Frank Pavone, avant l'annonce de son renvoi de l'état clérical | capture d'écran twitter
International

USA: Frank Pavone, activiste pro Life, accusé d'inconduite sexuelle

Le Père Frank Pavone, militant pro-life américain, renvoyé de l’état clérical en décembre 2022 pour désobéissance à son évêque est également soupçonné de harcèlement et d’abus sexuels sur des jeunes femmes.

Le site catholique américain The Pillar a appris qu’au moins deux rapports d’inconduite ont été envoyés au diocèse d’Amarillo en 2010, et que d’autres plaintes ont probablement été déposées. Les rapports concernaient un comportement inapproprié envers des stagiaires et des employées de Priests for Life (PFL), l’organisation que Pavone dirige depuis 1993.  

Selon une des plaignantes, alors jeune stagiaire à PFL, lorsqu’ils étaient seuls dans le bureau, «il me caressait les cheveux pendant que j’étais assise à mon bureau. Il venait derrière moi et mettait ses bras autour de moi, et lisait ce que j’écrivais, (…) me touchait mon dos … et je me figeais instantanément.» La femme allègue qu’à «trois ou cinq reprises», elle a constaté après que Pavone lui ait frotté le dos, que son soutien-gorge était dégrafé.

Lors d’une convention de PFL à Washington, le Père Pavone serait venu dans sa chambre d’hôtel tard dans la nuit. Après avoir parlé pendant quelques minutes, «il m’a demandé si je voulais «me glisser dans quelque chose de plus confortable». Elle ne se souvient pas vraiment de ce qui s’est passé ensuite ni de la façon dont il a finalement quitté sa chambre.

Relatant l’incident à un autre prêtre de l’organisation, elle aurait reçu la réponse suivante: «J’aimerais qu’il ne fasse pas de telles choses. Il va nous attirer des ennuis un de ces jours.» 

Une familiarité abusive et perturbante

A la fin de la conférence, alors qu’elle parlait avec d’autres employés, Pavone s’est approché d’elle, l’a entourée de ses bras par derrière et lui a dit affectueusement : «Je ne vais pas te laisser partir». Personne n’est intervenu.

Elle a finalement quitté Priest for Life pour retourner à l’université, mais a continué à travailler périodiquement pour l’organisation. Occasionnellement en contact avec Pavone, ce dernier a continué à lui manifester une attention soutenue par des gestes équivoques notamment en l’amenant chez lui pour lui peigner les cheveux.

Reconstuire une relation

Devenue par la suite religieuse, la femme dit avoir subi des effets durables de la conduite de Pavone. «Ma relation avec Dieu, est encore difficile. Elle a été dramatiquement affectée, et ne s’est pas rétablie, et ma relation avec l’Église a été profondément affectée. Ma relation avec le mouvement pro-vie a été complètement vidée de sa substance.»

«Je ne rate pas la messe, mais j’ai passé des années à m’accrocher au bord du banc, avec mes ongles s’enfonçant dans le siège pour ne pas m’enfuir en hurlant. Et je restais assis là, à me cramponner pendant toute la messe. C’était juste trop.»

Le diocèse où elle vivait lui a fourni des soins pastoraux, a payé sa thérapie.»Le survivant vivra avec cela pour le reste de sa vie… l’Église ne doit pas s’en aller une fois que la dénonciation est terminée», estime-t-elle.

Plusieurs cas de harcèlement sexuel

Cette femme n’est pas la seule à alléguer une mauvaise conduite de F. Pavone. Au moins deux rapports ont été soumis aux responsables de l’Église, révèle The Pillar.

Selon Leslie Palma, directrice des communications de Priest for Life: «Toutes les plaintes dont le Père Frank a eu connaissance ont été traitées avec respect pour toutes les personnes impliquées et sous la supervision de l’évêque d’Amarillo, et ont été résolues de manière satisfaisante. L’évêque a exprimé sa confiance dans le bon caractère du Père Frank et son aptitude au ministère.»

Une réponse insuffisante

«Je n’ai jamais été informé si Frank Pavone ou PFL étaient même au courant des accusations. Rien n’a été partagé avec moi sur la façon dont le diocèse a traité l’affaire. J’ai eu une conversation de vingt minutes avec l’évêque Zurek», a commenté la plaignante pour The Pillar. »A mon sens, ce n’est pas le traitement complet d’une plainte pour inconduite sexuelle. Je ne crois pas que la réponse du diocèse d’Amarillo ait été complète, compatissante», conclut-elle.

Lors des premières sanctions contre le Père Pavone, en 2011, l’évêque d’Amarillo n’avait pas mentionné les accusations d’inconduite sexuelle, mais avait insisté sur sa désobéissance et les enjeux financiers liés aux millions de dollars de dons reçus par Priests for Life  (cath.ch/thepillar/mp)

Frank Pavone, avant l'annonce de son renvoi de l'état clérical | capture d'écran twitter
25 janvier 2023 | 17:07
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!