Togo: le gouvernement refuse des observateurs de l’Eglise catholique
Le ministre togolais en charge de l’Administration territoriale (Intérieur), Payadowa Boukpessi, a rejeté pour la deuxième fois une demande de l’Eglise catholique pour l’accréditation d’observateurs à l’élection présidentielle du 22 février 2020. Le gouvernement met en cause la neutralité de la Conférence épiscopale.
Sept candidats dont le président sortant, Faure Eyadema, qui a succédé au pouvoir à son père, Gnissingbé Eyadame, en 2005, se présentent à cette élection. La Commission justice et paix (CJP) de l’Eglise togolaise et ses partenaires voulaient déployer 9’000 observateurs électoraux dans le pays.
En décembre 2018, à l’occasion des élections législatives, Payadowa Boukpessi avait opposé un premier refus à la requête de la CJP, d’envoyer 3’000 observateurs. Il avait invoqué des «financements douteux» dont bénéficierait la Commission. La Conférence épiscopale du Togo (CET) avait démenti ces allégations, rappelant que ses missions sont «dictées par la fidélité à l’évangile et la recherche du bien commun».
Eloignement de la démocratie?
Dans sa nouvelle opposition à l’envoi d’observateurs électoraux de l’Eglise catholique, Payadowa Boukpessi a indiqué que la CET, dont la CJP est un service, a pris «clairement des positions partisanes sur la situation politique» du pays. Le ministre argue notamment du refus des organes de l’Eglise de communiquer leurs sources de financement. Ce qui est selon lui «la preuve que cette opération (d’observation électorale) est téléguidée par une ou plusieurs organisations que vous ne voulez pas dévoiler, pour des raisons que nous ignorons».
La CET n’a pas souhaité réagir aux accusations du ministre de l’Intérieur. Mais la société civile est montée au créneau pour dénoncer cette décision du gouvernement. Pour David Dosseh, porte-parole du «Front citoyen Togo debout», qui regroupe plusieurs organisations de la société civile, il y a «un sentiment de révolte (…) Ce qui nous indigne surtout, c’est l’argumentaire faible, présenté dans la lettre du ministre (…) Il donne l’impression que le Togo, malheureusement, s’éloigne des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme, des dispositions de la déclaration de la Francophonie de Bamako, et de la CEDEAO [Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest] sur la démocratie, a-t-il relevé sur Radio France international (RFI). (cath.ch/ibc/ag/rfi/rz)