Bethléem: L’hôpital d’enfants de Caritas fête ses 60 ans
Une véritable histoire à succès dans un environnement inquiétant
Bethléem, 26 août 2012 (Apic) «Où se trouve l’hôpital?» Celui qui pose cette question aujourd’hui à Bethléem sera très probablement aiguillé vers les bâtiments modernes du «Caritas Baby Hospital». 60 ans après sa fondation par le Suisse Ernst Schnydrig, il s’affirme comme la référence dans le domaine des soins dans toute la région.
La clinique pour enfants, proche du checkpoint du «Tombeau de Rachel» n’est pas le seul établissement en charge de la santé des jeunes Palestiniens. A quelques kilomètres de là, plus de 3’000 enfants viennent chaque année au monde dans l’Hôpital de l’Ordre de Malte de la Sainte famille. Mais, le Caritas Baby Hospital, qui ne comptait que 14 lits installés dans deux chambres il y a un peu plus de 50 ans, s’est développé au point de devenir un imposant établissement hospitalier et une véritable institution à Bethléem.
Sa destinée constitue une véritable histoire à succès, dans un environnement inquiétant. Lorsque le journaliste valaisan et Missionnaire de la Salette Ernst Schnydrig effectue un reportage sur les camps de réfugiés en 1952 à Bethléem, il assiste à la mise en terre d’un enfant par son père. Il était mort de faim. Que des enfants souffrent à ce point à l’endroit même où Dieu s’est fait homme était insupportable pour le religieux.
Des soins médicaux au lieu de naissance de Jésus
Ernst Schnydrig posa la première pierre de ce qui allait devenir le Caritas Baby Hospital «afin qu’au lieu de naissance de Jésus aucun enfant ne soit privé de soins médicaux», comme il l’a affirmé lors du lancement de travaux du nouveau bâtiment en 1978. En Europe, il fonda l’association «Secours aux Enfants Bethléem» dans de but de soutenir l’hôpital à long terme.
60 ans après sa fondation, l’offre de l’établissement hospitalier ne cesse de s’accroître. Car les besoins en soins médicaux en Palestine ont toujours été importants, et l’état de santé de nombreux bébés et petits enfants est préoccupant, affirme le personnel de l’hôpital. Environ 34’000 enfants et bébés, de toutes provenances et appartenances religieuses, y ont été traités l’an dernier. La majorité d’entre eux n’avaient pas deux ans et présentaient déjà des symptômes provoqués par la misère, comme un poids insuffisant, une pneumonie, la jaunisse des nouveaux-nés ou des troubles de croissance. Quelque 880 nouveaux-nés ont été secourus en 2011 en néonatalogie, surtout grâce aux contributions des donateurs à l’étranger.
Pour beaucoup de personnes, la ville de Bethléem renvoie à l’enfance. Cette association d’idées explique en bonne partie la générosité des Européens à l’égard de cette institution. Un montant de 7,3 millions de francs a ainsi été récolté pour le dernier projet d’agrandissement du Caritas Baby Hospital. Ces travaux constituent une nécessité, affirment la médecin chef et ses collaborateurs. Des nouveaux traitements spécialisés sont ainsi proposés dans les domaines de la cardiologie et du dépistage auditif, ainsi que de la physiothérapie et un service social. Jusqu’à 43 femmes peuvent passer la nuit dans la nouvelle aile réservée aux mères. Et durant leur séjour, elles peuvent suivre des cours à «l’école des mères» sur des thèmes comme l’hygiène et la nutrition, et également reprendre des forces dans un environnement protégé.
La même assistance médicale qu’en Europe?
Tous les départements de l’hôpital profitent de la générosité continue des donateurs, a souligné récemment la médecin chef Hiyam Marzouqa, lors de l’assemblée générale de «Secours aux Enfants Bethléem». A plus long terme, elle émet le souhait de voir «les enfants malades et nécessiteux de Cisjordanie disposer de la même assistance médicale qu’en Europe». «Car chaque enfant doit avoir droit aux meilleurs soins médicaux possibles».
«Nous sommes là». Cette phrase figure en différentes langues sur la façade vitrée du service des soins ambulants. Quelques enfants jouent dans un hall d’entrée lumineux. Et l’accueillante lumière verte de la salle d’attente rappelle une importante facette de l’hôpital. Il est porteur d’espoir dans une région marquée par les conflits, «un phare d’espérance» qui montre que «l’amour peut prévaloir sur la haine et la paix sur la violence», comme l’a affirmé le pape Benoît XVI lors de sa visite en mai 2009.
Beaucoup de patients de cet hôpital chrétien sont des musulmans, majoritaires dans la région. Lors de l’inauguration du nouveau de service de soins ambulants, le patriarche de Jérusalem Fouad Twal a souligné que l’hôpital, à portée de vue du mur de séparation, constituait un témoignage «d’amour du prochain sans frontières».
Encadré:
Le Caritas Baby Hospital de Bethléem fêtera ses 60 ans les 22 et 23 septembres prochains. Au programme sont prévus des concerts, une exposition d’art palestinien, ainsi qu’une célébration et un acte festif. Parmi les orateurs figureront le ministre palestinien de la santé Hani Abdeen et Mgr Felix Gmür qui, en tant qu’évêque de Bâle est considéré comme «protecteur» du Caritas Baby Hopital.
Site internet: www.kinderhilfe-bethlehem.ch
(apic/ak/bb)