un «désaveu» des accords pastoraux unissant la Chine et le Vatican.
«L’espoir le plus concret est que des initiatives comme celle-ci ne puissent pas compliquer le chemin déjà complexe et pas simple du dialogue», a insisté le ‘numéro 2’ du Saint-Siège. Le cardinal Parolin, artisan d’une stratégie diplomatique d’ouverture aux pays autoritaires, dans la droite ligne de l’Ostpolitik menée par le Vatican dans les années 1960-70 envers les pays communistes, a régulièrement été attaqué par le cardinal Zen, celui-ci l’accusant même de manipuler le pape.
Finalement, les charges présentées par la justice contre le cardinal Zen le 24 mai se sont avérées peu importantes. Arrêté à l’origine pour «complot en vue de collusion avec des forces étrangères», en vertu de la loi sur la sécurité imposée par Pékin en juin 2020, il n’a pour l’heure pas été inculpé pour cette infraction, et risque seulement une petite amende pour non-déclaration d’un fonds. (cath.ch/imedia/cd/mp)