Trésor de la Cathédrale de Coire: un véritable itinéraire spirituel
Situé dans une aile du palais épiscopal baroque, le musée du Trésor de la Cathédrale de Coire plonge le visiteur dans l’histoire chrétienne des Grisons. Depuis sa réouverture en août 2020, occultée par la pandémie, il permet au grand public de re-découvrir les chefs-d’œuvre de l’art chrétien rhétique. Suivez le guide.
Cristina Vonzun/traduction et adaptation Davide Pesenti
C’est un véritable itinéraire culturel et spirituel autour de l’art religieux et séculaire plurimillénaire grison que propose le musée du Trésor de la Cathédrale de Coire. Après le transfert temporaire de ce trésor spirituel et artistique au Musée rhétique, suite à la longue restauration de la cathédrale, sa réouverture a quelque peu échappé à l’intérêt général, durant cette année troublée par la pandémie.
Deux groupes d’objets sont proposé aux pèlerins et aux touristes, comme si l’on se promenait dans la cathédrale d’ouest en est: d’une part, le Trésor de la Cathédrale de Coire proprement dit, constitué principalement de reliquaire. D’autre part, on peut y admirer un cycle de peintures murales liées à la mort, daté de 1543.
Précieux reliquaires médiévaux
Les magnifiques reliquaires des 14ème, 15ème et 16ème siècle représentent le point culminant de ce parcours retraçant les 1600 ans d’histoire du plus ancien évêché du nord des Alpes.
Témoins artistiques de grande valeur de la dévotion liturgique médiévale, ils permettent d’approcher les nombreux saints vénérés dans les terres rhétiques, comme celui de saint Florian, un prédicateur et ermite du 7ème siècle, né en Val Venosta (Italie), à l’époque territoire de l’évêque de Coire; ou celui de saint Placidus, vécu à la même époque, qui, avec le moine Sigisbert, est à l’origine de la vie cénobitique qui a ouvert les portes au développement de l’abbaye bénédictine de Disentis.
Avec le buste gothique de saint Florian, le reliquaire de saint Lucius – saint patron du diocèse – évangélisateur des terres rhétiques au 5ème et 6ème siècle, est la pièce la plus spectaculaire du musée. Il a été réalisé vers 1499 par l’orfèvre Hans Schwartz de Constance.
Mais il ne manque pas des traces de vénération de saintes, Comme le magnifique reliquaire de Sainte Emerita – sœur de Luzius – du 15ème siècle ; ou le reliquaire de Sainte Ursule datant du 1407.
Selon la tradition, Emerita a annoncé l’Évangile dans le nord de la Rhétie entre le 5eme et le 6ème siècle et a été martyrisée près de Trimmis (GR). Absente de la Vie de saint Lucius écrite au 7ème siècle, elle est cependant vénérée dans les sources liturgiques à partir du 9ème et 12e siècles comme «vierge et martyre». Dès 1295, elle est mentionnée en tant que co-patronne de l’église Saint Lucius de Coire.
Outre les reliques, le Trésor cathédrale comprend également d’autres objets qui ont été rassemblés au fil des siècles, comme le précieux mobilier utilisé pour les célébrations liturgiques. Il s’agit notamment de calices, de cruches pour le vin et l’eau et d’encensoirs.
«Danses macabres»
La deuxième partie du musée grison est consacrée à un cycle de 25 panneaux, montrant des images de mort, faisant référence aux anciennes traditions médiévales connues sous le nom de «danses macabres». La mort y est représentée sur les différents panneaux «dansant» avec chaque homme – qu’il soit pape, empereur, évêque, noble, marchand, paysan, vieillard ou enfant.
Le visiteur découvrira le plus ancien cycle complet de la tradition médiévale dites «des danses macabres» en Suisse, qui ait survécu jusqu’à ce jour. Ces panneaux sont contemporains de la série de gravures sur bois, sur le thème de la mort, réalisée par Hans Holbein le Jeune (1497 – 1543), peintre et graveur allemand. Les pièces exposées sont les premières copies grand format de petites gravures antérieures à 1526.
Selon la tradition médiévale, les images montrent la rencontre des hommes avec la mort, à commencer par son irruption, selon les textes bibliques, dans l’histoire de l’humanité, en référence à l’épisode du péché originel d’Adam et Eve.
Dans ces artefacts prédomine une forte dimension symbolique, accompagnée d’un trait satirique qu’il ne faut jamais perdre de vue.
Dans la tradition de ces cycles picturaux – présents sous différentes formes dans l’iconographie médiévale – à la victoire apparente de la mort, qui n’effraie pourtant pas le cœur des vertueux, succède le jugement de Dieu. (cath.ch/catt.ch/cv/dp)
Le Musée du Trésor de la Cathédrale de Coire est situé dans le palais épiscopal de la capitale grisonne : Hof 19, 7000 Coire.
L’exposition est ouverte du mardi au dimanche, de 11h à 17h, entre mai et octobre ; du mardi au dimanche, de 14h-17h, entre décembre à avril.