Un prélat et une laïque arrêtés par le Vatican après la fuite de documents sur les finances du petit Etat
Rome, 02.11.2015 (cath.ch-apic) Le secrétaire de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège, le prélat espagnol Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, et l’Italienne Francesca Immacolata Chaouqui, ont été arrêtés le 1er novembre 2015 au Vatican. Ils ont été appréhendés après le vol de données dans l’ordinateur du contrôleur général des finances du petit Etat, a indiqué le lendemain le Saint-Siège.
Les deux personnes sont accusées d’avoir divulgué des documents comptables dont certains devraient être publiés dans deux ouvrages polémiques à paraître en Italie.
L’ombre de «Vatileaks» plane de nouveau sur le Vatican
L’ombre de l’affaire «Vatileaks» qui avait empoisonné la fin du pontificat de Benoît XVI plane de nouveau sur le Vatican. Cette fois-ci, ce n’est pas dans le bureau du pape que des documents ont été dérobés par un majordome infidèle, mais dans les comptes du Vatican par des personnes nommées par le pape lui-même en vue de réformer les finances.
Alors que deux ouvrages à paraître prochainement en Italie promettent des révélations sur les affaires financières du petit Etat, le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé l’arrestation de deux anciens membres de la Commission d’étude sur l’organisation des structures économico-administratives du Saint-Siège (COSEA). Cette commission avait été mise en place en 2013 par le pape François en vue de réformer les finances du Vatican.
Personnalités controversées
Le 31 octobre dernier, a précisé le Saint-Siège, la Gendarmerie vaticane a convoqué Mgr Lucio Angel Vallejo Balda et Francesca Immacolata Chaouqui pour les interroger dans le cadre d’une enquête sur le vol et la divulgation de données comptables remontant à «plusieurs mois».
Arrêtés le 1er novembre, ils ont passé une première nuit aux arrêts au Vatican. Francesca Immacolata Chaouqui, une femme de 33 ans au profil controversé et dont la nomination avait fait couler beaucoup d’encre en Italie deux ans plus tôt, a collaboré avec la justice vaticane et a été relâchée le 2 novembre. Celle-ci aurait d’ailleurs déjà été impliquée dans l’affaire ›Vatileaks’ en 2012. Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, prélat espagnol proche de l’Opus Dei et âgé de 54 ans, est toujours détenu au Vatican.
En mars 2014, le pape François avait déjà écarté Mgr Balda et Francesca Chaouqui. Le premier, en effet, n’avait pas été nommé à la tête du tout nouveau Secrétariat pour l’économie. Le pape avait préféré y placer l’un de ses secrétaires, le Maltais Mgr Alfred Xuereb. Quant à la seconde, elle n’avait pas été retenue au sein des experts laïcs du nouveau Conseil pour l’économie. Un mois plus tard, Mgr Balda et Francesca Chaouqui avaient fait parler d’eux lorsqu’ils avaient organisé une somptueuse réception sur la terrasse de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège à l’occasion de la canonisation de Jean XXIII et Jean Paul II.
Vol d’informations
Les journalistes italiens Emiliano Fittipaldi de l’hebdomadaire «L’Espresso», et Gianluigi Nuzzi, du groupe télévisé «Mediaset» ont annoncé la parution prochaine de livres sur les finances du Vatican. Les deux ouvrages se baseraient notamment sur les informations volées par le prélat espagnol et la laïque italienne. Le Saint-Siège, en annonçant leur mise en cause, a tenu à rappeler également que «la divulgation d’informations et de documents confidentiels est un délit prévu par la loi» au Vatican depuis juillet 2013.
Les livres annoncés, a poursuivi le Saint-Siège dans un communiqué, «sont, comme par le passé, le fruit d’une grave trahison de la confiance accordée par le pape et, en ce qui concerne les auteurs, d’une opération visant à tirer profit de l’acte gravement illicite de la transmission de documentation confidentielle».
Les aspects juridiques et éventuellement pénaux de ces actes, a précisé le communiqué, font l’objet d’une réflexion du bureau du Promoteur de justice en vue de mesures ultérieures éventuelles, en ayant recours, le cas échéant, à la coopération internationale.
«Des publications de ce genre, a encore souligné le Vatican, ne participent en aucune façon à établir la clarté et la vérité, mais plutôt à entraîner confusion et interprétations partielles et tendancieuses».
Aussi, a conclu le communiqué, «il est nécessaire d’éviter absolument de penser que cela est une façon d’aider la mission du pape». Ce dernier, le jour de l’arrestation des deux inculpés, avait souligné que «ceux qui se promènent en semant la zizanie», qui «cherchent toujours les occasions d’embrouiller, de profiter des autres», ne «peuvent pas être heureux», lors de la messe de la Toussaint au cimetière romain du Verano. (apic/imedia/ami/ak/be)