San Salvador Tombe de Mgr Oscar Romero dans la crypte de la cathédrale | © Jacques Berset
International

Un général impliqué dans la mort de Mgr Romero extradé vers le Salvador

Le général salvadorien Jose Guillermo Garcia, impliqué dans les assassinats du bienheureux Oscar Romero et de centaines de civils, a été extradé des Etats-Unis vers son pays d’origine, rapporte le 13 janvier 2016 le journal américain National Catholic Reporter (NCR).

Le général Garcia résidait depuis 25 ans en Floride. Il est accusé d’avoir, alors qu’il était ministre de la Défense du Salvador, joué un rôle clé dans l’assassinat de l’archevêque Oscar Romero, de quatre femmes missionnaires et d’environ 1’000 paysans sans défense du village d’El Mozote, au début des années 1980.

Les Etats-Unis, qui lui ont dans un premier temps donné refuge, ont effectué un revirement et déclaré qu’il devait être extradé vers son pays d’origine. Le 8 janvier dernier, des officiers de l’immigration, agissant d’après des décisions de justice confirmant sa participation dans des cas de torture et d’exécution extra-judiciaires, ont placé le général Garcia de force dans un avion avec 130 autres Salvadoriens expulsés.

L’avion a atterri, de façon ironique, sur l’aéroport international de San Salvador, renommé en l’absence du général «Archevêque Oscar Arnulfo Romero». A part les caméras de télévision et les journalistes, une petite foule l’attendait pour le confronter aux fantômes du passé, brandissant des pancartes le traitant d’»assassin» et de «tortionnaire». Parmi eux se trouvait Mirna Perla et le docteur Juan Romagoza.

Torturée alors qu’elle était enceinte

Mirna Perla est une ancienne magistrate de la Cour suprême du Salvador dont le mari, Herbert Anaya, a été assassiné sous les yeux de leur petite fille. La victime travaillait pour une organisation de défense des droits humains que Mgr Romero soutenait. Mirna elle-même a été torturée par des chocs électriques alors qu’elle était enceinte.

Juan Romagoza était chirurgien lorsqu’il a été sauvagement torturé en 1980, quand Jose Garcia était ministre de la Défense. Il n’a plus jamais été en mesure, après cela, de pratiquer la chirurgie. Lui aussi a reçu des chocs électriques, a été pénétré avec un bâton et pendu au plafond pendant plusieurs jours.

Son témoignage devant les instances judiciaires américaines a été déterminant dans la décision d’extradition de Jose Garcia.

250 enfants assassinés

La famille d’Ita Ford, l’une des quatre missionnaires américaines violées et assassinées par des escadrons de la mort en décembre 1980, a également fait part de sa satisfaction quant à l’arrivée de l’ancien militaire au Salvador.

L’ancien ministre de la Défense était entré aux Etats-Unis après avoir prétendu que lui et sa famille étaient menacés. L’administration de George Bush lui a accordé l’asile politique en 1989.

Le tribunal américain qui s’est penché sur le cas du militaire salvadorien a confirmé qu’il avait couvert les actions des escadrons de la mort et «assisté voire même participé» à 14 assassinats, six massacres et à des séances de tortures d’innombrables civils, dont le docteur Romagoza.

La cour a également découvert qu’il avait omis d’enquêter sur les meurtres de Mgr Romero, des missionnaires, ou encore sur le massacre de Rio Sumpul, en 1980, dans lequel environ 600 civils ont été tués. Il a fait preuve de la même passivité pour le massacre d’El Mozote, en 1981, dans lequel l’armée a exécuté plus de 1’000 villageois, dont 250 enfants. Le général a même nié que ce massacre se soit réellement produit

L’avenir de l’ancien fonctionnaire est encore incertain au Salvador, où une loi d’amnistie d’amnistie assure depuis plus de 20 ans l’impunité des responsables d’atteintes aux droits humains pendant le conflit civil de 1980-1992. La Cour suprême a lancé une procédure d’abrogation de cette loi qui est toujours en cours. (cat.ch-apic/ncr/rz)

San Salvador Tombe de Mgr Oscar Romero dans la crypte de la cathédrale | © Jacques Berset
16 janvier 2016 | 17:41
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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