Un ayatollah iranien demande l'aide du pape pour lever les sanctions
Face à l’urgence sanitaire en Iran, l’ayatollah Mohaghegh Damad a demandé au pape François d’intervenir pour une levée des sanctions américaines contre le pays. L’Iran manque de ressources médicales pour faire face à la pandémie de coronavirus qui le frappe durement.
«En ma qualité de dignitaire islamique d’Iran, je vous demande humblement, à vous le guide bien-aimé des catholiques du monde entier, d’intervenir afin que ces sanctions soient supprimées», écrit Seyed Mostafa Mohaghegh Damad Ahmadabadi au pontife. Sa missive a également été envoyée à l’agence missionnaire vaticane Fides, qui l’a publiée le 20 mars 2020 sur son site internet.
Mohaghegh Damad est un haut responsable du Département des études islamiques et de l’Académie des sciences d’Iran. Il est également professeur de philosophie islamique à l’Université de Téhéran. Il entretient des liens de longue date avec le Vatican. Le pape Benoît XVI l’avait invité en tant qu’observateur et intervenant au Synode des évêques sur le Moyen-Orient, en 2010.
Au nom de Jésus
Pour l’ayatollah, le fait de plaider la fin des sanctions est un «acte humanitaire conforme à l’esprit de ceux qui croient en Jésus, lequel est un symbole universel de paix et d’amour».
Dans sa lettre, le responsable chiite explique au pontife que l’Iran voit une propagation rapide du coronavirus, faisant que de nombreuses personnes souffrent «de la perte des êtres chers, très souvent causée par les graves pénuries de matériel médical dues aux sanctions imposées par les Etats-Unis».
Face à la pandémie de Covid-19 qui menace le monde entier, Mohaghegh Damad se dit «profondément convaincu que le Saint-Père, avec un amour et une compassion sincères, continue de prier pour la fin de cette tragédie internationale et pour l’allégement des souffrances».
Des sanctions mortifères
L’Iran a déclaré, au 24 mars 2020, plus de 23’000 cas d’infections au nouveau coronavirus et près de 2’000 morts. Il s’agit du pays le plus touché après la Chine, l’Italie et l’Espagne.
En mai 2018, Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, rétablissant les sanctions américaines contre l’Iran, eu égard à la prétendue poursuite de son programme nucléaire. La Chine, le Japon, la Russie et des pays européens ont fait parvenir du matériel médical au pays. Mais l’économie de ce dernier est durement atteinte par les sanctions.
Les Etats-Unis ont assuré récemment être disposés à aider l’Iran, mais l’ayatollah Khamenei, le leader religieux suprême du pays, a appeler à refuser cette assistance. Le 22 mars 2020, il a affirmé que l’on ne pouvait pas être assurés que les médicaments qui seraient envoyés à l’Iran seraient sans risques.
Le 23 mars, le président iranien Hassan Rohani a confirmé que Téhéran n’avait aucune intention d’accepter une aide humanitaire américaine. Il a réitéré la demande d’une levée des sanctions afin de pouvoir lutter plus efficacement contre la pandémie.
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a aussi fait pression, le 24 mars, sur les Etats-Unis, pour un relâchement des mesures frappant l’Iran et d’autres pays comme le Venezuela, Cuba et la Corée du Nord. (cath.ch/cns/ag/rz)