Luxembourg: Des milliers de danseurs en procession dans les rues d’Echternach

Une tradition séculaire en l’honneur de saint Willibrord

Echternach, 7 juin 2011 (Apic) La Procession dansante d’Echternach, au Luxembourg, aura lieu le 14 juin 2011, mardi de Pentecôte. Cette tradition séculaire rassemble chaque année des milliers de danseurs en l’honneur de saint Willibrord.

L’Eglise catholique n’a pas toujours été favorable aux danses sacrées, interdisant par exemple celles de provenance païenne. Or, si elle est aujourd’hui reconnue par l’institution religieuse, la Procession dansante d’Echternach n’en est pas moins la continuation de rites païens, christianisés par les missionnaires venus de Grande-Bretagne et d’Irlande.

Dès la mort de saint Willibrord, le 7 novembre 739, les pèlerins affluent vers son tombeau. Mais il faut attendre presque trois siècles pour trouver la première mention d’une danse sacrée à Echternach. Dans un texte, le moine Berno de Prüm, abbé de Reichenau de 1008 à 1048, mentionne un grand tripudium (danse sacrée) célébré en l’honneur de saint Willibrord. Et du 11 au 14e siècle, suite aux nombreuses épidémies qui sévissent dans la région, les pèlerins se rendent sur la tombe du saint en procession dansante.

Les pas de danse comme la musique de la Procession ont varié à travers l’histoire. Ce n’est qu’au 20e siècle qu’ils apparaissent sous leur forme actuelle: tous les danseurs avancent en sautant d’un pas vers la gauche, puis d’un pas vers la droite, alors que l’air populaire d’origine a été harmonisé.

9’000 danseurs

Traditionnellement, la Procession dansante conduit les pèlerins de la cour d’honneur de l’ancienne abbaye d’Echternach jusqu’à la basilique. Après le discours de salutation de Mgr Fernand Franck, archevêque de Luxembourg, la Procession se met en marche: devant, les chanteurs des litanies de saint Willibrord, puis les groupes luxembourgeois et étrangers récitant le chapelet, enfin quelque 45 groupes de danseurs. La Procession se termine par un salut final à la basilique. L’événement réunit chaque année entre 12 et 14’000 pèlerins, dont 8 à 9’000 danseurs.

Selon le site internet «St. Willibrord» (http://www.willibrord.lu/rubrique3), la Procession attire aujourd’hui encore les pèlerins, car «elle permet d’inclure tout le corps dans la prière». La danse, expression de la joie, comprend également une dimension de pénitence, puisqu’elle nécessite un effort conséquent. La participation à la Procession dansante «communique également le sentiment de faire partie d’une communauté, du peuple de Dieu en marche vers l’Eternité».

Encadré:

L’apôtre du Benelux

Saint Willibrord, parfois surnommé l’apôtre du Benelux, est né vers 657 dans le Northumberland, en Angleterre. En 690, il est envoyé en Frise, au nord-ouest de l’Europe, sur le littoral de la mer du Nord, pour travailler à l’évangélisation de la population. Après avoir effectué deux voyages à Rome, au cours desquels il est sacré évêque missionnaire et fixe son siège épiscopal à Utrecht, il part en mission dans la région des Pays-Bas, de l’Allemagne et va jusqu’au Danemark.

En 698, il reçoit d’Irmine, abbesse d’un couvent à Oeren/Trèves et épouse de Pépin II, une propriété à Echternach, où il fonde une abbaye bénédictine. Il meurt le 7 novembre 739 et est enterré dans cette même abbaye. Le saint patron des Pays-Bas, des Frisons et des enfants épileptiques fait aujourd’hui encore l’objet d’une importante dévotion. Il est également deuxième patron de l’archevêché du Luxembourg.

Encadré:

Patrimoine immatériel

Le 16 novembre 2010, la Procession dansante a été inscrite par l’UNESCO sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En 2001, l’UNESCO a accordé pour la première fois ce statut à «des pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire que les communautés, les groupes et les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel.» Pour Echternach, l’inscription sur la Liste constitue un encouragement, mais également d’une obligation à veiller sur la manifestation. (apic/com/amc)

7 juin 2011 | 14:57
par webmaster@kath.ch
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