Syrie: Le patriarche grec-catholique Grégoire III dénonce les bombardements d'Alep

Damas, 14 avril 2015 (Apic) Le patriarche grec-catholique Grégoire III d’Antioche a lancé le 14 avril 2015 un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle intervienne pour faire cesser les bombardements d’Alep. La capitale économique de la Syrie, au nord-ouest du pays, est soumise à d’intenses bombardements qui ont fait de nombreuses victimes civiles dans les quartiers chrétiens contrôlés par l’armée gouvernementale.

Le patriarche a dénoncé les «attaques terroristes» lors d’une conférence de presse tenue à la cathédrale melkite Notre-Dame de la Dormition, dans le quartier chrétien de Jdeydeh, à Alep. Des sources locales font état d’intenses tirs de missiles Grad entre le 10 et le 11 avril sur les quartiers d’Alep comptant la plus forte présence chrétienne. Dans ces quartiers contrôlés par l’armée syrienne, ces tirs de puissants missiles durant la nuit de vendredi à samedi, au moment même de la Pâques orthodoxe, ont fait au moins 20 morts.

Bombardements intensifs des quartiers chrétiens

Dans un communiqué, les Salésiens du Proche Orient annoncent la mort de deux jeunes frères, Anwar et Misho Samaan, tous deux animateurs salésiens, et de leur mère, Minerva, suite à la chute d’une roquette sur leur maison le 10 avril dernier. Anwar avait 21 ans et Misho 17.

Le 12 avril, c’est un raid de l’aviation syrienne qui a touché une école dans un quartier aux mains des rebelles, causant la mort de cinq enfants, de trois enseignantes et d’un homme.

Le 7 avril, Safouh Al-Mosleh, un collaborateur de Caritas Syrie, a été tué par une roquette qui a détruit sa maison, située dans la zone de la place Farhat, où sont concentrées les cathédrales gréco-catholique, maronite et arménienne.

Les quartiers chrétiens ont été attaqués le week-end dernier pour la première fois par des missiles, faisant de nombreuses victimes civiles. Jusqu’à présent, les chrétiens d’Alep étaient surtout ciblés par des attaques aux mortiers. Les missiles font beaucoup plus de dégâts et montrent que les rebelles disposent d’un armement de plus en plus menaçant, relève pour sa part le Frère Georges Sabé sur les ondes de Radio Vatican.

Les rebelles disposent de puissants missiles

Le religieux de la communauté des frères maristes d’Alep ne sait pas précisément quels sont les groupes armés qui ont bombardé les quartiers chrétiens. «Nous savons que ce sont les rebelles, les opposants. Je ne peux pas dire si c’est le Front Al-Nosra ou bien si c’est d’autres rebelles. (Leurs) missiles ont une capacité de destruction terrible».

Lançant un appel à l’aide au pape François et à la communauté internationale, il juge que la ville pourrait bientôt tomber aux mains des djihadistes, tout comme Idleb, contrôlée depuis la fin du mois de mars par le Front Al-Nosra, la section locale d’Al Qaïda. La semaine dernière, la cathédrale maronite, la cathédrale grecque-catholique, et tout le quartier qui les entoure, ont subi un bombardement massif. Les toits des deux cathédrales se sont effondrés. L’évêque grec-catholique a été contraint de déménager avec tous les bureaux de l’évêché vers un autre point un peu plus sécurisé.

Les rebelles menacent de prendre la zone contrôlée par Damas

Le Frère Georges Sabé craint que les quartiers chrétiens d’Alep soient pris par les rebelles. «Il y a des incursions en ville depuis une semaine, c’est très menaçant (…) Les gens ont vu l’exemple d’une autre ville du nord-ouest de la Syrie, Idleb, complètement envahie par les djihadistes. Les gens ont peur que ce soit d’un moment à l’autre une invasion totale avec tout ce qui pourrait arriver comme conséquences. On a dans notre arrière-pensée les images de Mossoul et ça revient à la conscience de chacun de se voir dans les rues. Nous savons très bien que nous sommes encerclés de tous côtés. Ces forces pourraient détruire l’unique voie qui pourrait nous faire sortir de la ville (…) Nous sommes en train de subir vraiment un calvaire. Et je voudrai aussi dire au Saint-Père, de tout mon cœur: nous avons besoin de vous !»

Dénonçant ‘une escalade militaire progressive» visant la population civile, que ce soient les chrétiens ou les musulmans, Mgr Georges Abou Khazen, vicaire apostolique d’Alep des latins, affirme que tous sont «fatigués de ces terribles actes de violence».

L’ingérence de puissances étrangères

Il déplore que des puissances et des intérêts «régionaux et internationaux» font persister ce conflit sanglant en envoyant des armes et des munitions de plus en plus puissantes et destructrices. Dans une interview à l’agence de presse catholique romaine AsiaNews, le vicaire apostolique d’Alep des latins ne peut chiffrer le nombre des victimes des derniers bombardements, car beaucoup sont encore pris dans les décombres des immeubles effondrés.

Mgr Georges Abou Khazen dénonce les puissances occidentales, l’Arabie Saoudite et la Turquie qui fournissent armes, combattants, entraînement militaire et soutien idéologique aux rebelles, soufflant sur le conflit et «fournissant des armes de plus en plus lourdes et létales aux combattants». «Nous sommes fatigués de la guerre, n’envoyez plus d’armes!», lance encore le prélat. Et d’affirmer qu’il y a un «projet d’éradiquer les chrétiens» de la Syrie, d’Irak, de tout le Moyen-Orient, dans le but de faire s’écrouler la mosaïque de cohabitation qu’était la Syrie avant la guerre, «où les chrétiens et les musulmans vivaient unis et sans tensions de nature confessionnelle». (apic/radvat/asian/fides/be)