Sœur Enedina a dû quitter l'Inde où elle vivait depuis plus de 50 ans | DR
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Une religieuse médecin espagnole expulsée d'Inde

Le gouvernement indien a refusé de renouveler le visa d’une religieuse espagnole âgée de 86 ans qui travaillait pour les pauvres du pays depuis plus de 50 ans. Sœur Enedina, de la congrégation des Filles de la Charité, s’est vu refuser le renouvellement de son visa le 11 août 2019. L’administration lui a donné 10 jours pour quitter le pays.

La religieuse, qui a une formation de médecin, a aidé les pauvres de l’est du pays depuis le milieu des années 1960. Elle est partie de New Delhi le 20 août pour rentrer en Espagne.

«Elle a demandé en ligne le renouvellement de son visa durant la première semaine du mois d’août, payé les frais et rempli toutes les formalités… nous avons alors reçu l’avis qu’elle devait quitter le pays dans les 10 jours «, a déclaré à l’agence catholique ucanews, Sœur Martha Pradhan, responsable de la province de l’Inde du Nord de sa congrégation. «On ne nous a pas dit pourquoi son visa n’a pas été renouvelé.»

Les hindouistes demandent l’expulsion des missionnaires étrangers

En effet le ministère fédéral des Affaires étrangères maintient une politique de refus de visa sans indication de motifs. Cette affaire s’inscrit dans le contexte des critiques selon lesquelles le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi, réélu en mai dernier, accorde un soutien grandissant à des groupes nationalistes voulant faire de l’Inde une nation exclusivement hindouiste.

Ces extrémistes hindous ont exigé ainsi l’expulsion de tous les missionnaires étrangers de l’Inde, les accusant d’utiliser le travail social comme façade pour convertir les Dalits et les populations tribales au christianisme.

Interrogé par ucanews, un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères s’est contenté de répondre que le droit d’accorder des visas reste la seule prérogative du pays hôte concerné.

Considérée comme une mère

Sœur Enedina a obtenu un diplôme en médecine et chirurgie à Madrid en 1959. Arrivée à Berhampur quelques années plus tard, elle a ouvert un dispensaire pour répondre aux besoins de santé de la population locale, principalement des tribus et des Dalits socialement pauvres.

Cinq ans plus tard, elle s’installe dans le village de Mohana, dans le district voisin de Gajapati, et commence à travailler pour l’éducation des Dalits et des populations tribales. «Les 54 ans de présence missionnaire de Sœur Enedina en tant que médecin, infirmière et enseignante font que beaucoup de gens de la région la considèrent comme leur mère», a relevé Sœur Pradhan.

Mgr Sarat Chandra Nayak, évêque de Berhampur, s’est dit attristé par le départ de Soeur Enedina. «Il est malheureux qu’une religieuse aussi qualifiée et formée ait dû quitter le pays. C’est vraiment une perte. Nous n’avons pas beaucoup de sœurs qualifiées comme médecins qui travaillent dans des régions reculées parmi les tribus et les Dalits.»

Les Filles de la Charité de saint Vincent de Paul sont arrivées en Inde en 1940. Présente dans 10 Etats du nord du pays, la congrégation compte 232 membres vivant dans 42 maisons et travaillant dans 14 diocèses. (cath.ch/ucanews/mp)

Sœur Enedina a dû quitter l'Inde où elle vivait depuis plus de 50 ans | DR
22 août 2019 | 16:35
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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