Ukraine: Paul Dembinski pour des sanctions plus dures contre la Russie
L’économiste suisse d’origine polonaise Paul Dembinski, président de la «Plateforme Dignité et Développement», appelle à durcir les sanctions économiques contre la Russie. Directeur de l’Observatoire de la Finance à Genève, il lance le 27 février 2022 un manifeste avec un groupe réuni autour de plateformes chrétiennes européennes. Il appelle les gouvernements européen et suisse à prendre des mesures plus drastiques contre la Russie, «quel que soit le prix à payer pour l’Occident!»
«Nous, citoyens des pays libres, sommes en mesure d’influencer le cours des choses, à condition d’être prêts à en supporter le coût. Ceci implique notre acceptation, dès aujourd’hui, d’éventuelles difficultés dans notre quotidien, y compris une baisse du niveau de vie», indique l’appel lancé à l’initiative de Paul Dembinski, professeur du Département des sciences du Management à l’Université de Fribourg. Il lance cet appel alors que les troupes russes poursuivent leur offensive en Ukraine.
L’économiste fait allusion aux contre-mesures exercées par la Russie si l’Europe adoptait un profil plus sévère sur les sanctions économiques vis-à-vis de Vladimir Poutine. Avec, entre autres, le risque que la Russie ferme le robinet du gaz, obligeant les pays européens à aller s’approvisionner à un prix beaucoup plus élevé sur les marchés mondiaux. «Cela peut nous coûter plus cher, bien sûr, mais n’est-ce pas le moment de souffrir pour ce en quoi on croit?»
Solidarité avec l’Ukraine
Cette démarche est une manière pour Paul Dembinski de se montrer solidaire de l’Ukraine, puisque, «en toute conscience, nous ne pouvons pas dire que l’actuelle agression de l’Ukraine ne nous concerne pas, qu’elle n’est pas notre affaire. Il ne s’agit pas de sauver la paix, elle n’existe plus. Il s’agit de préparer des bases solides pour la paix à bâtir. En attendant cela, il ne faut pas que l’indifférence et le souci de notre confort nous rendent complices du mal».
Pour l’économiste, il faut aller plus loin que les mesures de rétorsions que l’Europe est en train d’appliquer au niveau financier, en particulier la suspension partielle du système Swift, permettant les transactions financières internationales. «Sur le plan financier, ce n’est pas déterminant», assure-t-il. Cela pourra gêner la Russie mais pas la couper des flux financiers. «Pour prendre une image, le système Swift est une autoroute, mais la Russie pourra emprunter des routes de campagne».
Embargo sur les matières première
Paul Dembinski évoque des sanctions sur les flux commerciaux: «Cela deviendra sérieux lorsqu’on s’en prendra aux flux commerciaux en adoptant, par exemple, un embargo contre la Russie sur les matières premières». La démarche de l’économiste remonte au 26 février. «J’ai parlé de la situation avec un ami dominicain. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas rester sans rien faire».
Le texte doit être mis en ligne le 28 février sur la «Plateforme Dignité et Développement» (PD&D) ainsi que sur celles de l’Association internationale pour l’Enseignement Social Chrétien (AIESC) et de l’Association Humanisme et Solidarité. «C’est une première étape. Nous allons diffuser l’appel en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne». Le délai pour la collecte des signatures n’est pas encore fixé. «Il est prévu ensuite de transmettre l’appel accompagné des signatures aux gouvernements occidentaux et au président de la Confédération, Ignazio Cassis». La Suisse est aussi concernée par l’appel. «Les bons offices et les chambres d’hôtel, c’est bien joli, mais ce n’est pas de cela dont il s’agit».
Le texte est co-signé par des personnalités politiques, des membres de l’Église et des religieux, parmi lesquels Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, des dominicains de la province suisse ou encore Justin Welby, l’archevêque de Canterbury. (cath.ch/bh)
Le difficile début du chemin de paix
Déjà une fois au moins, dans l’histoire récente de l’Europe, la guerre a fini par atteindre aussi ceux qui avaient cherché à l’éviter par toutes sortes de concessions face à l’agresseur.
En toute conscience, nous ne pouvons pas dire que l’actuelle agression de l’Ukraine ne nous concerne pas, qu’elle n’est pas notre affaire. Il ne s’agit pas de sauver la paix, elle n’existe plus.
Il s’agit de préparer des bases solides pour la paix à bâtir. En attendant cela, il ne faut pas que l’indifférence et le souci de notre confort nous rendent complices du mal.
Nous, citoyens des pays libres, sommes en mesure d’influencer le cours des choses, à condition d’être prêts d’en supporter le coût. Ceci implique notre acceptation, dès aujourd’hui, d’éventuelles difficultés dans notre quotidien, y compris une baisse du niveau de vie.
De cette manière, nous tenons à exprimer notre solidarité avec le peuple ukrainien et donner à nos gouvernements les coudées franches pour prendre des mesures plus radicales à l’encontre de l’autocratie qui a décidé l’agression, de ses soutiens politiques et de ses armées. Il ne s’agit pas ici de fomenter l’action militaire. Nos politiciens, leurs conseillers et états-majors, savent très bien quelles sanctions seraient plus efficaces, et plus douloureuses que celles approuvées jusqu’à ce jour. Nous voulons encourager nos gouvernements à prendre de telles mesures pour défendre dès aujourd’hui l’indépendance de l’Ukraine et la liberté de ses citoyens.
Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas de prendre pour cible le peuple russe, mais seulement d’atteindre les forces qui, avec ses dirigeants en tête, recourent à la contrainte et aux armes dès que quelqu’un ne partage pas leur vision du monde. Nous savons aussi qu’il y a en Russie beaucoup de personnes qui souffrent de cette situation. Nous voulons les encourager à se faire entendre aussi à travers notre voix.