Bellinzone: Marche aux flambeaux et messes pour la liberté religieuse dans le monde

Témoignage de Mgr Camillo Ballin, en charge du vicariat apostolique d’Arabie du Nord

Bellinzone, 24 octobre 2012 (Apic) Les Eglises chrétiennes minoritaires de la Péninsule arabique – Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar, Yémen – sont contraintes de vivre cachées, à l’instar des premiers chrétiens du temps des catacombes, déplore l’»Aide à l’Eglise en Détresse» (AED). Pour en témoigner, la section suisse de l’œuvre d’entraide catholique a invité au Tessin et à Lausanne Mgr Camillo Ballin, en charge du vicariat apostolique d’Arabie du Nord, les 26, 27 et 28 octobre prochain.

L’AED organise une marche aux flambeaux à Bellinzone vendredi 26 octobre dès 19h30 depuis l’église de Santa Maria delle Grazie. Après une liturgie introductive, la procession partira de l’église à 20h00. Les fidèles écouteront des témoignages sur le parcours qui se terminera à 21h30 par une célébration au cours de laquelle Mgr Ballin parlera de la situation dans cette région de la Péninsule arabique.

Dans les pays musulmans de cette région vivent quelque trois millions de chrétiens condamnés à subir le pouvoir discrétionnaire de l’Etat et devant vivre dans une véritable «invisibilité», relève l’AED. Mgr Ballin, un missionnaire combonien italien de la région de Padoue, assiste pastoralement deux millions de catholiques immigrés, appartenant à divers rites et langues, dispersés en Arabie Saoudite, au Koweït, au Qatar et au Bahreïn.

Une Eglise réduite au silence dans la Péninsule arabique

La situation des chrétiens est «dramatique» en Egypte, au Pakistan, au Nigeria et en Erythrée. Mais, affirme l’œuvre d’entraide catholique, à côté de ces persécutions documentées par les médias, il en est une autre dont on ne parle pas. C’est celle perpétrée contre l’Eglise «dite du silence», où les fidèles n’ont pas la possibilité de s’exprimer et de donner une visibilité à leur foi. «C’est la situation où le simple fait d’être chrétien risque d’engendrer des conséquences graves pour son existence: emprisonnement, perte de travail, parfois même de la vie!» L’AED point du doigt le sort réservé aux chrétiens de la Péninsule arabique.

«80% des personnes qui ne peuvent vivre et exprimer librement leur foi dans le monde sont des chrétiens, et l’année 2012 a été particulièrement difficile pour eux», souligne l’AED. Au Tessin et en Suisse romande, l’œuvre d’entraide catholique organise les 26, 27 et 28 octobre, sa 6ème Journée nationale de prière pour tous ceux qui souffrent en silence.

Outre la marche aux flambeaux de Bellinzone, l’AED a mis sur pied deux messes à Lausanne: à 18h00 en l’église du Sacré-Cœur le 27 octobre, et à 10h00 le 28 octobre, à la paroisse de Ste-Thérèse. La messe sera suivie d’un pique-nique canadien et d’un témoignage sur le thème de la liberté religieuse.

En Suisse alémanique, l’AED a invité Mgr Pierre Bürcher, prélat d’origine valaisanne et actuel évêque de Reykjavik, en Islande. Mgr Bürcher est un spécialiste des Eglises du Moyen-Orient, notamment des communautés chrétiennes de Terre Sainte. Il présidera la messe le 27 octobre en l’église St-Pierre, et le 28 octobre en l’église St-Pierre, puis en l’église St-Nicolas, à Wil, dans le canton de St-Gall.

Encadré

La situation au Koweït est devenue «très critique» pour les chrétiens

Dans une interview accordée le 10 août 2012 à Radio Vatican, Mgr Camillo Ballin relève que le Bahreïn – qui jouit d’une position géographique centrale entre le Koweït et le Qatar, en face de l’Arabie saoudite – facilite grandement l’entrée dans le pays pour les rencontres de prêtres, de catéchistes et de responsables chrétiens. Les visas peuvent être obtenus avec plus de facilité que dans les Etats voisins. Evoquant les principaux défis pastoraux que rencontre l’Eglise catholique dans cette région, Mgr Ballin évoque notamment les différences de nationalités, de langues, de cultures et de rites religieux. «Dans la cathédrale de Koweït, nous célébrons en cinq rites différents – le rite latin, le syro-malabar, le syro-malankar, le maronite et le copte – et en 12 langues. Cette diversité de rites et de langues cause, parfois, des tensions».

La situation au Koweït est devenue «très critique» pour les chrétiens, confiait en avril 2012 le vicaire apostolique d’Arabie du Sud, Mgr Paul Hinder, dans une interview à l’agence de presse catholique américaine CNS. «Il n’y a aucun doute, nous sommes tous sous surveillance», avait affirmé le religieux capucin d’origine suisse s’exprimant après que l’assemblée nationale du Koweït eût approuvé à une immense majorité, le 12 avril dernier, l’introduction de la peine de mort pour les cas de blasphème.

Bien qu’il n’y ait pas de statistiques officielles sur la présence chrétienne dans cette région du monde, le vicariat apostolique d’Arabie du Nord estime que plus d’un million de catholiques vivent rien qu’en Arabie saoudite. Le Koweït compte au moins 350’000 catholiques, le Bahreïn quelque 80’000 et le Qatar de 200’000 à 300’000. Ces fidèles sont tous des travailleurs migrants venant d’une centaine de pays. La majorité d’entre eux proviennent des Philippines et de l’Inde. Le vicariat apostolique rappelle que des communautés chrétiennes existaient dans cette région du monde avant l’arrivée de l’islam, depuis les quatrième et cinquième siècle après J.-C. (apic/com/be)

24 octobre 2012 | 11:26
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
AED (95), Bellinzone (11)
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