USA: 60 élus catholiques contre la 'militarisation' de la communion
60 démocrates catholiques de la Chambre des représentants, dont Alexandria Ocasio-Cortez et Rosa DeLauro, ont publié une «déclaration de principes» le 18 juin 2021, demandant aux évêques catholiques américains d’éviter de «militariser» l’Eucharistie.
La déclaration des politiciens a été rendue public quelques minutes après que les évêques aient voté pour la rédaction un document sur l’accès à la communion, indique l’agence Religion News Service. Le débat portait notamment sur la question de savoir s’il fallait, ou non, refuser l’Eucharistie aux politiciens catholiques qui soutiennent publiquement le droit à l’avortement.
La déclaration a été distribuée aux législateurs du Congrès américain alors que la Conférence épiscopale des États-Unis (USCCB) se réunissait virtuellement pour sa réunion annuelle. Les prélats ont débattu de l’opportunité de créer un document sur la «cohérence eucharistique». Après des heures d’échanges passionnés, au cours desquels il a notamment été question de refuser l’Eucharistie aux élus qui soutiennent la législation sur le droit à l’avortement, l’assemblée a voté pour approuver la rédaction d’un document sur la communion.
La communion: «un aliment pour les faibles»
Les 60 représentants signataires ont cité le pape dans leur déclaration, demandant aux évêques de «tenir compte des paroles de notre Saint-Père le pape François», qui a écrit dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile que «l’Eucharistie, bien qu’elle soit la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix pour les parfaits, mais un médicament puissant et un aliment pour les faibles».
«En tant que législateurs, nous sommes également chargés d’être des facilitateurs de la Constitution, qui garantit la liberté de religion pour tous les Américains», ont écrit les politiciens. «Ce faisant, nous garantissons notre droit de vivre notre propre vie en tant que catholiques, mais aussi de favoriser une Amérique avec une riche diversité de croyances.»
La portée du ‘document eucharistique final’ peut être large. Mais l’USCCB ne peut pas forcer un évêque à refuser la communion aux politiciens – chaque évêque ayant le pouvoir de décider cela pour son propre diocèse. L’approbation de la proposition de rédiger un tel document a toutefois des implications à la fois pour l’Église américaine et pour le président Joe Biden, qui a fait de sa foi catholique un sujet de discussion.
Pas refus de communion pour les pro-peine de mort
La plupart des catholiques du Congrès sont également démocrates. Actuellement, seuls trois d’entre eux sont considérés par ‘Democrats for Life’ comme étant suffisamment «pro-vie».
Mme DeLauro, du Connecticut, était l’une des principales organisatrices de la déclaration, avec les représentants Sylvia Garcia, du Texas, et Brendan Boyle, de Pennsylvanie. En plus d’Alexandria Ocasio-Cortez, de New York, les signataires comprennent le représentant Joaquin Castro, du Texas, et les représentants Pete Aguilar, Jim Costa, Ted Lieu et Juan Vargas, de Californie.
Les législateurs ont critiqué l’accent mis par certains évêques sur l’avortement au détriment d’autres enseignements de l’Église. «Aucun élu n’a été menacé de se voir refuser l’Eucharistie lorsqu’il soutient et a soutenu des politiques contraires aux enseignements de l’Église, notamment en soutenant la peine de mort, en séparant les enfants migrants de leurs parents, en refusant l’asile à ceux qui cherchent la sécurité aux États-Unis, en limitant l’aide aux personnes souffrant de la faim et de l’insécurité alimentaire, et en refusant les droits et la dignité aux immigrants», ont-ils écrit.
Il y a trois ans, lors de la conférence de printemps de l’USCCB, l’évêque Edward Weisenburger de Tucson, en Arizona, a effectivement suggéré d’instituer des «sanctions canoniques» – ce qui inclut le refus de la communion – pour les catholiques qui ont participé à la politique de l’administration de Donald Trump, consistant à séparer de force les familles d’immigrants le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cependant, contrairement à la récente campagne visant à refuser la communion aux politiciens en raison de leur position sur l’avortement, la proposition de Weisenburger n’a pas gagné en popularité de la Conférence épiscopal, ni abouti à un document de sa part.
Contactée par les médias, la porte-parole de l’USCCB, Chieko Noguchi, a refusé de commenter la déclaration des législateurs.
Pas de refus pour une seule question
«Nous vous exhortons solennellement à ne pas aller de l’avant et à ne pas refuser le plus saint de tous les sacrements, la source et le sommet de toute l’œuvre de l’Évangile pour une seule question», déclarent les législateurs, qui invoquent ensuite le Concile Vatican II, avant d’ajouter: «Poursuivre un refus général de la Sainte Eucharistie à certains élus reviendrait à attrister l’Esprit Saint et à nier l’évolution de ces individus. Une personne chrétienne n’étant jamais parfaite, mais lutte pour y parvenir.»
Les démocrates catholiques ont noté l’importance des laïcs catholiques pour aider l’Église à être une «force morale» dans le monde, avant de conclure: «En tant que tel, nous avons le droit d’influencer l’Église, comme elle a le droit d’influencer nos vies.»
Dans une lettre de mai 2021, le Vatican avait mis en garde les évêques américains, a propos du récent débat sur la communion, en les encourageant à prendre plus de temps sur la question et de faire preuve de prudence. L’USCCB est quand même allée de l’avant. (cath.ch/rns/gr)