Une visite du pape en Irak pourrait «insuffler l'espérance»
Un voyage du pape François en Irak aurait un «effet puissant pour remonter le moral des chrétiens d’Irak», considère Faraj Benoît Camurat, président de l’association française Fraternité en Irak. Interrogé par I.MEDIA le 11 juin 2019, il réagissait au lendemain de l’annonce par le pape de sa volonté de visiter ce pays.
Invité par l’Eglise locale mais aussi le gouvernement, le pape argentin a exprimé à plusieurs reprises son souhait de se rendre en Irak, pays déstabilisé depuis de nombreuses années et dont une large partie du territoire – notamment des zones chrétiennes – avait été envahie par l’organisation terroriste Etat islamique entre 2014 et 2017. Toutefois, comme l’expliquait le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin en janvier de retour d’un déplacement dans ce pays, les conditions de sécurité n’étaient pas réunies pour une telle visite.
Cela n’a pas empêché le successeur de Pierre de déclarer le 10 juin sa volonté de se rendre en Irak en 2020. S’il ne s’agit pas d’une annonce officielle, cette possibilité suscite déjà l’enthousiasme. «Cela nous a beaucoup surpris», témoigne ainsi Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient. Et le prêtre de s’interroger: cette annonce est-elle le fruit de «l’enthousiasme ou bien un plan précis»?
«Cette annonce va avoir un effet puissant pour remonter le moral des chrétiens d’Irak et encourager ceux qui hésitent encore à revenir s’installer chez eux», explique pour sa part Faraj Benoît Camurat. Alors qu’il s’agit d’une des plus anciennes présences chrétiennes, le pays est durement frappé par l’exode des chrétiens: s’ils étaient environ 1,5 million avant l’invasion américaine de 2003, ils ne seraient désormais plus qu’entre 250’000 et 300’000. Pour le directeur général de l’Œuvre d’Orient, une visite du pape constituerait donc un «renforcement du sens de leur présence en Irak».
Une «nouvelle page» pour l’Irak
S’il se réalisait, un tel déplacement serait placé sous le signe de l’espérance pour les chrétiens irakiens, se réjouit Loys de Pampelonne, directeur pays en Irak pour l’Œuvre d’Orient. Après le soutien apporté par la visite du cardinal Parolin à Noël dernier, une visite du pape «pourrait insuffler l’espérance et illustrer concrètement le soutien de la grande communauté des chrétiens», estime le jeune homme. D’autant que le pape François exprime souvent sa souffrance pour les chrétiens d’Orient, souligne Mgr Gollnisch.
Un tel voyage apostolique, poursuit Faraj Benoît Camurat, serait une occasion d’écrire une nouvelle page en vue d’un pays réconcilié avec lui-même. D’autant que cette annonce intervient dans une période où la population irakienne réalise que la paix de l’après daech «n’est pas encore gagnée».
Des champs de blé ont ainsi été récemment incendiées, comme si les destructions «ne devaient jamais finir». Pour Mgr Gollnisch, une visite du pape François devra servir au pays «à affirmer sa personnalité et son indépendance au profit d’une politique inclusive, seule voie de futur pour l’Irak». (cath.ch/imedia/pad/xln/bh)