Malaisie: Un mannequin condamné à la bastonnade pour avoir bu de la bière
Sursis durant le mois du ramadan
Kuala Lumpur, 24 août 2009 (Apic) Les autorités malaisiennes ont accordé un sursis à Kartika Sari Dewi Shukarno, une jeune femme de 32 ans, mannequin de profession, condamnée à la bastonnade. Elle avait enfreint la loi islamique interdisant la consommation d’alcool.
La décision des juges serait un acte de «miséricorde», car ils ne veulent pas infliger de sanctions durant le mois du ramadan, qui a débuté le week-end dernier.
Vivant depuis 15 ans à Singapour, la jeune femme avait été condamnée au mois de juillet à recevoir six coups de bâton et à une amende de 5’000 ringits (1’400 dollars), pour avoir bu de la bière dans une boîte de nuit d’un hôtel de l’Etat malaisien de Pahang. Elle est la première femme condamnée dans ce pays à des coups de bâton en vertu de la loi islamique.
Arrêtée lundi par des responsables religieux qui l’emmenaient dans une prison pour y subir son châtiment, elle a été relâchée presque aussitôt.
Un responsable des affaires religieuses du pays, Sahfri Abdul Aziz, a déclaré à l’Associated Press que si la peine était différée jusqu’à la fin du ramadan, la jeune femme devrait subir son châtiment à la fin du jeûne officiel de l’islam.
La femme veut l’application de la loi
La jeune femme, quant à elle, réclamait que la sanction soit exécutée en public, de manière à faire un exemple pouvant «exhorter les musulmans à ne pas boire d’alcool.» Le père de Kartika, Shukarno Mutalib, s’étonne de la clémence des juges, estimant qu’ils allaient contre la décision de sa fille. Celle-ci avait en effet renoncé à faire recours. De plus, il craint que cela ne soit une occasion de tourner la religion en ridicule.
Amnesty International était intervenu auprès du gouvernement malaisien pour lui demander de ne pas infliger les coups de bâton et d’abolir un châtiment que l’organisation qualifie de «cruel et dégradant».
Pays multiculturel, la Malaisie compte de fortes minorités chinoise et indienne; elle dispose d’un double système judiciaire et les tribunaux islamiques peuvent juger les musulmans et faire appliquer la charia. Avec 60 % de musulmans, le pays obéit à la loi islamique et interdit la consommation d’alcool aux fidèles de cette religion, même si l’alcool est largement présent. Les peines encourues par les contrevenants vont de l’amende à la prison en passant par les coups de bâton. (apic/an/js)