Syrie: rencontre entre Ahmed al-Charaa et des responsables chrétiens
Chef du nouveau gouvernement syrien, Ahmed al-Charaa a tenu une réunion avec des responsables du clergé chrétien, le 31 décembre 2024. Une geste de plus pour rassurer les minorités, perçu comme de «bon augure» par le cardinal Mario Zenari, nonce à Damas.
Organisée à Damas, la rencontre a rassemblé des responsables de diverses confessions chrétiennes, notamment orthodoxe, catholique, arménienne orthodoxe, anglicane et syriaque orthodoxe. «C’est un événement qui était inimaginable dans l’histoire de la Syrie jusqu’à il y a trois semaines», a déclaré à Vatican News, Mgr Zenari, nonce en Syrie depuis 16 ans.
L’ancien islamiste radical, qui dirige aujourd’hui le pays, a réitéré son objectif de bâtir une Syrie «inclusive». Depuis son arrivée au pouvoir il y a quelques semaines, le chef du HTC (Hayat Tahrir al-Cham – Organisation de libération du Levant) promet de construire une Syrie unie et démocratique et donne des gages d’ouverture aux Syriens. Mais au vu de son passé et des années d’oppression et de guerre traversées, rassurer les minorités et unifier la société syrienne, profondément divisée, paraît être une tâche titanesque.
«Nous devons être en première ligne»
Depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad, plusieurs incidents contre des lieux de culte ont d’ailleurs déjà eu lieu. Comme un sapin de Noël incendié à Souqaylabiya, une ville du centre de la Syrie: un acte attribué à des combattants étrangers d’un groupe djihadiste. Ou encore une attaque contre un sanctuaire vénéré par la communauté alaouite, à laquelle appartient la famille Assad.
De nombreux chrétiens pensent donc à quitter le pays, mais «ce n’est pas le moment de le faire», a déclaré une nouvelle fois Mgr Zenari. Le nonce a même demandé à ceux qui ont déjà fait le choix de partir de rentrer au pays. «Nous devons être en première ligne; en tant que chrétiens, cette opportunité nous est donnée, au moins en paroles (…) Nous devons être présents dans la reconstruction de la nouvelle Syrie en proposant des valeurs de sauvegarde des droits de l’homme, de liberté, de respect pour tous.» Une nouvelle constitution devrait bientôt être rédigé et cela doit se faire aussi avec l’aide de chrétiens compétents en matière de droit, note-t-il notamment.
Une économie sur les genoux
Partout où il a pris le pouvoir, le groupe rebelle (HTC) et son administration s’emploient à approvisionner en denrées essentielles les zones libérées, note le journal La Croix. Les nouvelles autorités du pays ont fait la promesse de mettre un terme à la corruption généralisée qui régissait jusqu’alors l’économie du pays. Une hausse des salaires des fonctionnaires de 400%, effective d’ici à la fin du mois de janvier, a été annoncée.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations, une agence de l’ONU, 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 16 millions de Syriens ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.
«Le nom de la paix, c’est le développement», a plaidé le cardinal Zenari durant son entretien avec Vatican News. Il décrit une économie qui s’effondre, avec «des infrastructures endommagées, la moitié des hôpitaux qui ne fonctionnent pas, des écoles détruites, des gens qui ont faim, qui n’ont pas d’électricité». Le diplomate italien s’est par ailleurs souvent élevé contre les sanctions économiques internationales pesant sur le pays et provoquant selon lui des effets dévastateurs sur la population. (cath.ch/va/lacroix/lb)