Véronique Denis, responsable de la formation du diocèse de Sion. (Photo: B. Hallet)
Suisse

Véronique Denis: «L'Esprit saint travaille avec nous»

Sion, 12.11.2015 (cath.ch-apic) C’est le neuvième parcours de formation d’auxiliaire pastoral diocésain que 50 élèves débutent le 14 novembre 2015. Un cursus généraliste, et axé sur la pratique, caractérise ce nouveau «parcours Théodule». Véronique Denis, responsable de la formation du diocèse de Sion, s’en explique à Cath.ch.

«N’oublions pas la dimension du service: nous ne sommes pas là pour faire tourner la boutique mais au service de Quelqu’un qui nous appelle et qui nous envoie. L’Esprit Saint travaille avec nous». Véronique Denis, responsable de la formation du diocèse de Sion, résume clairement le but du parcours Théodule, la nouvelle mouture de la formation des auxiliaires pastoraux qui débute le 14 novembre 2015. Pendant trois ans, les candidats vont se former dans le but d’acquérir une polyvalence dans la pastorale générale, à raison de deux heures par semaine durant la période scolaire, et pendant quatre journées d’approfondissement.

Un parcours avec d’une grande richesse

La spécialisation de la Formation au ministère en Eglise (FAME) a cédé la place à la polyvalence. «C’est un parcours de base au cours duquel les candidats vont aborder beaucoup de sujets: la Bible, la théologie, l’éthique, la catéchèse, la liturgie ainsi que des connaissances générales sur les structures de l’Eglise. On touche un peu à tout, ce qui confère une grande richesse à ce parcours. On ne peut en revanche pas approfondir, c’est aussi la limite», explique Véronique Denis. Le cursus comporte, outre les cours théoriques, un stage pratique à effectuer, «qui fait pleinement partie de la formation. Qui dit stage, dit convergence du savoir, du savoir-faire et du savoir être», argumente Véronique Denis. Le stage, accompli sous la houlette d’un maître de stage, sera adapté à l’expérience des candidats. Un mémoire de fin d’année complète la formation. Les candidats pouvaient choisir un complément d’enseignement leurs permettant de donner des cours «Ethique et cultures religieuses» (ECR) à l’école.

Nous avons un effectif surprenant par sa diversité pour cette session

Cinquante personnes, quarante-deux candidats et huit auditeurs, se sont inscrites au cours Théodule, une participation en nette augmentation par rapport aux 38 élèves de la dernière FAME, en 2011. Faut-il y voir l’effet de l’élection du pape François ou de l’arrivée du nouvel évêque Jean-Marie Lovey? Certainement, mais la formatrice précise qu’elle a «pris son bâton de pèlerin pour aller présenter ce parcours Théodule aux équipes pastorales des secteurs francophones du diocèse», un gros effort de communication qui a certainement contribué au grand nombre d’inscrits. «Nous avons un effectif surprenant par sa diversité pour cette session, c’est une belle image de l’engagement en Eglise», se réjouit Véronique Denis. Des jeunes, quatre couples et plus d’hommes que d’habitude, dans un auditoire qui reste majoritairement féminin, composent les effectifs de la formation. Une sœur des Béatitudes se joindra au groupe pour se former en vue d’accompagner les jeunes et les familles qui passent des week-ends dans la communauté. «Avec 50 personnes en formation, nous assurons la relève dans le diocèse», assure Véronique Denis.

Les candidats pourront obtenir un diplôme qui leurs permettra de travailler comme auxiliaire pastoral bénévole ou rémunéré au plus à 35%. «Il s’agit d’un parcours initial. Les personnes qui souhaitent s’engager professionnellement en Eglise peuvent poursuivre leur formation à l’Institut de Formation aux ministères» (IFM), à Fribourg, explique la responsable de la formation.


Encadré

Véronique Denis fait part de ses réflexions sur la place des laïcs en Eglise.

Dans une lettre publiée le 3 novembre concernant la collaboration entre prêtres, diacres et laïcs dans le cadre de l’eucharistie, la Conférence des évêques suisses (CES) déplore «une confusion qui se traduit, dans les faits par une ‘cléricalisation’ de nombreux théologiens laïcs et une ‘laïcisation’ de nombreux prêtres». Les laïcs prendraient-ils le pas sur les prêtres en Eglise?

C’est un problème qui concerne, et depuis longtemps, les Suisses allemands. C’était déjà le cas, en 1986-1992, lorsque j’étudiais la théologie à l’université. Certains laïcs futurs théologiens parmi les Suisses allemands se voyaient en mini-prêtres et mini-curés. Les théologiens laïcs ont toujours été revendicateurs dans ce domaine. Je ne pense pas que ce problème existe en Suisse romande.

La CES souhaite clairement séparer les clercs et les laïcs dans leur fonction. C’est «chacun à sa place»?

Je n’ai pas de problème avec ça. J’ai eu la chance de travailler en Eglise avec des prêtres ou des religieux-ses qui ont toujours respecté mon rôle et mon travail en tant que laïque. L’équipe du Parcours Théodule reflète d’ailleurs tous ces états de vie: Théologiens prêtres et laïcs, animateurs pastoraux qui ont fait l’IFM et auxiliaires pastoraux qui ont fait le parcours FAME. Dans cette équipe, se retrouvent toutes les possibilités d’engagement et de responsabilité. Chacun garde son rôle, c’est un beau visage d’Eglise.

Le nombre de prêtre diminue continuellement, les séminaristes sont peu nombreux. Les laïcs ne vont-ils pas être amenés à prendre de plus en plus de responsabilités dans l’Eglise?

Oui, plus de responsabilités, mais cela ne veut pas dire prendre la place du prêtre. Attention à ne pas mélanger les rôles. Le prêtre reste le prêtre, l’homme du lien, garant et signe d’unité de la communauté. Nous aurons toujours besoin des prêtres et de l’évêque, pasteurs du troupeau. Les laïcs sont déjà amenés à travailler en coresponsabilité. Cela nécessite bien sûr une bonne collaboration sur le plan pastoral et aussi sur le plan spirituel. La coresponsabilité sera bien vécue si elle comporte une vie spirituelle partagée. C’est un aspect important du service.

Est-ce que l’Eglise pourrait fonctionner sans les laïcs et les bénévoles?

Non, c’est impossible. Il y a de moins en moins de prêtres. En Valais, chaque gros village compte encore un prêtre. Nous sommes gâtés par rapport à nos collègues romands. Nous sommes à un tournant. Signalons que l’Eglise est née voilà 2000 ans, elle a traversé bien des crises, elle a toujours su rebondir. Elle continuera après nous. N’oublions pas que Dieu veille sur son Eglise. C’est ce qui motive notre engagement. (apic/bh)

Véronique Denis, responsable de la formation du diocèse de Sion.
12 novembre 2015 | 09:10
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
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