Côte d’Ivoire: Partie de Fribourg en 2006, l’Ecole de la Foi rouvre ses portes en novembre 2012
Une longue gestation, interrompue par la guerre civile et les problèmes de propriété foncière
Fribourg, 28 juin 2012 (Apic) Partie de Fribourg en 2006, l’Ecole de la Foi fondée par le Père Jacques Loew, le célèbre «docker de Dieu» – qui avait formé depuis sa fondation en 1969 près de 2’000 évangélisateurs venus de 75 pays des cinq continents – rouvrira ses portes en novembre prochain à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
Les 18 étudiants de 1ère année – laïcs, religieux/ses, prêtres – venant de divers pays africains francophones (Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Mali, Congo RDC, Togo), seront les premiers «disciples» accueillis dans ce lieu de formation biblique, spirituelle et communautaire encore en pleine construction.
Les premiers travaux ont débuté dès 2004 sur un terrain de 25 hectares donné en 2001 par le diocèse de Yamoussoukro, mais monnayé ensuite par les ex-propriétaires des environs. Les ressortissants du village de N’Zuessi estimaient avoir des droits coutumiers de propriété, non respectés, sur ce terrain de 25 hectares, d’où l’entrée dans un long processus de négociation qui s’est heureusement conclu par un accord. Le devis global des constructions est chiffré à 5,5 millions d’euros, mais les travaux se déroulent au gré des ressources financières disponibles. Depuis 2007, tant les troubles socio-politiques et la cruelle guerre civile qui a saigné le pays que les problèmes liés à la propriété foncière, avaient provoqué le blocage des travaux. Le chantier n’a pu être rouvert qu’en 2010.
Construire l’Eglise «au-delà des clans, des ethnies, des racismes»
La nouvelle «Ecole de la Foi et du Développement» de Yamoussoukro est située non loin de la fameuse basilique Notre-Dame de la Paix offerte par le premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, et consacrée par le pape Jean Paul II le 10 septembre 1990.
Ce Centre a pour objectif de former, sur deux ans, des adultes pour évangéliser, éduquer à la paix, créer des noyaux communautaires et contribuer au développement. Il va loger ses 18 premiers étudiants dans trois pavillons qui devraient être achevés en septembre prochain, précise Sœur Marie-Gabrielle Bérard, ancienne directrice de l’Ecole de la Foi de Fribourg, et cheville ouvrière de ce projet.
La vie en petites fraternités au sein de la communauté de l’Ecole vise à «construire l’Eglise, Famille de Dieu, au-delà des clans, des ethnies, des racismes», à travers des communautés ecclésiales de base (CEB). Le complexe, quand il sera achevé, comprendra 15 pavillons pour des fraternités, soit 98 places, ainsi que 2 pavillons pour les professeurs et l’équipe d’encadrement, une chapelle, un complexe administratif, une salle de lecture, des salles de classe, ainsi que des locaux pour les travaux pratiques, la cuisine, le réfectoire, le terrain de sport, etc. Notons que la bibliothèque et le matériel didactique de l’Ecole de la Foi de Fribourg ont été acheminés en Côte d’Ivoire par bateau, lors de la fermeture de 2006, et vont servir au nouvel établissement.
«Le développement est le nouveau nom de la paix»
Reprenant l’intuition du pape Paul VI dans son encyclique «Populorum progressio», selon laquelle «le développement est le nouveau nom de la paix», l’Ecole de la Foi de Yamoussoukro a fait du développement un axe spécifique de son programme de formation. Elle entend ainsi œuvrer à la pacification du pays. Ce volet comporte essentiellement une initiation agro-pastorale sur le terrain de l’Ecole, qui dispose de poulaillers et de clapiers destinés à l’élevage et à la vente. Il s’agit aussi, par ce biais, de contribuer à la subsistance et au financement du Centre.
Alors qu’un hectare de maïs a déjà été ensemencé, d’autres cultures locales (ignames, tomates, etc.) et des arbres fruitiers donnent leurs premiers fruits. La formation biblique, théologique, ecclésiale et pastorale est ainsi accompagnée de travaux pratiques. Des notions de comptabilité, de gestion, d’hygiène, de premiers soins, d’éducation nutritionnelle, font également partie du programme.
Pour l’année scolaire 2012-2013, l’Ecole de la Foi de Yamoussoukro comporte 13 professeurs – des prêtres, des religieux et une religieuse, ainsi que Mgr Marcellin Yao Koukadio, évêque de Yamoussoukro -, dont trois ont connu l’Ecole de la Foi de Fribourg, soit comme disciples soit comme professeurs. JB
Encadré
Fondée en 1969 par le célèbre frère dominicain et «prêtre ouvrier» Jacques Loew, fondateur de la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul (MOPP), l’Ecole de la Foi de Fribourg a été contrainte de fermer ses portes en 2006. Le manque d’effectifs, dû notamment à une politique de restriction de visas imposée par la police des étrangers, a eu raison de cette école d’évangélisation qui avait vu le jour en 1969 sur les bords de la Sarine.
«C’était une époque troublée en France. Alors c’est à Fribourg que Jacques Loew est venu mettre en place son nouveau projet, dans un milieu un peu plus stable et dans une ville réputée pour sa formation universitaire», explique Claude Ducarroz, ancien directeur de l’Ecole de la Foi.
«Près de 1’900 disciples des quatre coins du monde y ont transité, dont beaucoup de religieuses et religieux, alors que Jacques Loew visait en priorité la formation des laïcs». Son initiative faisait suite à un de ses voyages au Brésil, durant lequel il a compris l’importance de mettre en place des petites équipes de partage de vie et de foi. Durant les dernières années d’activités à Fribourg, l’Ecole de la Foi a connu une nette baisse d’étudiants occidentaux. Les disciples étaient alors en majorité des Africains/es. C’est la raison qui a poussé les responsables à chercher les moyens de dispenser une formation pour les Africains en Afrique, avec une démarche de formation intégrale adaptée aux réalités du continent: évangélisation et développement. (apic/be)