Venezuela: prêtre abuseur assassiné par sa victime
Le corps du Père Jesus Manuel Rondon Molina, qui avait disparu le 16 janvier du monastère carmélite de Rubio, où il avait été assigné à résidence par son évêque, a été retrouvé le 21 février 2020, annonce le diocèse de San Cristobal, au Venezuela.
Le prêtre de 47 ans avait été démis de l’état clérical en raison d’accusations d’abus sexuels sur mineur, mais avait fait recours à Rome.
Le corps en décomposition du prêtre a été retrouvé dans une zone boisée de la région de La Palmita, à Rubio, dans la municipalité de Junin, dans l’Etat de Táchira. Il avait quitté le monastère sans permission au volant d’une camionnette de marque Chevrolet et doit avoir été tué le jour même de sa disparition.
«Que la justice divine se manifeste avec miséricorde»
«Selon les informations fournies par les autorités, le prêtre susmentionné aurait été tué par un mineur qui avait été victime d’abus sexuels de la part du clerc, une action que nous répudions», écrit le 22 janvier 2020 Mgr Mario Moronta, évêque de San Cristóbal.
«Nous regrettons la mort tragique du prêtre et nous demandons à ce que la justice divine se manifeste avec miséricorde. Nous prions pour lui, pour sa mère et pour sa famille qui traversent un moment de douleur et de tristesse».
Mesure d’assignation à résidence pas respectée
Plusieurs plaintes avaient été reçues contre ce prêtre, écrit l’évêque de San Cristóbal. «Les enquêtes le concernant ont été conduites et les mesures de précaution nécessaires prises… Malgré les nombreuses demandes d’attention, il a désobéi aux ordres et aux mesures de précaution établies dans la loi de l’Eglise».
Les mesures imposées au Père Jesus Manuel Rondon Molina consistaient notamment à résider dans le monastère carmélite de Rubio, où il ne pouvait célébrer qu’en privé pour les religieuses et où il lui était interdit de s’occuper de mineurs pendant la procédure en cours. Il avait déjà reçu une sentence définitive de démission de l’état clérical, mais avait présenté un recours en appel aux instances du Saint-Siège en charge de tels cas.
Le diocèse lutte contre les abus sexuels
Mgr Mario Moronta souligne que, dans le diocèse de San Cristóbal, les normes de l’Eglise universelle pour traiter les cas d’abus sur les mineurs de la part du clergé sont en vigueur. L’évêque demande aux autorités «de faire la lumière sur ce qui s’est passé sans utiliser ce triste événement à des fins politiques ou autres», rappelant que la très grande majorité des prêtres se dévoue généreusement au service de la population, «malgré les difficultés et les manques, les échecs que certains peuvent connaître».
«Nous ressentons la douleur du peuple de Dieu qui souffre pour de nombreux motifs et plus encore à cause du mauvais témoignage de certains. Nous partageons la douleur des victimes d’abus… sachant que cette douleur s’identifie avec celle du Christ en croix, nous fixons nos regards sur la force puissamment libératrice de Sa Résurrection». (cath.ch/com/be)