Synode: accueillir les «marginalisés» pour leur orientation sexuelle

Le pape François «prend très au sérieux l’unité de l’Église», a expliqué le cardinal Joseph Tobin, archevêque de Newark dans le New Jersey, lors du briefing organisé le 10 octobre 2023. Le cardinal a expliqué que le Synode entendait se pencher sur la vie concrète des personnes qui se sentent «marginalisées» au sein de l’Église, notamment en raison de leur orientation sexuelle.

Répondant à une question sur les thèmes abordés durant les échanges de l’assemblée synodale, qui est dans sa deuxième semaine, le cardinal Tobin s’est dit préoccupé par l’accueil des personnes «qui ne sentent pas chez elles dans l’Église». Il a raconté avoir salué dans la cathédrale de son diocèse les participants à «un pèlerinage de personnes qui se sentent marginalisées en raison de leur orientation sexuelle LGBTQ+».

L’un de ses évêques auxiliaires, qui était resté avec le groupe, a alors remarqué que la cathédrale était très belle, «surtout quand ses portes sont ouvertes». Pour le cardinal Tobin, le devoir de l’Église est donc toujours d’être «accueillante» et de «garder les portes ouvertes». «Le Synode nous aide à le faire d’une manière plus significative», a-t-il expliqué.

Insistant sur la dimension multiculturelle de l’Église catholique, qu’il a expérimentée dans son enfance dans sa famille nombreuse d’ascendance irlandaise, le cardinal Tobin a expliqué que dans son diocèse de Newark, l’eucharistie est célébrée en 23 langues différentes.

Le Synode «le plus varié»

Le cardinal américain, qui avait déjà participé auparavant à six autres assemblées synodales – d’abord en tant que supérieur général des rédemptoristes, puis en tant qu’évêque – a remarqué que l’assemblée synodale actuelle est «la plus variée» à laquelle il ait participé. Il a donné l’exemple de son groupe anglophone, formé de personnes aux profils très divers: un pasteur pentecôtiste du Ghana, un théologien de Malaisie, un Singapourien, ou encore deux jeunes femmes d’Ukraine et de Russie.

Interrogé sur cette présence conjointe de deux personnes venant de pays en guerre, le cardinal Tobin a précisé que les conflits actuels qui font la Une, comme en Ukraine et en Israël, sont naturellement venus dans la conversation, mais que les guerres peu médiatisées, notamment en Afrique et en Asie, «font aussi partie de la réflexion» des participants au Synode.

Les traditionalistes «pas bannis»

Le processus synodal nécessite avant tout un «sérieux discernement» et ne se situe pas dans une logique «parlementaire», avec une majorité et une minorité, a précisé l’archevêque de Newark. Lors de précédents synodes, certaines décisions votées par la majorité des participants n’ont pas été retenues par le pontife, qui reste le décideur ultime. «Le pape François est remarquablement bien informé et prend très au sérieux l’unité de l’Église», a assuré le cardinal Tobin. Il a expliqué que le mode de décision remontant en dernière instance au pape peut se résumer par cette formule: «Je discerne, tu discernes, il décide».

Interrogé sur la situation des adeptes de la liturgie traditionnelle, qui suscite de vives tensions au sein du catholicisme américain, le cardinal Tobin a rejeté l’accusation selon laquelle ces personnes auraient été «bannies de l’Église». Les adeptes du rite tridentin «ont encore des opportunités», après les deux motus proprios qui les ont concernés, a-t-il expliqué.

«Pas d’agenda caché»

La religieuse colombienne Gloria Liliana Franco Echeverri, présidente de la Confédération Latino-Américaine des Religieux (CLAR), a expliqué que le Synode avait aussi pour objectif d’écouter «le cri des pauvres» et de regarder «le visage des pauvres», notamment les migrants et les personnes victimes de la traite. Elle a précisé que le Synode devait aider l’Église à prendre l’aspect d’une «table familiale» dans laquelle il y a «une place pour tous».

En relayant les témoignages de personnes victimes de la traite, les religieuses latino-américaines ont cherché à inscrire ce processus synodal dans les «réalités de notre monde», en faisant résonner le «cri concret des personnes». La religieuse a aussi assuré que le Synode n’avait «pas d’agenda caché».

Le président de la commission pour l’Information, Paolo Ruffini, a précisé que la réunion des groupes linguistiques, ce mardi matin 10 octobre, avait impliqué 346 participants. Les congrégations générales ont repris dans l’après-midi, en présence, cette fois-ci, du pape François. L’évêque de Rome était absent la veille en raison, entre autres, de la visite ad limina des évêques du Congo, a précisé Paolo Ruffini. (cath.ch/imedia/cv/rz)