Vatican: L’APSA publie pour la première fois son bilan financier
Pour la première fois depuis sa création en 1967, l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA), qui gère l’ensemble des biens immobiliers du Vatican, publie son bilan financier. En 2020, en pleine période de pandémie de Covid-19, les bénéfices ont été inférieurs de 51 millions d’euros.
Les placements financiers se sont élevés à 1,778 milliard d’euros. La contribution pour les besoins de la Curie romaine a été réduite de moitié, passant de 41 à 20 millions. Le résultat est positif, toutefois, compte tenu des graves conséquences de la pandémie, note Mgr Nunzio Galantino, président de l’APSA.
Publié le 24 juillet 2021 – en même temps que le bilan global du Saint-Siège -, ce rapport affiche une différence de bénéfice de 51 millions d’euros entre 2019 et 2020 – un résultat artificiel selon Mgr Galantino, précisant que cet «apparent» résultat négatif est lié «à l’évaluation comptable des titres du portefeuille APSA en fin d’année».
Largement secouée par l’affaire de l’immeuble de Londres, l’administration en charge du parc immobilier du Saint-Siège a voulu faire preuve de transparence en publiant ses chiffres. Espérant que cette démarche fera croître la confiance en l’Eglise, Mgr Galantino tient toutefois à préciser que l’APSA avait déjà effectué ses bilans les années passées, sans les rendre publics.
Baisse des revenus locatifs : solidarité du Vatican en temps de crise
Alors que le bilan 2019 affichait un bénéfice de 73,21 millions d’euros, celui de 2020 n’est que de 21,99 millions. Cette perte s’explique par la baisse des plus-values réalisées sur les transactions (-27,1 millions), par la variation des titres et par la baisse des revenus locatifs du Vatican en Italie.
Le prélat italien rappelle ainsi les réductions de loyer offertes par le Vatican en période de pandémie. Cette mesure a bien entendu conduit à la réduction des revenus de locations, reconnaît-il. L’institution a ainsi décidé de venir en aide aux activités commerciales en annulant une partie des loyers, entre 30 et 50% selon l’activité. Toutefois, ce résultat est à ses yeux positif dans le sens où il illustre la solidarité du Vatican en temps de crise. «Si nous parlons en termes techniques et en termes de résultats, ce que nous avons fait ne nous place pas en territoire positif, souligne le président de l’APSA, mais pour nous, cela reste un résultat positif. En ce sens qu’elle a fait ressortir la volonté d’être et de se comporter ›comme Eglise’, à un moment de crise grave pour tous».
Le Saint-Siège possède plus de 5’000 propriétés
Pour la première fois, le rapport de l’APSA permet de connaître dans le détail le parc immobilier du Saint-Siège. Ce dernier possède plus de 5’000 propriétés – 4’051 propriétés en Italie et environ 1’120 à l’étranger, sans compter ses ambassades à travers le monde. Quelque 752 biens sont basés en France, 344 en Suisse et 27 en Angleterre.
Les différents tableaux d’analyse présentés par ce bilan permettent de constater que la majorité de ces biens sont destinés à des employés ou à des institutions d’Eglise. En Italie, seuls 14% des biens sont loués au prix du marché tandis que 19% sont alloués gratuitement. Quelque 41% de ces biens sont des écoles, hôpitaux, couvents ou encore séminaires, loués à prix réduit.
Des prestigieuses propriétés nécessaires
Dans le but d’accroître sa transparence, le rapport justifie certaines acquisitions et notamment l’achat d’une propriété près de l’Arc de Triomphe à Paris. Ce bien acheté 13,7 millions d’euros le 22 décembre 2017 a permis d’augmenter les revenus du Saint-Siège et de fournir «des ressources [pour] la construction d’une église dans une banlieue», explique Mgr Galantino.
C’est aussi «grâce aux loyers au prix du marché perçus sur les propriétés prestigieuses» que le Saint-Siège possède à Paris et à Londres qu’il a été possible d’accorder un prêt gratuit à l’Aumônerie apostolique pour un bâtiment historique tel que le Palazzo Migliori, qui abrite les sans-abri accueillis par Sant’Egidio. Ce palais situé à deux pas de la place Saint-Pierre accueille gratuitement les plus pauvres.
Une nouvelle culture, pas seulement administrative
Revenant sur le transfert de fonds de la Secrétairerie d’Etat à l’APSA voulu par le pape François, Mgr Galantino a expliqué qu’il était en cours. «Il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas seulement d’un transfert de matériel et de compétences. C’est aussi, et surtout, une nouvelle culture, pas seulement administrative, qui doit s’installer progressivement. (…) Nous travaillons toujours sur ce sujet. Mais nous sommes sur la bonne voie», a-t-il soutenu. (cath.ch/vaticannews/imedia/cg/be)