Syrie: Meurtre d'un chrétien, mais pas de «massacre» à al-Qaryatayn

Des sources médiatiques ont fait état d’un bilan de 21 chrétiens tués par les djiahdistes de l’Etat islamique (EI), au cours de leur occupation de la ville d’al-Qaryatayn, au centre de la Syrie, d’août 2015 à début avril 2016. L’agence d’information vaticane Fides confirme, le 12 avril, que les djihadistes ont exécuté au moins un chrétien, mais dément qu’un réel «massacre» se soit produit dans la localité.

Dans une interview diffusée par la BBC le 10 avril, le patriarche orthodoxe syrien Ignace Ephrem II a affirmé que 21 chrétiens avaient été tués par l’EI durant l’occupation et que d’autres étaient toujours aux mains des djihadistes. Or, en recoupant les informations de diverses sources locales, Fides a pu reconstituer les principaux faits relatifs aux violences contre les chrétiens dans la localité syrienne. D’après l’agence missionnaire, le scénario qui en ressort exclut que des «massacres antichrétiens» se soient produits à al-Qaryatayn.

Il semble ainsi certain qu’un chrétien accusé de blasphème ait été tué par les djihadistes, fin septembre. Mais d’autres chrétiens dont la mort avait été attribuée aux forces d’occupation auraient en fait été tués dans les bombardements effectués par différentes factions, dont la ville a été la cible.

Le Père Mourad, l’un des chrétiens enlevés

Des rumeurs ont également fait état de diverses prises d’otages de chrétiens de la part des islamistes. Des enlèvements de chrétiens ont effectivement été confirmés. Le Père Jacques Mourad, prieur du monastère de Mar Elian(Saint-Julien), a notamment été enlevé en mai par l’EI. Ayant réussi à s’échapper en octobre, il a fui al-Qaryatayn peu après, en compagnie d’environ 250 chrétiens de la ville. Ces derniers avaient été pris en otage et temporairement déportés au début de l’occupation de la zone par les djihadistes.

Al-Qaryatayn abritait, avant sa prise par les islamistes, une population d’environ 1’000 chrétiens, sur un total de 30’000 habitants.

Tortures

A partir du mois d’octobre, les chrétiens de la localité, notamment grâce à l’aide d’amis musulmans, ont commencé à quitter la ville par petits groupes, en direction d’Homs, pour rejoindre des zones contrôlées par l’armée syrienne, affirme Fides. Après les premières fuites de chrétiens, les djihadistes ont arrêté dix jeunes baptisés et les ont torturés, les menaçant de mort s’ils ne se convertissaient pas à l’islam, indique l’agence missionnaire.

Outre les méfaits contre les personnes, les djihadistes ont partiellement détruit et profané le monastère de Mar Elian.

Dans d’autres endroits de Syrie et d’Irak, l’EI a massacré et torturé des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants. (cath.ch-apic/fides/ag/rz)