Un chemin marial, des Alpes grisonnes à la Madone de Tirano
L’association CammIKAndo met en place un réseau de chemins spirituels avec une unique destination: le sanctuaire marial de Tirano (I). Le célèbre lieu de pèlerinage dédié à la Vierge patronne de la Valteline est le troisième monument sacré le plus important de Lombardie, après la cathédrale de Milan et la Chartreuse de Pavie. Un itinéraire partira de Suisse méridionale.
La foi, l’amour pour la montagne et le désir de mettre en valeur le patrimoine historique régional. Ce sont les piliers du projet de «trekking marial» conçu par l’Association CammIKAndo de Tirano (I).
La voie mariale à travers les Alpes est en cours de planification. Elle sera composée de deux parcours principaux et d’autres secondaires.
Le chemin de l’ouest, de 90 kilomètres, se déploiera en cinq étapes. Il partira de Piantedo, au bord du lac de Côme et se terminera au sanctuaire de Tirano, dans la province de Sondrio. En revanche, la route de l’est s’étendra sur trois étapes, de Bormio à Tirano, dans la haute vallée de la Valteline, sur une longueur de 65 kilomètres, notamment à travers le parc national italien du Stelvio.
Toutes les étapes de l’itinéraire comprendront la possibilité de visites d’églises et des sanctuaires mariaux présents dans la région.
Un itinéraire depuis les Grisons méridionaux
En plus de ces deux routes principales, les initiateurs du projet sont en train d’imaginer un chemin qui mène à Tirano depuis le Valposchiavo (GR).
«Nous développons aussi d’autres itinéraires, précise Marco Milesi vice-président de CammIKAando, dont un qui prévoit un accord avec les autorités du Valposchiavo pour atteindre Madonna di Tirano par un chemin transfrontalier qui traverse la partie suisse. Car les habitants de cette vallée italophone des Grisons sont très dévoués à la Madone de Tirano. À tel point que le 29 septembre de chaque année, jour d’anniversaire de l’apparition de Notre-Dame, ils viennent en procession à pied et participent aux célébrations liturgiques présidées par l’évêque de Côme».
Selon la tradition, le 29 septembre 1504, dans un jardin potager de Tirano, la Vierge est apparue au bienheureux Mario Omodei, en lui demandant de construire à cet endroit même un sanctuaire en son honneur.
«Comme il s’agit d’un chemin spirituel marial, ajoute Marco Milesi, nous avons essayé de relier le plus grand nombre possible d’églises et de sanctuaires présents dans notre région. Chaque étape sera donc marquée par l’un de ces lieux où on pourra recevoir le sceau du pèlerin».
Une étape déjà praticable
La voie occidentale est en phase de concrétisation. La cinquième étape, de Teglio à Tirano, est la seule achevée et déjà complètement praticable, pour l’instant. Elle a été inaugurée le 29 septembre 2019 par l’évêque de Côme, Mgr Oscar Cantoni. Ce jour-là, plus de trois cents pèlerins ont parcours les 11 kilomètres parmi les vignes et les forêts de la Basse-Valteline, se souvient le vice-président de la jeune association.
«Grâce à une étude approfondie, nous avons compris que notre territoire alpin présentait toutes les conditions requises pour développer un chemin spirituel très intéressant», explique Lidia Culanti, présidente de l’association qui propose également des promenades guidées en groupe le long du parcours.
«Chaque étape du parcours peut être réalisée indépendamment des autres. La première voie aurait dû être achevée au printemps de cette année, mais l’urgence sanitaire provoquée par le coronavirus a bloqué tous les travaux».
Les itinéraires retenus ne sont pas seulement remarquables pour les beautés naturelle qu’on retrouve, mais aussi pour leurs important patrimoine historique. Teglio, par exemple, est un centre préhistorique qui abrite les origines lointaines de la Valteline, dont il tire son nom.
Après avoir installé les panneaux, l’association CammIKAando – dédiée à Federica, une amie de l’association qui avait une passion pour les montagnes et les chemins spirituels et qui est à l’origine du projet – a tout mis en place pour rendre le séjour des pèlerins le plus facile possible. Grâce à un «Pilgrim’s Ticket» spécial, ils pourront notamment se restaurer en chemin à des prix avantageux. (catt.ch/catt.ch/sg/dp)
San Romerio: un carrefour historique vers le sanctuaire de Tirano
Il existe une relation séculaire entre la vallée de Poschiavo et le sanctuaire mariale de Tirano. Outre la tradition du pèlerinage annuel, l’église pittoresque de San Romerio, située à 800 mètres au-dessus du village grison italien de Brusio, le témoigne également. Les plus anciens documents attestant de l’existence de l’église et de sa consécration par l’évêque de Côme, Mgr Guido Grimoldi, depuis 1092. À l’époque, le lieu de culte était gardé par des religieux qui offraient l’hospitalité aux voyageurs. Grâce à ces communautés, San Romerio était d’une grande importance pour la vallée et estimé à l’étranger.
Dans un document de l’évêché de Côme daté du 27 mars 1237, il est dit que la petite église de San Romerio était unie à l’église de Santa Perpetua au-dessus de Tirano. Par le décret du 27 septembre 1517, le pape Léon X intégra les églises de San Romerio et de Santa Perpetua dans le sanctuaire de Notre-Dame de Tirano, avec tous les droits et les biens. Depuis lors, San Romerio sert d’auberge d’été aux religieux de la Valteline. Chaque année, une procession part de Tirano pour se rendre à l’église, à 1800 mètres d’altitude, à travers vignes, bois et jachères.
Aujourd’hui, la chapelle et l’alpage de San Romerio peuvent être rejoints depuis le bourg de Poschiavo par un joli chemin pédestre, en quatre heures et demie, depuis le bourg de Poschiavo. On peut y passer la nuit dans un agritourisme (sanromerio.ch), pour reprendre le chemin le lendemain et atteindre Tirano en environ quatre heures de marche.