Une première: le pape institue des laïcs Lecteurs et Catéchistes
Pour la première fois dans l’Église catholique, un pape confie à des laïcs – hommes et femmes – les ministères de Catéchiste et de Lecteur. Ce fut lors de la messe à la basilique Saint-Pierre de Rome, le 23 janvier 2022. Dans son homélie, le pape François a par ailleurs fustigé les tentations de «rigidité» présentes aujourd’hui dans l’Église.
«Me voici». Un à un, les huit candidats au ministère de Catéchiste et les huit candidats au Lectorat ont répondu à l’annonce de leur nom sous les voûtes de la basilique Saint-Pierre. Originaires de Corée du sud, du Pakistan, d’Italie ou du Ghana pour les premiers, du Pérou, du Brésil ou bien encore d’Espagne et d’Ukraine pour les seconds, ils sont les premiers à se voir confier ces ministères des mains d’un pape.
L’an passé, le pape François avait en effet décidé d’ouvrir aux laïcs hommes et femmes le ministère institué de Lecteur – avec celui d’Acolyte – par le Motu proprio Spiritus Domini. Celui de Catéchiste avait quant à lui été institué avec le motu proprio Antiquum ministerium.
Ces premières institutions ont donc eu lieu durant la messe du Dimanche de la Parole de Dieu, avec deux nouveaux rites ad experimentum – précisait le livret de messe. À la fin de l’homélie, les huit premiers candidats se sont avancés devant l’autel et mis à genoux. Après une brève exhortation du pape, ils sont allés le rejoindre pour recevoir un Évangile et cette parole: «Reçois ce livre de la Sainte écriture et transmets fidèlement la Parole de Dieu pour qu’elle germe et porte du fruit dans le cœur des hommes».
Est ensuite venu le tour des catéchistes. Après une exhortation du pontife, chacun s’est avancé pour recevoir de lui une reproduction de la croix pastorale utilisée par Paul VI et Jean-Paul II. Le pontife argentin a alors adressé ces mots aux nouveaux ministres: «Recevez ce signe de notre foi, chaire de la vérité et de la charité du Christ: annoncez-le par votre vie, vos actes et votre parole».
La charge du pape contre la rigidité
Durant la messe, le pape François a, dans son homélie, dénoncé vigoureusement les rigidités qui menacent aujourd’hui l’Église. Mettant d’abord en garde contre la «tentation de nous enfermer dans une religiosité sacrale qui se réduit à un culte extérieur», il a insisté sur le fait que Jésus n’était pas venu «remettre une liste de normes, ni présider une cérémonie religieuse». Au contraire, il est «descendu dans les rues du monde pour rencontrer l’humanité blessée».
Il a alors fustigé les «tentations de rigidité», une véritable «perversion» selon lui. Puis il a considéré que les personnes pensant trouver Dieu en étant inflexibles suivaient en réalité une idole. «Et une idole, ce n’est pas Dieu», a-t-il insisté, invitant à écouter la Parole de Dieu «qui transforme».
En improvisant largement, il a également dénoncé une autre tentation présente dans l’Église, celle de la «spiritualité angélique», ces mouvements spirituels gnostiques qui proposent une «Parole de Dieu qui vous met ‘en orbite’ et ne vous laissent pas toucher la réalité». Or l’Évangile «nous place dans la vie, dans les situations quotidiennes, dans l’écoute des souffrances de nos frères et sœurs». Le pape avait quelques instants auparavant déplorer avec douleurs le fait de voir «nos frères et sœurs mourir en mer parce qu’ils ne sont pas autorisés à débarquer».
En conclusion, le pape a appelé les chrétiens à remettre la Parole de Dieu «au centre» de la vie de l’Église. «Ainsi, nous serons libérés de tout pélagianisme rigide, de toute rigidité, et nous serons libérés de l’illusion des spiritualités qui vous mettent en orbite» sans se soucier de nos frères et sœurs». (cath.ch/imedia/hl/gr)