Sydney, une attaque au couteau contre un évêque vire à l’émeute

La police australienne a qualifié d’«acte terroriste» l’agression au couteau durant une messe de l’évêque orthodoxe Mgr Mari Emmanuel, à Wakeley, dans une église du sud-ouest de Sydney, le 15 avril 2024.  Elle a dû intervenir pour sauver d’un «lynchage» public son agresseur, un jeune homme de 15 ans.

L’évêque de la communauté chrétienne assyrienne du Bon Pasteur a été poignardé à plusieurs reprises au visage et au cou alors qu’il prononçait son homélie, lors d’un service religieux filmé en direct. Trois autres fidèles ont été blessés mais ils sont tous hors danger. L’auteur de l’agression a été arrêté par la police et conduit dans un endroit sûre, l’attaque ayant provoqué la fureur de fidèles et de personnes venues de l’extérieur.

Le quartier est connu pour accueillir des membres de la petite communauté chrétienne assyrienne ayant fui les persécutions et la guerre en Irak et en Syrie. Né en Irak, l’évêque Emmanuel serait connu «pour prêcher le christianisme aux musulmans et aux juifs» d’après le journal américain catholique Crux.

Pendant trois heures, plus de 500 manifestants se sont affrontés à des policiers anti-émeutes voulant les empêcher d’entrer dans l’église et de lyncher l’adolescent. Un journaliste de l’AFP a vu des projectiles lancés, avant que les policiers, équipés de boucliers, ne repoussent la foule.

Lors d’une conférence de presse, la police de l’État de la Nouvelle-Galles du Sud a déclaré que cette attaque est considérée comme un acte d’«extrémisme» religieux et que même si le suspect ne figure dans aucun fichier antiterroriste, il est «connu de la police».

Appel au calme et à la paix religieuse

Le chef du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns, a lancé pour sa part un appel au calme, dans un communiqué conjoint avec les autorités chrétiennes et musulmanes. «Nous appelons tout un chacun à agir avec bonté et respect pour l’autre», ont-ils dit. «C’est le moment de montrer que nous sommes forts et unis.»

Mgr Antoine-Charbel Tarabay, chef de l’éparchie catholique maronite d’Australie, a aussi dénoncé «sans équivoque la violence sous toutes ses formes» et a exprimé sa profonde inquiétude face aux «incidents» qui ont eu lieu le 15 avril. «Nous appelons tout le monde à rester calme, à s’abstenir de recourir à la violence ou à des comportements de représailles, et à ne pas s’engager dans des ragots et des spéculations», a-t-il écrit dans un communiqué. «En tant que communauté, nous devons travailler ensemble pour désamorcer les tensions et je demande à chacun de tenir compte des appels de nos gouvernements et de la police de Nouvelle-Galles du Sud, de faire preuve de prudence et de suivre les instructions de la police», a ajouté l’évêque.

De son côté, rapporte encore Crux, Mgr Anthony Fisher, archevêque de Sydney, a déclaré que chaque personne en Australie – «qu’il s’agisse d’un évêque ou d’un prêtre, d’un rabbin ou d’un imam, d’un pasteur ou d’un fidèle», devrait pouvoir pratiquer son culte en toute sécurité, sans craindre de faire l’objet d’actes de violence pendant qu’elle se réunit pour prier.

«J’exhorte les fidèles à ne pas réagir à ces événements par la peur, en évitant les lieux de culte parce qu’ils craignent de nouvelles attaques, ni par la colère, en se livrant à des actes de représailles ou de vengeance. La meilleure réponse à la violence et à la peur est la prière et la paix», a ajouté l’archevêque.

Une autre attaque, deux jours avant

Deux jours auparavant, le 13 avril, une autre attaque au couteau, perpétrée cette fois par un homme de 40 ans atteint d’une maladie mentale, a eu lieu dans un centre commercial bondé de Sydney. Elle a fait six morts et plusieurs blessés. Aucun motif terroriste n’est avancé pour ce cas par la police. L’archevêque de Sydney, Anthony Fisher, a célébré dimanche une messe à l’intention des victimes dans la cathédrale Sainte-Marie. (cath.ch/ag/crux/lb)