Un évêque américain s’inquiète d’une possible expulsion des réfugiés haïtiens
Le gouvernement américain a annoncé fin février 2025 une révision du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les réfugiés haïtiens. Mgr Thomas Wenski, archevêque de Miami, avertit des conséquences désastreuses que cela pourrait signifier pour cette communauté.
Malgré les inquiétudes suscitées, l’administration Trump n’a pas mis fin au TPS pour les réfugiés haïtiens, remarque le magazine jésuite America. La durée du statut a été réduite et réinitialisée au 3 août 2025, alors que l’administration Biden avait prolongé le TPS pour Haïti jusqu’en février 2026.
Si le TPS est effectivement levé en août, plus de 500’000 immigrants haïtiens récemment arrivés aux États-Unis pourraient perdre leur permis de travail et faire l’objet d’une déportation.
«Repousser les gens dans un maison en feu»
Mgr Wenski a exhorté ses paroissiens haïtiens à garder leur calme et à poursuivre leurs occupations, malgré l’incertitude créée par l’annonce du gouvernement. Il conseille aux nombreux immigrants actuellement protégés par le TPS de se concentrer sur d’autres moyens d’officialiser leur résidence aux États-Unis.
L’archevêque a souligné que la violence des gangs en Haïti restait incontrôlable. «Haïti est une maison en feu, et on ne peut pas repousser les gens dans une maison en feu», a-t-il déclaré. «Nous devons nous occuper de l’incendie et créer les conditions pour que les gens rentrent chez eux.» La perte de l’aide humanitaire des États-Unis après la fermeture de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) ne manquera pas d’aggraver la situation en Haïti dans les mois à venir, commente America.
Un crime contre l’humanité?
Pour Jean Denis Saint-Félix, supérieur des Jésuites en Haïti, la possibilité de retirer le TPS aux Haïtiens dans les conditions actuelles dans leur pays «serait un crime contre l’humanité». «Si les gens retournaient en Haïti, ils seraient soumis aux mêmes atrocités que celles auxquelles nous sommes tous confrontés en ce moment. La plupart d’entre eux n’auraient pas d’endroit où aller puisque de nombreuses maisons ont été incendiées par les gangs. Il n’y a pas d’emploi, pas d’hôpital, pas d’école pour les enfants.»
Alors que les critiques se sont concentrées sur les déclarations tonitruantes de Donald Trump sur les déportations Mgr Wenski a souligné que des expulsions «inadmissibles» d’immigrants haïtiens avaient déjà été entreprises par l’administration Biden. En avril 2024, 50 personnes ont été renvoyées vers Haïti. L’archevêque estime que cette démarche pourrait être contraire au droit international.
Selon les Nations unies, le «principe de non-refoulement garantit que nul ne doit être renvoyé dans un pays où il risque d’être soumis à la torture, à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ou à d’autres sévices irréparables», a rappelé le prélat de Floride. (cath.ch/america/arch/rz)