L'église de Noës, en Valais, a été récemment rénovée par le bureau d'architecture Genoud (Photo:Genoud architecture)
Suisse

Valais: l'église de Noës classée au niveau cantonal

L’Etat du Valais veut classer comme objet d’importance cantonale l’église Sainte-Thérèse de Lisieux à Noës, rapporte le 29 novembre 2016 le quotidien Le Nouvelliste. Le curé Jean-Marie Cettou salue la reconnaissance d’une œuvre architecturale belle et originale.

La classification de l’église permet une mise sous protection de l’édifice, ainsi que la garantie d’un subventionnement pour de futurs travaux. Cette décision de l’Etat valaisan «constitue une reconnaissance importante et nécessaire pour les personnes qui ont œuvré à sa construction et à sa rénovation», confie à cath.ch le Père Jean-Marie Cettou, curé in solidum du secteur Sierre-Ville Venthône, auquel appartient l’église de Noës. L’édification, au début des années 1930, a été une initiative de personnes privées, qui voulaient rendre grâce à Ste-Thérèse, rappelle-t-il. Il s’agit de la première église consacrée à Ste-Thérèse en Valais.

Fierté pour les paroissiens

Le prêtre se réjouit que l’œuvre, au vu de sa beauté et de son originalité, puisse désormais bénéficier d’un statut particulier de la part de l’Etat. Le curé assure que les paroissiens sont très fiers de leur édifice flambant neuf. La perspective de classification a également apporté à l’église une certaine publicité, et il confirme qu’elle est plus fréquentée.

Le Père Jean-Marie Cettou, curé in solidum du secteur Sierre-Ville Venthône (Photo paroisses catholiques/secteur Sierre) Le Père Jean-Marie Cettou, curé in solidum du secteur Sierre-Ville Venthône (Photo paroisses catholiques/secteur Sierre)

Il s’agit surtout de visiteurs attirés par l’aspect architectural. Des personnes de l’extérieur, intéressées par le culte de Ste-Thérèse, se rendent aussi sur les lieux. L’abbé Cettou ne constate cependant pas un engouement particulier, parmi les fidèles, pour la vie paroissiale ou la figure de Ste-Thérèse. Il pense qu’il faudra un peu de temps pour que les paroissiens s’approprient davantage l’héritage de la sainte. Il considère que la classification et les récentes rénovations apportées à l’église peuvent cependant aider à susciter un élan en ce sens.

Une démarche rare

La démarche de classification pour un bâtiment rénové se révèle en fait inhabituelle. «Il est même extrêmement rare de requalifier en valeur supérieure un monument historique après une restauration», souligne au Nouvelliste Laurent Grichting, architecte des monuments historiques au Service des bâtiments, monuments et archéologie. Le résultat exceptionnel de cette restauration, qui a permis de revaloriser et de remettre au jour un édifice de grande valeur a notamment été pris en compte, précise l’expert.

Une œuvre originale

L’église de Noës a été réalisée par Lucien Praz, l’un des plus importants constructeurs d’églises en Valais dans les années 1930 et 1940. Ce dernier est un représentant du mouvement «Nouvelle tradition», qui a prôné l’adaptation des constructions modernes à l’architecture locale en utilisant notamment des matériaux du pays. Outre son plafond en béton très original, l’ouvrage L’architecture du XXe siècle en Valais 1920-1975 met en avant le format du chemin de croix de Paul Monnier, ainsi que la géométrisation des formes appartenant à l’esthétique Art déco.

Lucien Praz a exercé une partie importante de son activité dans l’orbite du groupe romand de la Société de Saint-Luc. Le groupe a renouvelé, dès l’entre-deux guerres, le langage de l’art sacré en Suisse romande.

Lorsqu’il a été question de redonner son éclat au lieu saint, un comité de rénovation présidé par Mario Rossi a été constitué. La classification est «une belle surprise et la reconnaissance de tout le travail effectué», note Denis Salamin, président de l’œuvre Sainte-Thérèse, propriétaire des lieux.


Classer pour mieux préserver

«La subtilité et la complexité de l’architecture et des couleurs de cette église sont extraordinaires. C’est un lieu où l’on se sent bien. Le Groupe de Saint-Luc a offert une belle palette de spécialistes», s’enthousiasme Laurent Grichting. Il sait de quoi il parle puisqu’il est architecte en charge des monuments historiques pour le Valais romand. Travaillant au Service des bâtiments, monuments et de l’archéologie du Valais, il a suivi le dossier de la restauration de l’église de Noës (VS), qu’il affirme être une œuvre complète. Il décrit une restauration ambitieuse qui avait pour but de retrouver l’esprit et l’ambiance du 20e siècle à travers la réalisation du Groupe de Saint-Luc.

«Dans une telle procédure, c’est toujours le propriétaire qui effectue la demande de classement», explique l’architecte. En l’occurrence l’œuvre Sainte-Thérèse, une fois les travaux de restauration achevés et devant l’éclat retrouvé de l’église, a demandé son classement au niveau cantonal. Le dossier est examiné par les membres du service des monuments historiques. «Nous analysons la valeur architecturale de l’objet et nous évaluons sa substance historique», détaille Laurent Grichting. Un rapport est rédigé et soumis au Conseil d’Etat qui le valide. La procédure concernant l’église de Noës a nécessité deux mois.

Le classement est un contrat passé entre l’Etat et le propriétaire quant à l’entretien du bâtiment. «Il y a des règles du jeu. Mais nous ne sommes pas la police. Il s’agit avant tout d’accompagner le propriétaire dans la conservation de l’objet et de pérenniser sa valeur architecturale et historique», précise Laurent Grichting. Il collabore étroitement avec l’architecte qui supervise le chantier et préconise le choix des matériaux afin de conserver au mieux l’objet.

Le classement d’un objet permet à son propriétaire d’obtenir des aides communales et cantonales. «La loterie romande joue en général un rôle clé dans le montage financier des subventionnements», relève l’architecte qui précise que les aides apportées par ces trois acteurs permettent de financer entre 30 et 50% du montant d’un chantier.

«Nous avons des trésors architecturaux en Valais! A nous de savoir les préserver», ajoute Laurent Grichting. Le canton compte à ce jour environ 600 objets classés. (cath.ch/nouv/rz/bh)

L'église de Noës, en Valais, a été récemment rénovée par le bureau d'architecture Genoud
29 novembre 2016 | 17:48
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
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