Suppression des émissions religieuses: l'onde de choc se propage
Lausanne, 20.11.2015 (cath.ch-apic) L’annonce de la suppression, le 17 novembre 2015, des magazines religieux des antennes de la RTS en 2017, a provoqué l’indignation dans les milieux religieux, les médias romands, et outre Jura, où les quotidiens Le Figaro et La Croix se font l’écho du «tollé suscité» par une telle décision.
En ligne de mire des réactions et de l’indignation des uns et des autres, la volonté, pour des raisons économiques, d’éradiquer une information religieuse au moment où l’actualité, brûlante, et le débat de société démontrent, plus que jamais, la nécessité d’explication du religieux, qui «permet de donner des clés de compréhension du monde religieux aux auditeurs», comme l’expliquait à Cath.ch, Dominique Voinçon, délégué au dialogue interreligieux de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud.
Du catéchisme au fait religieux
«Aujourd’hui, la RTS recule de 50 ans», analyse pour sa part, le 20 novembre, Dominique Hartmann dans le quotidien genevois Le Courrier. Décrivant une couverture de l’actualité religieuse, catholique et réformée, en constante évolution depuis les années 60, devenue plus interreligieuse et ancrée dans le débat socio-culturel et l’actualité, la journaliste résume bien «le décryptage qui a pris le pas sur l’adhésion». Une réflexion à laquelle l’ancien journaliste de la RTS, aujourd’hui à la télévision privée genevoise Léman Bleu, Pascal Décaillet, fait écho sur son blog du 19 novembre, en évoquant «une information passée du stade de catéchisme à celui de l’information sur le ‘fait religieux’». «Ce qu’elles ont perdu en vocation missionnaire et en parfum d’encens, elles l’ont infiniment compensé en curiosité, en ouverture, en pluralité, en rigueur d’information», décortique le journaliste.
Mission de service publique remise en cause
Les cérémonies religieuses, messes et cultes, sont maintenues à l’antenne, mais la RTS perd la plus-value apportée par une rédaction spécialisée dans l’information religieuse, «des professionnels, parties prenantes d’un réseau de compétences, meilleur garant d’objectivité», poursuit Dominique Hartmann. Une mission qui s’inscrit dans celle du service public qui consiste à refléter la Suisse dans sa diversité sociale et spirituelle. Et Pascal Décaillet de se demander si la RTS «entend encore assumer cette fameuse mission de service public, par lui-même rabâchée come blason». La mission de service public qui était l’argument majeur avancé par la RTS lorsqu’elle est partie au front, lors de la dernière votation de la redevance. Un argument que Pascal Crittin, Directeur du département Affaires générales de la RTS, avait largement exposé lors de la dernière assemblée générale de Cath-Info en juin dernier.
Dans les médias français
«Comment réagiraient les français si France 2 décidait de se passer de Jour du Seigneur?», se demande la rédaction du quotidien Le Figaro en ouverture de sa rubrique Scan Télé, publiée le 19 novembre, fait écho à la décision de la RTS et aux «nombreuses réactions qui ont suivi cette annonce». Le quotidien relaye «une décision unilatérale de la Radio-télévision suisse qui participe d’un anticléricalisme primaire», exprimée par Xavier Paillard, président du Conseil exécutif de la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande.
Le quotidien La Croix, rapportant «le tollé suscité» par la suppression des magazines religieux dans les médias romands, se pose, quant à lui, la question «d’une accélération de la laïcisation audiovisuelle», en citant les propos de Mgr Alain de Raemy, évêque en charge des médias au sein de la Conférence des évêques suisses (CES): «Il en va de la place que l’on donne à la dimension religieuse de l’homme en ces temps où la religion est si souvent et de si diverses manières d’actualité».
Faut pas croire, Hautes fréquences et A vue d’esprit, les trois magazines concernés, seront supprimés en 2017. La retransmission des cérémonies religieuses, messes et cultes, est maintenue. (apic/bh)