Tchad: une paroisse profanée par des militaires
La profanation d’une paroisse catholique de N’Djaména, au Tchad, et l’agression de son curé par des militaires, le 3 novembre 2021, ont suscité une vague d’indignation dans ce pays de l’Afrique centrale, où les catholiques représentent 20% de la population, estimée en 2020 à 16,4 millions d’habitants.
Les médias locaux, tels que Ndjamena hebdo et Le pays ont rapporté que le 3 novembre, des militaires, à bord de trois pickups, ont fait irruption dans la cours de la paroisse saint- Isidore Bakandja, de Walia Goré, de la capitale.
Selon l’archevêque la capitale, Mgr Edmond Djitangar, cet incident a eu lieu dans la matinée et impliquait des militaires. «En l’absence du curé, l’abbé Madou Simon-Pierre, ils se sont installés sur les lieux, se comportant de manière irrespectueuse», a-t-il témoigné dans une vidéo postée sur la page Facebook de l’archidiocèse. «A son retour, a-t-il poursuivi, le curé, a demandé au chef du détachement, l’objet de leur mission et l’ordre de mission qui la justifiait. Il a eu pour réponse des injures, puis a été violenté et son téléphone portable lui a été arraché». C’est le énième incident de ce genre, a déploré l’archevêque.
Il a rappelé que le 6 février 2018, lors d’une manifestation de jeunes dans les rues, des grenades lacrymogènes avaient été délibérément tirées sur la paroisse de saint-Mathias Moulumba de son archidiocèse. Des fidèles qui sortaient de la messe matinale avaient alors étaient blessés.
Le 29 mars 2020, des hommes du Groupement mobile d’intervention de la police ont empêché un prête d’accéder à la paroisse du Sacré-Cœur de Chagoua de N’Djaména, pour célébrer l’Eucharistie dominicale, avec diffusion en direct sur une radio locale, à cause du confinement.
Tirs de grenades lacrymogènes
Le 23 avril dernier, la paroisse de Paris-Congo, un quartier populaire de N’Djaména, a été la cible de tirs de grenades lacrymogènes. Quatre jours plus tard, sept véhicules militaires ont de nouveau fait irruption dans la paroisse du Sacré-Cœur, au motif qu’ils voulaient occuper les lieux pour se reposer. Le même jour, un autre groupe des forces de l’ordre qui dispersaient des manifestants, a encore jeté des grenades lacrymogènes sur la paroisse.
Le président de l’Union des cadres chrétiens du Tchad (UCCT) Ngaradoum Alla-Ndigue a condamné l’attitude des militaires du 3 novembre, déplorant «le mutisme des autorités de transition» qui dirige le pays, depuis l’assassinant, le 19 avril 2021, de Idrissa Déby Itno.
De son côté, l’Entente des églises et missions évangéliques au Tchad s’est dit «solidaire» de l’Eglise catholique. Elle a appelé l’État au «strict respect de la laïcité et des lieux de culte», dans une prie de position rapportée par la radio internationale des États-Unis: La Voix de l’Amérique. (cath.ch/ibc/bh)