Un non-Tessinois pourra-t-il un jour devenir évêque de Lugano?
La pétition lancée au Tessin il y a deux ans pour permettre à un non-Tessinois de devenir évêque de Lugano est en panne, avoue un de ses initiateurs, Luigi Maffezzoli. Les instances concernées se renvoient en effet la balle l’une à l’autre.
Regula Pfeifer kath.ch / traduction adaptation Maurice Page
L’idée de la pétition remonte à la nomination de Mgr Alain de Raemy comme administrateur apostolique du diocèse de Lugano en octobre 2022. En raison d’un accord conclu en 1968 entre la Confédération et le Saint-Siège, l’évêque de Lugano doit être «élu parmi les prêtres appartenant au canton du Tessin» – c’est-à-dire qu’il doit être tessinois. Ce que Mgr de Raemy n’est pas, donc il ne peut pas devenir formellement évêque diocésain et le siège de Lugano reste vacant.
Au début 2023, trois initiateurs tessinois se sont adressés au ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis et au nonce à Berne pour demander une modification de la clause d’élection des évêques dans le diocèse de Lugano. Mais aujourd’hui «nous sommes coincés», a expliqué à kath.ch Luigi Maffezzoli.
Le 4 avril 2023, les trois initiateurs de la pétition avaient bon espoir. Ils avaient rencontré le conseiller fédéral Cassis et le nonce à Berne. Ils avaient pu présenter personnellement leur requête et remettre leur pétition signée par quelque 2’200 sympathisants.
Modifier l’accord de 1968
L’appel demande que l’évêque de Lugano ne soit plus obligatoirement de nationalité tessinoise. Le traité correspondant entre le Saint-Siège et la Confédération de 1968 doit être modifié.
Depuis, l’élan est retombé. Problème : les services sollicités se renvoient l’un à l’autre la question. «Le Conseil fédéral est d’accord pour revoir la clause», explique Luigi Maffezzoli, «mais il exige que le Conseil d’Etat tessinois se prononce à ce sujet». Celui-ci est en effet compétent pour les relations entre l’Etat et l’Eglise. Sans requête formelle, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ne peut pas entrer en contact avec le Saint-Siège, dans le but de modifier l’accord de 1968.
Le Conseil d’Etat tessinois ne veut pas intervenir
De son côté, le Conseil d’Etat tessinois affirme que l’Eglise catholique romaine s’organise librement. C’est ce qu’il a écrit aux initiateurs de la pétition en juin 2023. «Le Conseil d’Etat déduit de ce principe la compétence de la direction de l’Eglise de déterminer les directives pour l’élection de l’évêque de Lugano».
Le Conseil d’Etat a toujours renoncé à exercer une quelconque influence sur la nomination des évêques, fait savoir son service de communication. De même il s’abstient de promouvoir des modifications des normes sans une volonté clairement exprimée de la part de l’autorité diocésaine. «Le gouvernement laisse la décision à l’évêché», confirme L. Maffezzoli.
Espoir dans le Saint-Siège
Mais de son côté, l’évêché de Lugano n’a aucune compétence en ce qui concerne les directives relatives à la nomination des évêques, car celle-ci sont fixées dans un accord international avec le Saint Siège auquel il n’est pas partie. «Il renvoie à cet égard au Saint-Siège, via la nonciature», explique L. Maffezzoli.
Et le Saint-Siège? La demande de kath.ch auprès du service de communication du Vatican reste sans réponse. «Le Saint-Siège a l’intention – en accord avec le conseiller fédéral Cassis et le nonce – de modifier la clause, mais pas tant que le siège épiscopal est vacant», explique le co-initiateur. Cela ne se fera donc qu’après la nomination de l’évêque de Lugano.
La solution? Que Mgr de Raemy acquière la nationalité tessinoise, ce qui est possible après trois ans de résidence au Tessin, et puisse ainsi être nommé évêque de Lugano. Après quoi le Saint-Siège pourrait entamer la procédure pour supprimer la clause de la citoyenneté tessinoise pour les nominations épiscopales ultérieures. Affaire à suivre ! (cath.ch/kath.ch/mp)