Terrible augmentation du trafic humain pendant la pandémie
«Alors que nous avons tous été confinés, comment est-il possible que la demande [en trafic humain] ait augmenté?», s’interroge le cardinal Michael Czerny, dans un entretien avec Vatican News en italien le 30 juillet 2020. Le prélat canadien s’exprimait à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains instituée par les Nations unies le même jour.
On estime qu’environ 40 millions de personnes sont victimes de la traite dans le monde. Selon le rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sur la traite des êtres humains, près d’un tiers des victimes sont des mineurs. En outre, 71 % sont des femmes et des filles. L’Organisation internationale du travail (OIT) rapporte par ailleurs que 21 millions de personnes sont également victimes du travail forcé, souvent lié à l’exploitation sexuelle.
La «grande tristesse» est que dans ces mois de pandémie «nous avons assisté à une terrible augmentation de la traite et que cela doit nous scandaliser», déclare le cardinal Czerny à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains. «Alors que nous avons tous été confinés, comment est-il possible que la demande ait augmenté?», s’interroge-t-il. Cela indique selon lui que les racines du problème «se trouvent dans les maisons, dans le cœur» des personnes, des citoyens.
Augmentation de la conscience dans le monde
Ce lien entre la traite et la vie ordinaire de personnes apparemment normales est un «grand scandale», qui doit nous faire réfléchir, demander pardon à Dieu, chercher la conversion nécessaire pour réduire et éliminer la demande qui est le moteur de la traite. Il est donc crucial selon lui que chacun, à tous les niveaux, soit conscient de ses actes. Il s’agit de ne pas seulement compter des chiffres de victimes, mais de réaliser que ce sont les choix de chacun qui peuvent soutenir et contribuer d’une certaine manière à la traite.
Face à ce drame, «ce qui est intéressant», c’est l’augmentation de la conscience dans le monde entier, souligne-t-il par ailleurs. «C’est la chose la plus importante pour nous». De nombreux nouveaux ministères de l’Église se développent pour agir sur le plan de la prévention, de la réhabilitation et de l’intégration des personnes.
Des religieuses qui agissent
La «plus grande réponse» au trafic humain de la part de toute l’Église catholique se trouve dans l’engagement des sœurs du réseau Thalitha Kum, considère-t-il. La «priorité» de la Section réfugiés et migrants est donc de les accompagner, collaborer avec elles, mais aussi de leur faire des suggestions et faciliter leur mission. «Nous faisons ce que nous pouvons, parce que dans tant de pays du monde, les sœurs répondent à ce fléau au nom de l’Église et du Christ. Il est essentiel de reconnaître ce travail parce qu’elle ne parlent pas, elles agissent».
En dix ans seulement, Talitha Kum a réussi à coordonner 52 réseaux de religieux présents dans plus de 90 pays sur tous les continents. Ce réseau compte désormais 2’000 opérateurs, assistant plus de 15’000 victimes de la traite. Plus de 200’000 personnes sont concernées par les activités de prévention et de sensibilisation. (cath.ch/imedia/ah/rz)