Une centaine de théologiens francophones réunis en congrès à Fribourg
Une centaine de chercheurs, doctorants et professeurs de diverses institutions et confessions ont participé du 30 mai au 3 juin 2018, à l’Université de Fribourg, au Congrès bisannuel de la Société internationale francophone œcuménique de théologie pratique (SITP). Les participants ont planché sur le thème: «Tout, tout de suite. Parole de Dieu et médiations chrétiennes dans une culture de l’immédiateté».
Organisé par le Centre d’études pastorales comparées et la chaire de théologie pastorale de l’Université de Fribourg (prof. François-Xavier Amherdt), en collaboration avec l’Institut lémanique de théologie pratique (Université de Lausanne, prof. Olivier Bauer et Université de Genève, prof. Élisabeth Parmentier), le Congrès a rassemblé une centaine de participants du Québec, d’Afrique, du Liban, de Belgique, de France et de Suisse. S’y sont succédé conférences, débats, ateliers, présentations et relectures d’expériences, travaux en groupes et en séances plénières.
Université et Fête-Dieu
Réunis à Notre-Dame de la Route à Villars-sur-Glâne, les participants ont également rencontré les étudiants et responsables de l’Institut romand de formation aux ministères laïcs en Église (IFM). Les congressistes ont pris part aussi à la grande célébration de la Fête-Dieu à Fribourg et en ont opéré une relecture critique, théologique et pastorale. Ils ont été conduits par l’ancien prévôt, le chanoine Claude Ducarroz, pour une visite de la cathédrale Saint-Nicolas, et par le Père Pascal Marquard, pour la découverte de l’église des Cordeliers, où l’Octuor Vocal de Sion, dirigé par l’abbé François-Xavier Amherdt, leur a offert un concert. Le dimanche, ils ont participé aux célébrations dans les lieux de cultes de diverses confessions de la ville.
Chronos et kairos
La réflexion thématique a porté sur le rapport entre chronos (le temps) et kairos (le moment favorable). Dans un temps accéléré et compressé, comment trouver les moyens de favoriser une rencontre effective, personnelle et communautaire avec la Parole de Dieu? Les pratiques pastorales issues du trésor du patrimoine des communautés ecclésiales et de la religiosité populaire ont à être sans cesse renouvelées, transformées, voire remplacées par des offres contemporaines et inédites, au sein de la société postmoderne ‘liquide et immédiate’, privée de repères.
La force de la Parole
La Parole de Dieu produit toujours un effet, mais nous ne pouvons ni le prévoir ni le programmer, ont reconnu les participants. Au delà d’un certain ‘marketing spirituel’, il faut passer d’une réflexion sur le ‘comment faire’ pour que la Parole du Seigneur demeure audible aujourd’hui, à ‘quel type de mise en œuvre envisager’ pour favoriser l’action de l’Esprit Saint. Les techniques et moyens sont nécessaires, mais ils ne servent qu’à faciliter l’œuvre même de Dieu et à rendre les destinataires capables de s’y ouvrir, ont souligné les congrressistes.
Pour cela, les initiatives et la prise de responsabilité des théologiens et acteurs pastoraux demeurent indispensables, mais dans le but de laisser faire la Parole et de permettre ainsi à ‘Dieu d’en placer une’ à travers la liturgie, les rituels, la prière, l’engagement pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création, la catéchèse, le témoignage, l’enseignement, les rassemblements.
Des médiations indispensables
C’est à un juste équilibre entre mission ad extra, dans le monde et les périphéries, et ad intra, dans la vie des communautés, qu’est appelée l’action ecclésiale aujourd’hui. Elle doit toujours se situer dans le milieu où elle s’exerce, s’y contextualiser et s’y inculturer. Les médiations favorisant l’émergence du kairos prophétique, qui ne dépend jamais de nous, sont incontournables pour un juste rapport à Dieu. Ce n’est pas seulement une nécessité anthropologique attachée à l’homme corps – âme – cœur – esprit, mais aussi une dimension théologale. Quand l’être humain oublie les médiations, il risque de se mettre à la place de Dieu et de ne plus entendre que sa propre voix.
Prochain congrès à Québec
La SITP encourage le partage œcuménique des recherches et la circulation des informations entre membres, instituts et continents. Elle essaie de susciter de nouvelles vocations de jeunes chercheurs. Elle soutient les Églises moins dotées en moyens matériels (bibliothèques, organisations de colloques, etc.). Elle a élu à sa tête pour les deux prochaines années le pasteur réformé presbytérien de Yaoundé, Jean-Patrick Nkolo Fanga, qui succède à l’abbé Yves Guérette, de l’Université Laval à Québec. Le prochain Congrès aura lieu en mai 2020,à Québec, sur la problématique des ‘pratiques de libération’. (cath.ch/com/mp)