Vatican: le journaliste Gianluigi Nuzzi accuse
Le journaliste Gianluigi Nuzzi, au cœur des scandales Vatileaks 1 et 2, a écrit un nouvel ouvrage sur le Vatican, intitulé Péché originel, et publié le 8 novembre 2017 en France (Flammarion). Le journaliste porte des accusations d’abus sexuels commis au sein du Vatican et fait de nouvelles révélations sur la gestion financière du Saint-Siège.
Selon Gianluigi Nuzzi, au moins un jeune homme «âgé de 17 ou 18 ans», aurait subi des abus sexuels, au sein même du Vatican. Ce jeune, écrit le journaliste, était un résident du pré-séminaire Saint-Pie-X, seule communauté de jeunes au Vatican. Ces actes auraient été commis par un séminariste, qui serait resté comme ›encadrant’ des plus jeunes et aurait depuis été ordonné prêtre. Le Vatican n’a pas réagi officiellement à cette accusation. Toutefois, selon d’autres sources proches du Vatican, une enquête aurait été menée, sans venir corroborer ces témoignages.
«Un bloc de pouvoir»
Dans Péché originel, est également dénoncé un «bloc de pouvoir», qui freinerait certaines des réformes de gestion financière portées par les papes successifs. Ce bloc serait actif depuis Paul VI au moins, et serait même auteur d’un «assassinat moral» – selon la formule de Nuzzi – contre l’éphémère Jean Paul Ier (1978) qui aurait voulu remettre de l’ordre.
Ce bloc, accuse encore Gianluigi Nuzzi, a contrecarré au maximum les efforts fermes de Benoît XVI puis de François pour faire la transparence sur la gestion financière, en particulier concernant l’IOR, la ›banque du Vatican’. Ainsi par exemple, Ettore Giotti Tedeschi, nommé président de l’IOR en 2009, aurait reçu de sévères menaces, lui intimant de ne pas chercher à connaître le nom des titulaires de certains comptes de la banque vaticane.
Finalement, cet ami personnel de Benoît XVI a été contraint à la démission en 2012. Après une campagne de calomnies, selon Nuzzi. Libero Milone, contrôleur des finances du Vatican de 2015 à 2017, aurait également été poussé à démissionner par ces mêmes forces opposées à une clarification financière.
La renonciation de Benoît XVI
C’est en partie pour contrer ce bloc de pouvoir, affirme encore Nuzzi, que Benoît XVI aurait renoncé au pontificat en février 2013, une décision longuement mûrie: afin de «mettre au pied du mur les coalitions au pouvoir», notamment un «lobby gay» selon Nuzzi. Et de permettre au conclave «d’élire un pape à la fois capable de s’assurer un soutien populaire et doté, pour poursuivre les réformes, d’une force suffisante».
Avant Péché originel, Gianluigi Nuzzi a déjà publié Vatican SA (en 2009), Sa Sainteté (en 2012) et Chemin de croix (en 2015). Ces deux derniers ouvrages se retrouvaient notamment au cœur des scandales Vatileaks 1 et 2. Sans démentir toutes ses informations, le Vatican avait mis en garde contre le risque de «lectures différentes à partir des mêmes données», selon une formule de novembre 2015 du Père Federico Lombardi, alors directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. (cath.ch/imedia/xln/bh)