Une Eglise qui veut maintenir l’esprit de l’Evangile se doit d’être innovante, estime Daniel Kosch

Une Eglise qui veut maintenir l’esprit de l’Evangile, également en période de bouleversements, se doit d’être innovante, estime Daniel Kosch. Le secrétaire général de la RKZ, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse, intervenait sur le thème de l’innovation lors de la 34e journée de la Coordination interdiocésaine au prieuré bénédictin de Fischingen (TG).

Chaque année, au mois de novembre, les délégués des conseils pastoraux diocésains et cantonaux de toute la Suisse se retrouvent lors d’une rencontre organisée par l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI). (*)

Empoigner les changements – Développer une vision

Comme représentants/tes de terrain, les membres des conseils pastoraux sont confrontés aux réalités sociétales et s’engagent pour une pastorale adaptée aux besoins de notre époque. Les pieds ancrés sur terre, elles et ils s’efforcent de faire une Eglise qui ne perde pas le contact avec les femmes et les hommes d’aujourd’hui, note Eva Baumann-Neuhaus, responsable des projets scientifiques au SPI.

Les rapports d’activités de tous les conseils pastoraux reflètent cet engagement pour une Eglise capable d’envisager l’avenir, Mme Baumann-Neuhaus (SPI). Ces rapports témoignent de la recherche de voies nouvelles qui tiennent compte des ressources financières et en termes de personnel ainsi que des changements structurels et sociétaux.

Un élément est ressorti clairement de la discussion avec les délégués pastoraux lors de ces journées qui se sont tenues les 2 et 3 novembre à Fischingen: l’Eglise a des facettes multiples, elle est multiforme et doit donc être portée et «aménagée» par des acteurs divers. Sur la base de ce constat, les conseils pastoraux ne s’impliquent pas seulement de manière pragmatique pour assurer la continuité, mais ils développent également des visions et tentent d’initier du nouveau. Un exemple: le conseil pastoral du Haut-Valais, qui a lancé l’initiative «ufbrächu» (prendre son envol, s’ouvrir), à la suite d’une démarche participative de grande envergure, une initiative pour une Eglise qui prend encore et encore son envol.

Planifier la vie ecclésiale en des temps incertains

La seconde journée, intitulée «Une Eglise qui prend des risques – Là où s’enracinent les idées nouvelles» était consacrée au thème de l’innovation. Daniel Kosch, secrétaire général de la RKZ, a relevé que l’on peut mettre pas mal de choses sous l’étiquette de l’innovation. Le spectre s’étend de la digitalisation à de nouvelles formes de célébrations, des réformes de l’organisation et des structures jusqu’à un nouvel essor spirituel.

Il n’existe pourtant pas de stratégie d’innovation qui puisse changer «tout» ou initier simultanément des changements sur tous les plans. Chaque nouveauté lancée porte en elle des risques cachés, des conséquences non intentionnelles et des effets secondaires. Planifier et aménager l’Eglise pour le futur est donc une tâche complexe et incertaine.

Reconnaître les signes des temps

Pour pouvoir malgré tout donner des impulsions suivies d’effet, il faut avoir la capacité de reconnaître les signes des temps, de dégager les bonnes priorités et de mobiliser des ressources au service de la vie. «Une telle Eglise reste non seulement orientée selon les réalités et les besoins des êtres humains mais elle remet aussi régulièrement en question ses propres façons de voir et ses routines».

Les ateliers ont montré à plusieurs reprises et avec une grande clarté que l’Eglise a su rester souple et répondre aux changements de la société et des réalités des hommes et des femmes d’aujourd’hui.

Exemples d’une Eglise «souple» et faisant preuve d›humanité

«L’Eglise est colorée, l’Eglise a de nombreuses facettes», selon les mots de Monika Hungerbühler, cheffe du projet de future unité pastorale à Bâle-Ville.

L’intervenante a souligné le sérieux avec lequel l’Eglise de Bâle-Ville a aménagé ce projet de restructuration de la pastorale, en suivant l’idée directrice selon laquelle toutes les paroisses, les communautés, les services d’aumônerie spécialisée et les communautés issues de la migration ont accès de manière équitable aux ressources.

A Berne, le projet «Foodsave Bankett»

Le projet «Foodsave Bankett» de Berne, une initiative en lien avec la thématique du gaspillage de nourriture, a montré clairement ce qui peut arriver lorsqu’une idée touche à un point qui est actuellement très sensible. La fête des récoltes, repensée et organisée par des jeunes gens, ne rassemble pas seulement chaque année des centaines de personnes autour d’une même table, elle réunit également des organisations ecclésiales et non-ecclésiales qui s’engagent ensemble, à leur échelle, pour un monde meilleur.

Enfin, elle permet à des personnes qui gardent habituellement leurs distances avec l’Eglise d’entrer en contact avec elle. L’esprit pionnier irradié par les intervenantes, Katharina Boerlin et Mirjam Kromer, du comité d’organisation de ce banquet, a fait forte impression.

Lausanne: une approche catéchétique à bas seuil

Le projet «Anhaltspunkt in Neuhegi» (point de repère à Neuhegi, quartier neuf de Winterthour), présenté par Barbara Winter, cheffe de projet, a montré clairement comment l’Eglise, par sa présence dans des quartiers urbains anonymes, peut créer des lieux ouverts de rencontre et de calme.

Le projet de catéchèse intergénérationnelle en Suisse romande, présenté par Fabienne Gapany, du service de catéchèse de Lausanne, a impressionné les participantes et les participants à la journée, parce qu’il montre comment une approche catéchétique à bas seuil, ouverte à tous les âges, peut créer des occasions entièrement nouvelles d’atteindre et d’impliquer les gens.

Une Eglise multiforme a besoin d’engagements multiformes

Les ateliers, qui abordaient la question de l’innovation sous la forme de projets concrets, de concepts pastoraux ou d’adaptations des structures, ont dégagé clairement le constat suivant: les déclencheurs d’innovation sont multiples et diversifiés. La raréfaction des ressources, une intuition pastorale, une problématique sociale peuvent donner l’impulsion à une idée, à une initiative, à un processus. «Mais il faut toujours des femmes et des hommes ayant l’esprit pionnier, il faut toujours l’engagement de personnes qui saisissent ces impulsions et les transforment courageusement en actes», a insisté Eva Baumann-Neuhaus. (cath.ch/com/spi/be)

(*) L’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI), un établissement de recherche soutenu par l’Eglise catholique en Suisse, fête ses 50 années d’existence le 18 janvier 2019 à St-Gall, où il est implanté. L’Institut analyse les mutations religieuses, mais aussi culturelles et sociales qui se produisent dans la société actuelle. Les constats et les résultats auxquels aboutissent ces travaux de recherche servent notamment de base à l’élaboration de concepts et de perspectives pour la planification pastorale et l’action de l’Eglise catholique en Suisse. JB

Initiative de l'église ouverte de Berne 'Foodsave Bankett' sur la place de la gare à Berne | www.offene-kirche.ch
11 novembre 2018 | 18:07
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
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