Suisse: le nombre d'étudiants en théologie reste stable
Alors que les sciences humaines et sociales attirent de moins en moins de jeunes dans les universités suisses, les facultés de théologie catholiques de Fribourg, Lucerne et Coire ne sont pas touchées par cette tendance.
Barbara Ludwig, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
Depuis l’année académique 2013/14, la proportion d’étudiants en histoire a diminué de 20% et de 34% en langues et littérature, ont indiqué des médias suisses fin février 2024. Les sciences politiques ont également perdu des plumes, avec un recul de 11%.
Mais qu’en est-il de la théologie catholique en Suisse? Il est bien connu que ces facultés ne sont pas vraiment prises d’assaut à l’ère de la sécularisation. Les chiffres concernant les étudiants rentrants, que kath.ch a reçus sur demande, le démontrent: en 2023, 17 personnes ont commencé des études de théologie à Fribourg et 114 à Lucerne. En 2022, elles étaient 19 à Fribourg et 84 à Lucerne. Dans ces universités, la théologie n’est donc pas touchée par une baisse aussi significative que celle des sciences humaines et sociales.
Des chiffres stables à Fribourg depuis 2013
A Fribourg, la théologie peut être étudiée en français et en allemand. Représentant 60% des étudiants, les francophones sont aujourd’hui nettement plus présents que leurs collègues de langue allemande, indique le doyen Joachim Negel.
En 2013/14, selon les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS), 316 personnes au total étudiaient la théologie à Fribourg. Elles étaient 293 en 2022/23. Il y a eu entre-temps des pics avec 338 étudiants en 2015/16 et 337 en 2018/19 . Ces personnes suivaient des études de bachelor, de master, de licence ou de doctorat (les filières spéciales, par exemple en sciences des religions, ne sont pas prises en compte ici). Cela montre que les chiffres globaux sont relativement stables, bien que restant à un faible niveau.
Un recul massif dans les années 1990
Si l’on parle d’un déclin à Fribourg, il faut regarder plus de 30 ans en arrière. Le nombre d’étudiants suivant une première formation théologique y a dégringolé à partir de 1991, comme le montre un graphique publié sur le site de l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI), qui s’appuie sur des données de l’OFS. En 1991/92, 437 personnes suivaient des études de théologie au niveau du bachelor, du master ou de la licence (sans les études doctorales). Ensuite, une baisse presque continue s’est amorcée, atteignant le creux de la vague avec 135 étudiants en 2011/2012. Par la suite, la faculté de Fribourg a cependant pu rattraper son retard.
Les études de doctorat n’ont pas été touchées par ce recul marqué. La tendance dans ce domaine est au contraire nettement à la hausse. Fribourg est fortement orientée vers la recherche, explique Joachim Negel à ce sujet.
Croissance à Lucerne
A Lucerne aussi, la situation est stable. Entre 2013/14 et 2018/19, la faculté de théologie a même enregistré une augmentation du nombre d’étudiants, y compris des personnes en études doctorales, passant de 197 à 267. Contrairement à la faculté bilingue et à forte orientation internationale de Fribourg, les doctorants y sont toutefois clairement minoritaires.
Jusqu’à présent, Lucerne n’a pas subi un recul aussi important du nombre d’étudiants. En 2017/18, 245 personnes y ont suivi une première formation théologique, alors qu’elles n’étaient que 163 en 1980/81. Malgré quelques périodes de baisse, la tendance est à l’augmentation de l’intérêt pour ces études dans la ville de Suisse centrale.
Fléchissement dû au Covid?
La petite faculté de théologie de Coire est une institution ecclésiastique. En 2013/14, 54 personnes y étudiaient la théologie, et les années suivantes, le nombre s’est maintenu à un niveau stable, entre 49 et 54. Une petite baisse se manifeste de façon frappante à partir de 2019/20, où le nombre retombe soudainement à 45, puis reste en dessous de la barre des 50.
Ce phénomène s’observe également dans les plus facultés plus importantes de Fribourg et de Lucerne. A Fribourg, le nombre d’étudiants passe de 337 en 2018/19 à 304 en 2019/20 et à 293 en 2022/23. La question de savoir si la pandémie de Covid-19 en est responsable reste ouverte. «Bien sûr, j’aurais beaucoup aimé avoir 100 ou 200 étudiants de plus, assure Joachim Negel, mais notre faculté est dans l’ensemble dans une stabilité réjouissante, et nous n’avons pas de baisses significatives.»
L’évolution de la faculté de théologie de Lugano, au Tessin, n’a pas été prise en compte. (cath.ch/kath/bal/rz)