Vaud: Un prêtre africain licencié sur fond de harcèlement sexuel présumé
Un prêtre africain mis en cause pour harcèlement sexuel a été licencié, fin janvier 2023, par la FEDEC-VD, de son poste dans une paroisse du canton de Vaud. Selon le secrétaire général Cédric Pillonel, le lien de confiance nécessaire pour poursuivre son ministère est rompu.
Engagé dans la paroisse depuis début 2022, le prêtre a rencontré des difficultés d’intégration dans l’équipe pastorale, admet Cédric Pillonel. Contrairement à ce que suggère kath.ch, dans un article paru le 14 avril, le diocèse n’est pas allé le chercher, car il vivait déjà en Suisse où il avait rédigé une thèse au Tessin.
Accusation de harcèlement sexuel
Le 12 décembre 2022, lors d’une rencontre dans l’église paroissiale avec une catéchiste, le prêtre aurait touché la cuisse et caressé la nuque. Elle s’est sentie harcelée sexuellement et a dénoncé ce geste à l’Église cantonale vaudoise le 14 décembre. Dès le lendemain, le 15 décembre, la FEDEC a mené deux entretiens. Le matin avec la femme, l’après-midi avec le prêtre. Si ce dernier admet lui avoir donné un «coup de pouce» «à la hauteur du genou». C’était «un geste d’amitié». «En aucun cas une caresse». Il nie l’avoir touchée à la nuque.
D’entente avec Mari Carmen Avila, la représentante de l’évêque pour la prévention des abus, une mesure de suspension a été signifiée au prêtre, a précisé à cath.ch Cédric Pillonnel. Cette mesure s’accompagnait d’une injonction à la discrétion et d’une interdiction de prendre contact avec la présumée victime ou avec d’autres personnes de la paroisse à l’exclusion du modérateur. «Il s’agissait de prendre le temps de mener une enquête et de laisser l’affaire se calmer dans la paroisse.»
Rupture du lien de confiance
Une injonction que le prêtre n’aurait pas respectée. En portant l’affaire au public, il aurait conduit à envenimer la situation. «C’est ce comportement qui a provoqué la rupture de confiance qui a conduit à son licenciement le 30 janvier 2023, avec le délai légal de trois mois soit au 30 avril», a expliqué Cédric Pillonel. Le prêtre a été libéré immédiatement de son obligation de travailler. «Cette mesure ne préjuge pas d’une enquête et d’une éventuelle sanction canonique.»
Une contestation possible
«Comme n’importe quel employé, il a évidemment le droit de contester ce licenciement devant le tribunal des Prud’hommes. Mais à ce jour je n’ai reçu aucune notification de la justice.»
Selon Cédric Pillonel, la communication adressée aux fidèles dans le bulletin de paroisse de fin janvier n’avait pas pour but d’accabler le prêtre mais en évoquant des «gestes inappropriés» de faire taire les rumeurs parlant de pédophilie, voire de viol.
Quant au fait que l’absence de contrat de travail risque de lui faire perdre son permis de séjour, Cédric Pillonel note que, comme pour n’importe quel ressortissant non-européen, cette mesure relève du droit fédéral.
Le secrétaire général de la FEDEC réfute aussi toute considération raciale dans cette affaire. «Sur les 16 Unités pastorales du canton de Vaud, pas moins de 5 sont aujourd’hui sous la responsabilité de curés-modérateurs africains. Notre canton bénéficie également du ministère de nombreux prêtres venus d’ailleurs et nous leur en sommes très reconnaissants.» (cath.ch/kath.ch/mp)