Un baptistère sème la discorde entre Israéliens et Palestiniens
Les autorités palestiniennes protestent suite à la récupération par les Israéliens, fin juillet 2020, d’un baptistère byzantin du 6e siècle. Alors que les Palestiniens crient au pillage de leur patrimoine historique, les Israéliens se félicitent d’avoir mis à l’abri une antiquité volée.
Le baptistère, taillé dans un monolithe, se trouvait depuis 20 ans dans le village palestinien de Tuqu’, près de Bethléem, rapporte le site d’information terresainte.net le 21 juillet 2020. Les autorités israéliennes l’ont fait récupérer récemment avec un camion escorté par l’armée. L’artefact de huit tonnes est une pièce rare du patrimoine chrétien de terre sainte. Il n’en existerait que deux autres du même genre dans la région.
La manœuvre israélienne, qui se voulait sans doute discrète, a cependant été filmée par un habitant du village et diffusée sur les réseaux sociaux. La vidéo a provoqué une vague de protestations de la part des Palestiniens.
Le baptistère octogonal se trouvait jusque dans les années 2000 sur la colline de Khirbet Teqoa, un site historique proche de Tuqu’. A cette époque, il fut volé par des pilleurs d’antiquités. Les Palestiniens se mobilisèrent donc pour trouver les coupables, et le monolithe fut récupéré après deux ans de recherches. Afin de pouvoir le surveiller, il fut décidé de le garder à portée de vue, dans le jardin du maire de l’époque, Suleiman Abou Mufarreh. Ce dernier envisagea de créer un petit musée pour mettre le baptistère à l’abri, mais ne reçut jamais de réponse du Ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités.
Vol ou mise à l’abri?
Suite à la récupération israélienne, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a publié un communiqué déclarant que «le vol par Israël de fonts baptismaux datant de l’époque byzantine à Bethléem pendant la nuit est un acte abominable de voyou et d’appropriation culturelle».
De son côté, le Cogat, l’organisme israélien chargé des activités civiles dans les Territoires palestiniens, qui a supervisé l’opération, s’est félicité d’avoir récupéré un «trésor culturel et historique», assurant qu’il «travaillerait sans relâche pour […] empêcher les voleurs d’antiquités de piller l’histoire de la région».
L’Autorité palestinienne entend présenter une note de protestation devant l’Unesco dont elle est membre depuis 2011. Selon terresainte.net, il est possible que les Israéliens profitent en la matière d’un «vide juridique», notamment eu égard au flou entourant le statut international des Territoires palestiniens. (cath.ch/terresainte.net/rz)