L’imam, formé en Arabie saoudite, jugé trop fondamentaliste

Valais: L’Etat refuse à un imam le séjour en Suisse: une première

Sion, 9 octobre 2002 (APIC) Le canton du Valais ne veut pas d’un fondamentaliste sur son territoire et crée une première, en refusant le séjour en Suisse à un imam. Ce dernier, par l’intermédiaire d’un avocat de Sion, à d’ores et déjà fait recours contre cette décision. Formé en Arabie saoudite, l’imam serait au bénéfice d’une formation pure et dure, mais surtout réductrice de l’islam et du coran. Le Valais explique sa décision au nom de la cohésion au sein de la population et du respect de l’ordre et de la sécurité publics.

Un Macédonien formé en Arabie saoudite et qui voulait devenir l’imam du Centre islamique de Sion s’est en effet vu refuser un permis de séjour et de travail par le Service des étrangers du Valais. C’est la première fois qu’un canton adopte une telle mesure, indique le quotidien valaisan «Le Nouvelliste».

Sevgani Asanski, Macédonien de 29 ans a été jugé trop fondamentaliste du fait de sa formation. L’imam proposé pour le Centre islamique de Sion aurait été formé un an à Médine (Arabie saoudite) et un an en Macédoine. La brièveté de cette formation serait déjà l’indice d’une formation wahhabite aux dires d’un spécialiste consulté par le quotidien de Sion. Ce spécialiste ajoute que cette formation fondamentaliste se limite à une interprétation très littérale du Coran autour du licite et de l’illicite alors qu’il faut normalement de longues années pour former un ouléma qui philosophe sur l’islam et explore cette religion.

Françoise Gianadda, cheffe du service cantonal de l’Etat civil et des étrangers explique les raisons qui ont conduit l’Etat à mettre son veto au séjour de cet imam en Valais. «Vu le contexte international après le 11 septembre 2001, l’autorité doit d’autant plus veiller à prendre des mesures propres à éviter le renforcement de toute forme de fondamentalisme et ce dans le but d’assurer la cohésion au sein de la population et le respect de l’ordre et de la sécurité publics. La communauté musulmane du Valais et l’imam lui-même n’entendent pas accepter sans réagir le refus du Service de l’Etat civil et des étrangers. Agissant pour le compte de l’imam, qui réside toujours en Macédoine, l’avocat de Sion Jean-Jérôme Crittin a déposé un recours dans les délais auprès du Conseil d’Etat valaisan.

Le wahhabisme saoudien fondé par Abdel Wahhab (1703-1791) pousse très loin le scripturalisme et le refus de tout compromis avec tout ce qui n’est pas le strict islam. Il ne s’agit pas d’un mouvement structuré, dit-on, contrairement à ce que certains pensent, mais d’une vision de l’islam qui donne la primauté à une lecture littéraire et puritaine du coran, estime Grégoire Sommer, professeur de science des religions à Sion. (apic/ln/pr)

9 octobre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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