Vatileaks 2: Un gendarme révèle l’esprit de 'vengeance' des principaux accusés
Le procès «Vatileaks 2» sur le vol et la diffusion de documents confidentiels sur les finances du Saint-Siège a repris le 16 mai 2016, au Tribunal du Vatican. Lors de cette 14e audience, le témoignage de Gianluca Gauzzi, vice-commissaire de la Gendarmerie vaticane, a notamment révélé l’esprit de «vengeance» dans lequel se trouvaient les principaux accusés : Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, Francesca Chaouqui et Nicola Maio, anciens membres ou collaborateurs de la commission chargée par le pape de plancher sur la réforme le système financier et administratif du Vatican (COSEA).
Pendant cette audience, quatre personnes ont été entendues comme témoins. Gianluca Gauzzi, vice-commissaire de la Gendarmerie vaticane, a occupé une large partie de l’audience. Il a expliqué comment il a pu avoir accès, grâce aux examens de deux téléphones portables et d’un ordinateur de Mgr Vallejo Balda, à de nombreuses informations. Lorsque la COSEA est née en juillet 2013, a-t-il découvert, Mgr Vallejo Balda a chargé le mari de Francesca Chaouqui, Corrado Lanino, de mettre en place un serveur pour rassembler tous les documents de la COSEA. Ce dernier était alors en possession de tous les mots de passe permettant d’accéder à de nombreux documents de la COSEA.
D’autres échanges via SMS ou mails ont permis de découvrir que Mgr Vallejo Balda, ayant récupéré ces mots de passe, les a ensuite transférés au journaliste Gianluigi Nuzzi, auteur d’un livre sur les scandales du Saint-Siège et autre principal accusé du procès. Le journaliste, qui avait accès à la boîte mail de Mgr Vallejo Balda, se servait ainsi des mots de passe pour ouvrir les documents des pièces jointes.
Enfin, plusieurs mails échangés entre Mgr Vallejo Balda, Francesca Chaouqui et Nicola Maio ont révélé l’esprit de vengeance dans lequel se trouvaient les anciens collègues, après la fermeture de la COSEA. De précédents témoignages ont en effet mis en avant le sentiment de frustration qu’ils ont éprouvé, après avoir été écartés au terme des travaux de la COSEA et à la naissance du Secrétariat pour l’économie. C’est ce sentiment de frustration qui les aurait poussés à vouloir se venger.
«Chaouqui a battu Bertone 1:0»
Dans un mail, Francesca Chaouqui écrit ainsi à ses anciens collègues : «Dans la vie, quand on veut faire la guerre, il ne vaut mieux pas laisser des moribonds, car ceux-ci ressuscitent et s’énervent. 11 mois pour avoir la justice. Maintenant, Chaouqui a battu Bertone (l’ancien Secrétaire d’Etat, ndlr) 1-0». En pièce jointe de ce mail daté du 3 juillet, se trouve l’article à paraître sept jours plus tard dans l’hebdomadaire italien L’Espresso, mettant en cause le cardinal Bertone.
Dans un autre mail, en octobre 2014, après la fin des travaux de la COSEA, Francesca Chaouqui assure à ses anciens collègues : «nous reviendrons plus forts» et évoque des «agneaux» devenant des «lions». L’enquête du gendarme a également permis de découvrir que le cardinal Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie, aurait été informé d’être espionné par un groupuscule.
Au cours de l’audience, qui a duré 3h30, ont aussi témoigné un ancien employé au sein des archives de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège, ainsi que deux personnes ayant travaillé avec Francesca Chaouqui pour des projets caritatifs. Deux témoins ne se sont pas présentés à l’audience, pour la deuxième fois consécutive : les journalistes Mario Benotti et Paolo Mondani. L’avocat de Mgr Vallejo Balda et le promoteur de Justice ont alors renoncé à demander une nouvelle convocation. L’audience a été renvoyée au lendemain matin, pour un contre-interrogatoire des avocats. (cath.ch-apic/imedia/bl/mp)