Un musée de la mémoire juive marocaine va s'ouvrir à Fès

La communauté juive du Maroc, dont la présence sur ce territoire est attestée dès le IIe siècle av. J.-C, représentait entre 3 et 4 % de la population marocaine (soit plus de 250’000 personnes) en 1948, date de la fondation d’Israël. Moins de 2’500 juifs habitent encore au Maroc aujourd’hui, dont une majorité à Casablanca.

Nombre d’habitants du Maroc n’ont plus de contact direct avec ce qui reste d’une communauté juive jadis florissante. «Leur perception du judaïsme marocain est rudimentaire voire inexistante. Ceux qui ont vécu côte à côte avec leurs voisins juifs sont de plus en plus rares. L’enseignement de cette partie de l’histoire du Maroc aux jeunes générations est complètement occulté», peut-on lire sur le site de l’Association des Amis du Musée du Judaïsme Marocain.

Un héritage occulté

Depuis 1994, la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain (FPCJM) et son musée à Casablanca se sont attachés à promouvoir le travail de sauvetage de ce précieux patrimoine culturel.

Un passé révolu Musiciens juifs marocains | ©Tribune juive

 

La mémoire juive marocaine sera célébrée avec la création d’un futur musée à Fès, souligne pour sa part le président de la Fondation Nationale des Musées du Maroc (FNM), Mehdi Qotbi. Il indique que les discussions sont en cours et que l’idée de créer ce musée a été officiellement actée, rapporte le webzine huffpostmaghreb.com.

Après une visite mercredi 18 juillet au cimetière israélite de Fès en compagnie d’Essaid Zniber, wali (*) de la région Fès-Meknès, et du maire de la ville, Driss Azami Idrissi, Mehdi Qotbi a déclaré que ce projet s’inscrivait dans le cadre de la stratégie de la FNM, qui s’intéresse à toutes les villes du Maroc. «Aucune région aujourd’hui ne sera oubliée», a-t-il assuré, relevant que Fès reste «la mémoire du pays, celle d’un peuple et d’une culture».

Le judaïsme, «frange essentielle de notre culture»

Pour lui, ce lieu de mémoire portera «un message fort de Fès au monde» et «est nécessaire et important pour que cette mémoire commune soit mise en valeur». Une mémoire qui, à ses yeux, «ne doit pas occulter une frange essentielle de notre culture qui est le judaïsme». Mehdi Qotbi a précisé au HuffPost Maroc que l’espace où se trouvera le futur musée sera probablement entre le Palais Royal de Fès et le musée Batha de l’art de l’islam.

Le président de la FNM a, par la même occasion, mis en avant l’importance du lancement des travaux de rénovation du musée Batha, qui sera désormais appelé «Musée de l’art de l’Islam», et qui pourrait être inauguré en même temps que le musée de la mémoire juive marocaine. «Une symbolique extraordinaire», estime Mehdi Qotbi.

Développer l’ouverture d’esprit

Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre de la promotion de la culture, en tant qu’élément de développement économique et social et d’ouverture de l’esprit, ainsi qu’un moyen pour les jeunes de connaître la richesse et la diversité de la mémoire nationale, a-t-il indiqué.

Pour Armand Guigui, président de la communauté juive de Fès, Oujda et Sefrou, cette visite a pour objectif de mettre en lumière les lieux de mémoire de la communauté juive de Fès, en vue de choisir un lieu pour la création d’un musée de mémoire de la culture juive marocaine. Le maire de Fès, Driss Azami Idrissi, a mis de son côté l’accent sur cette initiative destinée à promouvoir le patrimoine civilisationnel, culturel et historique de la ville de Fès.

Il existe depuis 1997 un Musée du judaïsme marocain à Casablanca. C’est le seul musée juif en Afrique du nord et au Moyen Orient, rappelle la Tribune juive.  (cath.ch/huffpost/com/be)

(*) Les walis sont, avec les gouverneurs, les représentants de l’Etat dans les régions

 

 

La synagogue Beth-El, à Casablanca | © Tripadvisor
21 juillet 2018 | 11:45
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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