Le Vatican rend hommage à deux défunts évêques chinois persécutés par Pékin
Le Saint-Siège a annoncé le 3 janvier 2018 le décès de deux évêques de Chine continentale, Mgr Luca Li Jingfeng, et Mgr Matthias Yü Chengzin, respectivement décédés le 17 novembre et le 7 décembre 2017. Les deux prélats ont souffert de persécutions de la part du régime de Pékin.
De manière générale, le Vatican ne communique pas autour de la mort d’évêques, mais seulement pour les cardinaux. Toutefois, une telle communication est quasi-systématique dans le cas des évêques chinois, parfois avec plusieurs mois de retard.
Mgr Li Jingfeng, né en 1921, était évêque émérite de Fengxiang, en province du Shaanxi, un diocèse qui compte aujourd’hui 23’000 fidèles pour une quarantaine de prêtres. Selon le Saint-Siège, il a «toujours défendu avec fermeté» les principes de l’Eglise catholique, «s’opposant à l’intromission indue de la politique dans les questions ecclésiastiques». Il a cependant toujours maintenu l’ouverture au dialogue et à la médiation, souligne le Vatican.
Cette fermeté de Mgr Li Jingfeng lui a valu d’être persécuté tout au long de sa vie : en 1959, alors qu’il est recteur du séminaire diocésain, il est arrêté et condamné aux travaux forcés. Il n’est libéré qu’au bout de vingt ans, en 1979. Quelques mois plus tard, il est ordonné évêque coadjuteur de Fengxiang, dont il prend la conduite pastorale en 1983. Cette charge n’est reconnue par Pékin qu’en 2004.
Malgré cette reconnaissance tardive, Mgr Li Jinfeng a toujours refusé d’adhérer à l’Association patriotique des catholiques chinois, l’Eglise dite ›officielle’. Et les persécutions se sont poursuivies : en 2006, les autorités de son pays l’ont empêché de participer au Synode sur l’Eucharistie, auquel le pape Benoît XVI l’avait invité.
L’autre évêque décédé, Mgr Matthias Yü Chengzin, a lui aussi subi des persécutions. Né en 1928, il est entré au grand séminaire en 1956 mais celui-ci est fermé deux ans plus tard, empêchant son ordination. Lors de la révolution culturelle, il est arrêté puis envoyé aux travaux forcés. Ce n’est qu’en 1981 qu’il peut enfin être ordonné prêtre. Consacré évêque coadjuteur de Hanzhong, dans la province du Shaanxi, en 1989, il n’a jamais exercé son ministère épiscopal «pour favoriser la réconciliation et la communion» dans son diocèse, explique le Vatican.
A partir des années 2000, un mouvement de rapprochement et de réconciliation entre officiels et clandestins s’est mis en place dans le diocèse de Hanzong. Il a abouti en 2005 par la reconnaissance par Rome de l’évêque officiel Mgr Luigi Yu, au côté de Mgr Bartholomée Yu. Pour ne pas mettre en péril l’unité du diocèse, Mgr Matthias n’a pas revendiqué l’exercice de son pouvoir épiscopal. Il ne l’a pas fait non plus après le décès de son frère Mgr Bartholomée en 2009.
Neuf évêques chinois morts en 2017
Selon un décompte de l’agence d’information des missions étrangères de Milan AsiaNews, neuf évêques chinois sont décédés au cours de l’année 2017. Dans quatre des diocèses concernés, le gouvernement n’a pas permis l’ordination des successeurs nommés par le Vatican ou n’a pas reconnu cette ordination.
La question de la nomination des évêques reste l’un des principaux points de blocage à un éventuel accord entre le Vatican et la Chine continentale. Pour le moment, les deux parties n’entretiennent aucune relation officielle. (cath.ch/imedia/xln/mp)