«Une leçon de vie»
Japon: Les missionnaires témoignent après le tsunami
Japon, 15 mars 2011 (Apic) Des prêtres des Missions Etrangères de Paris (MEP), qui ont vécu le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi, le 11 mars 2011 au Japon, témoignent de la catastrophe et de la vie qui reprend son cours. Des témoignages rapportés par Eglises d’Asie (EDA), l’agence des Missions Etrangères de Paris (MEP), le 15 mars.
A Hakodate, dans le sud du Hokkaido, un prêtre des MEP, a raconté que la vague, d’une hauteur de près de 2 mètres, engendrée par le tremblement de terre, a envahi le quartier du port sans faire de dégâts autres que matériels. Les habitants s’emploient désormais à nettoyer, tandis que la vie reprend son cours. «Les Japonais ne sont pas un peuple qui se lamente devant l’adversité, mais au contraire qui combat pour rester en vie: quelle leçon!», a déclaré le missionnaire présent sur l’île depuis une quinzaine d’années.
Plus au sud, sur l’île de Honshu, dans le diocèse de Sendai, un autre missionnaire a vécu le séisme, dans la région la plus proche de l’épicentre. La ville où il habite est située derrière des montagnes et a ainsi été épargnée par le tsunami. Le missionnaire s’est estimé «bien chanceux par rapport à ceux qui ont tout perdu». «Au lendemain du séisme, l’eau, l’électricité et parfois le gaz ont commencé à être rétablis. Mais il faut ranger, nettoyer et jeter, tout en se tournant vers ceux qui sont dans une situation bien plus terrible, a-t-il raconté par e-mail. La solidarité s’organise, y compris au niveau de l’Eglise du Japon qui, malgré sa petitesse (0,3% de la population, ndlr), sait remarquablement mettre en place un mouvement d’entraide par son réseau interdiocésain et interparoissial, afin d’envoyer des volontaires et du matériel.»
Un prêtre des MEP, qui a connu le tremblement de terre de Kobe de 1995, a rapporté que, dans la région de Sendai, les secours étaient ralentis parce que l’eau ne reflue pas. Dans certaines régions, la vague du tsunami a envahi des terres situées sous le niveau de la mer, et l’eau ne s’écoule pas. Cela retarde les recherches pour retrouver des survivants.
Un sang-froid et une dignité exemplaires
Depuis Tokyo, le responsable des MEP pour le Japon, le Père Olivier Chegaray, a dit son admiration pour «le sang-froid et la dignité exemplaires dont les Japonais font preuve dans leur malheur». «Hier, à la messe dominicale, a-t-il écrit dans un e-mail daté du 14 mars dernier, alors que je prononçais l’homélie, l’église a été fortement secouée. J’avoue avoir eu du mal à garder tout mon aplomb, mais personne dans l’assistance n’a bougé…»
Le prêtre a salué, en autres, la mémoire du Père André Lachapelle, des Missions étrangères du Québec, dont le décès a été annoncé. Ce dernier serait mort d’une crise cardiaque, alors qu’il tentait de rejoindre son église, située à une trentaine de kilomètres du centre de Sendai. Agé de 76 ans, le missionnaire québécois vivait au Japon depuis près d’un demi-siècle.
Les catholiques se mobilisent
Depuis Kobe enfin, un missionnaire rapporte que les catholiques ont envoyé, dès le 11 mars au soir, des équipes de bénévoles vers la zone sinistrée, située au nord-est de Tokyo. Depuis le tremblement de terre de 1995, le visage de la communauté catholique de Kobe a changé, a-t-il expliqué. Le drame avait provoqué un fort élan de solidarité que nul n’aurait pu imaginer peu auparavant. Les bénévoles avaient afflué pour aider la population sinistrée et une générosité enfouie avait resurgi.
Aujourd’hui, les catholiques de Kobe, qui «portent encore les blessures du séisme dans leur corps et leur cœur», veulent aider à leur tour ceux qui vivent le même drame. Dans les heures qui ont suivi la diffusion des images du tsunami dans le Nord-Est de l’archipel, des équipes de jeunes volontaires catholiques, dont des médecins et des infirmières, de Kobe sont partis pour porter secours aux victimes des régions touchées par la catastrophe. (apic/eda/nd)