«Union civile» et mariage: le Saint-Siège démine la polémique
Le Saint-Siège démine la polémique suite aux propos du pape François sur la question de l’homosexualité, de l’union civile et du mariage. La Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège a envoyé une note aux nonciatures apostoliques pour préciser que si le pape avait bien mentionné que les personnes homosexuelles devaient être protégées par des dispositions civiles, il n’a pas changé la doctrine de l’Eglise catholique sur le mariage.
La polémique avait été suscitée par la sortie du documentaire Francesco, le 21 octobre 2020. Dans le documentaire Francesco, du réalisateur Evgeny Afineevsky, le pontife argentin affirme que «les homosexuels ont le droit d’être dans la famille […] Ce que nous devons faire, c’est une loi de cohabitation civile, ils ont le droit d’être légalement couverts». La séquence – composée de quatre extraits montés d’un entretien accordé en 2019 – a produit une certaine confusion dans le monde, certains médias allant jusqu’à écrire que le pape était désormais favorable au mariage entre deux personnes de même sexe.
Note explicative envoyée aux nonces apostoliques
Pour éteindre la polémique, une note explicative a été envoyée par la Secrétairerie d’Etat aux nonces apostoliques afin qu’elle soit partagée aux évêques du monde entier. Le nonce apostolique au Mexique, Mgr Franco Coppola, l’a publiée sur sa page Facebook.
Interrogé par l’agence de presse ACI Prensa, il a confirmé que le contenu de son «post» était bel est bien fourni par le Secrétairerie d’Etat. I.MEDIA a pour sa part contacté deux nonciatures, dont celle en France. Chacune a confirmé avoir bien reçu cette note de la Secrétairerie d’Etat dans laquelle est précisé que le pape ne modifie pas la doctrine de l’Eglise sur le mariage entre un homme et une femme. Une source vaticane confirme par ailleurs l’information.
Clarification voulue par le pape François
Cette même source explique que le pontife argentin a voulu clarifier sa position et répondre aux questionnements de la communauté ecclésiale. Il n’aurait pas voulu le faire par le biais de la presse pour ne pas donner l’impression de céder à la pression médiatique. Par souci pastoral, il a donc chargé la Secrétairerie d’Etat d’utiliser le canal des nonciatures pour le faire.
Au début de la note, qui doit permettre de «favoriser une compréhension adéquate des paroles du Saint-Père», la Secrétairerie d’Etat rappelle le contexte de l’interview de 2019 dont certaines séquences ont été reprises dans le documentaire. «Le pape François a répondu à deux questions différentes à deux moments différents qui, dans le documentaire susmentionné, ont été éditées et publiées comme une seule réponse sans contextualisation adéquate, ce qui a provoqué la confusion», peut-on lire.
Relire l’exhortation apostolique Amoris laetitia
«Le Saint-Père avait tout d’abord fait une référence pastorale au besoin que le fils ou la fille avec une orientation homosexuelle ne fasse jamais l’objet de discrimination au sein de la famille», détaille ensuite le texte, légitimant ainsi les propos du pontife argentin: «Les homosexuels ont le droit d’être en famille; ce sont les enfants de Dieu, ils ont droit à une famille. Personne ne peut être chassé de la famille».
Citant un passage de l’exhortation apostolique post-synodale du pape François Amoris laetitia, sur l’amour dans la famille, la note indique que le chef de l’Eglise catholique y avait déjà rappelé son souhait que toute personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, soit «respectée dans sa dignité». «Que ceux qui manifestent une tendance homosexuelle puissent compter sur l’aide nécessaire pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie», ajoutait-il alors.
«C’est une incohérence de parler de mariage homosexuel»
Puis la Secrétairerie d’Etat remet dans son contexte la réponse du pape portant sur l’union civile. Il s’agissait d’une parole relative au débat sur le mariage homosexuel en Argentine. Rappelant que l’archevêque de Buenos Aires s’y était opposé, la note précise que le cardinal Bergoglio avait alors affirmé que «c’est une incohérence de parler de mariage homosexuel». Celui qui allait devenir le 266e pape avait cependant parlé du droit de ces personnes d’avoir une couverture légale: «ce que nous devons faire est une loi de cohabitation civile; ils ont le droit d’être légalement couverts. J’ai défendu ça!»
Avant de souligner que le pontife avait rappelé dans un entretien de 2014 que «le mariage est entre un homme et une femme», la note conclut par ces mots: «il est donc évident que le pape François a fait référence à certaines dispositions étatiques, certainement pas à la doctrine de l’Eglise, souvent réaffirmée au fil des années». (cath.ch/imedia/hl/be)