Ukraine: Les gréco-catholiques espèrent un geste du Pape
Kiev/Rome, 24 février 2015 (Apic) Mgr Svjatoslav Shevchuk, chef de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, s’attend à une initiative du pape François en faveur d’une solution au conflit ukrainien. Il a suggéré que le pontife écrive une lettre en ce sens aux présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko, rapporte le 23 février 2015 Radio Vatican.
L’archevêque majeur de Kiev a fait ces déclarations au terme de la visite ad limina des évêques ukrainiens, à Rome. Le responsable gréco-catholique connaît personnellement le pape François, ayant exercé son ministère à Buenos Aires. «C’est un homme d’action, il parle peu mais il agit. Et il est très respecté partout dans le monde», souligne Mgr Shevchuk.
Lors de leur visite ad Limina, les évêques ukrainiens ont invité le pape François à visiter leur pays, «pour poser un pas prophétique», comme l’a défini l’archevêque majeur de l’Eglise ukrainienne gréco-catholique. Au Vatican, les prélats slaves ont souligné la nécessité de lancer un appel pour une action humanitaire internationale.
Selon le chef de l’Eglise gréco-catholique, le Saint-Siège défend l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Une catastrophe humanitaire
«Toute la société ukrainienne est blessée, physiquement et psychologiquement», a expliqué Mgr Shevchuk. Les chiffres officiels de l’ONU -qui font état de plus d’un million de déplacés- ne rendraient pas compte de la réalité du pays. Selon les prélats ukrainiens, il faudrait doubler ce chiffre. Ils seraient notamment 600’000, dont 140’000 enfants à avoir cherché refuge à l’étranger. Des chiffres dont le pape a également fait état le 20 février.
Les évêques d’Ukraine ont relevé que leur pays était confronté à une catastrophe humanitaire. L’Etat ne parvient pas à gérer l’exode massif. Ils ont souligné que l’œuvre d’entraide catholique Caritas faisait ce qu’elle pouvait, mais qu’elle avait besoin de soutien.
La semaine passée, explique Mgr Shevchuk, le pape a voulu que les évêques des zones de Donetsk et de Crimée (que revendiquent les séparatistes pro-russes) lui parlent de leurs réalités quotidiennes qui «ne consistent pas à faire de la politique», mais au contraire à «se tenir au côté de notre peuple, et à sentir l’odeur de nos brebis», comme le souhaite le pontife.
La liberté religieuse remise en cause
La liberté religieuse en Ukraine est aujourd’hui un sujet sensible: les tartares de Crimée, les musulmans se disent persécutés, rapporte l’archevêque majeur. «Nos frères juifs» ont fui Donetsk, relève le prélat gréco-catholique. En Crimée, cinq paroisses ont reçu l’ordre de se refaire enregistrer. Ce qui a été fait mais, par trois fois, leur demande a été rejetée, précise Mgr Shevchuk.
«Le conflit ukrainien n’est pas une guerre civile», a martelé l’archevêque majeur de Kiev, c’est une «invasion étrangère, imposée de l’extérieur».
Le pape avait reçu en audience le 20 février dernier les évêques ukrainiens en visite ad limina. Il les avait exhortés à se soucier des valeurs de leur peuple: «la rencontre, la collaboration, la capacité de résoudre les controverses». (apic/rv/rz)